A propos des législatives partielles, Demba Fané a expliqué que sa commune est à pied d’oeuvre pour le bon déroulement du scrutin du 26 mars. Il n’a pas manqué d’évoquer les difficultés liées à la tenue du vote. Les élections ne sont pas budgétisées au niveau de la mairie. Or les techniciens évaluent à 30 millions de Fcfa l’incidence de ce scrutin sur le budget communal.
Malgré ces petits problèmes, le maire Fané rassure les populations de la Commune V que la transparence reste de mise lors de la tenue de ces élections. “Ce n’est pas que l’URD qui est mon parti est en lice que je vais poser des actes contraires à la loi. Je ne gère pas l’organisation du vote en tant qu’URD mais en tant que maire qui a reçu mandat de l’ensemble des habitants de la Commune V. Les gens peuvent rester tranquilles, la transparence sera garantie”, a-t-il martelé.
Concernant le fameux dossier de Baco-Djicoroni ACI, Demba Fané a fait la genèse de l’affaire tout en mettant l’accent sur les difficultés rencontrées dans son exécution. Cette affaire qui a débuté en juin 2002 tire son origine de l’opération “Sauvons notre quartier” en 1996.
Dans le cadre du PDUD, le Mali avait bénéficié d’un grand financement de la Banque mondiale dont l’un des volets a consisté en l’aménagement de 5000 parcelles. Sur ce nombre, 1370 parcelles étaient mises à la disposition de la Commune V pour recaser les déguerpis de Baco Djicoroni ACI. Il fallait que la Banque mondiale approuve la liste des bénéficiaires.
Malheureusement cette procédure n’ayant pas été respectée, la Banque mondiale s’est fâchée et a rejeté la répartition proposée par la mairie de la commune de l’époque. Ce qui n’a pas empêché la mairie de continuer l’opération de distribution.
C’est ainsi qu’en décembre 2004, une grande réunion a eu lieu à la Primature. Présidée par le Premier ministre Ousmane Issoufi Maïga, elle avait regroupé les ministres concernés par le dossier. Cette réunion a décidé que les occupants illicites régularisent leur situation, en payant le prix ACI pour espérer garder les parcelles qu’ils détenaient sans titre de propriété encore moins d’autorisation de construire. Car ils avaient eu leurs parcelles suite à la spéculation à outrance ou parce qu’on leur en avait fait cadeau à cause des fonctions qu’ils occupaient.
Pour les déguerpis, proprement dit, un auditeur, après enquête, avait déposé un rapport concluant qu’environ mille parcelles n’étaient pas allées à ceux-ci.
Cependant dès son arrivée à la tête de la mairie, Demba Fané a voulu jouer la carte de la prudence en s’abstenant de se jeter sur le dossier. Une façon pour lui de préserver des soupçons de vouloir protéger l’équipe Adama Dieudonné Zallé. Ne dit-on pas que l’administration est une continuité ?
Malheureusement, Demba Fané dit avoir buté sur la détermination des plus hautes autorités à parvenir à l’application des conclusions de la réunion à la Primature. C’est à ce prix que la Banque Mondiale peut comprendre la partie malienne.
Ce qui permet aussi au gouvernement de restaurer l’autorité de l’Etat en acceptant d’appliquer les textes. Car sur les 200 personnes concernées, seulement 60 ont dû accepter de régulariser leur situation. Les autres doivent s’attendre à l’opération de démolition.
Elle a d’ailleurs commencé mercredi 22 février 2006. Elle a vu la participation de la mairie de la Commune V, les services de la voirie du District. Une trentaine de concessions illicites (15 soubassements et 15 élévations) ont été démolies.
De l’avis du mairie, l’opération est dissuasive afin de permettre à ceux qui ont construit et dont les concessions sont habitées d’aller régulariser leur situation. Ils ont intérêt de le faire puisque la prochaine fois leurs concessions seront démolies conformément à la loi.
Quoi qu’il en soit, la réticence de cette minorité qui confond l’occupation illicite avec un droit acquis est dans le collimateur des populations. Elles menacent d’aller casser ces concessions hors la loi si l’Etat ne prend pas ses responsabilités en appliquant la loi.
Le budget communal peut se réjouir puisque sur chaque parcelle régularisée, l’ACI doit reverser à la mairie 1,5 million de Fcfa sur le prix de chaque partielle.
Demba Fané a fait l’offre et l’émissaire de la Banque mondiale a accepté. Une première qu’une collectivité décentralisée introduise une demande de ce genre et que la Banque l’accepte. L’Etat, au lieu d’une perte de 3 milliards gagne 1,6 milliard de Fcfa dans cette opération.
Oumar SIDIBE
24 février 2006.