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Gestion chaotique, anarchie au gré des situations, le Mali prend l’habitude de se réveiller sous toutes les couleurs de passation du pouvoir dans la rue. Des commerçants voyous qui imposent leurs prix, des médecins tueurs qui bravent l’Etat, des juges farfelus qui confisquent leur indépendance, un Gouvernement indécis qui promet l’ordre pour céder au chantage. Alors qui fait bien son devoir au Mali ?

De l’emprisonnement fantaisiste de journalistes et d’un enseignant pour offense au Président de la République, une légèreté qui dépasse tout entendement dans le traitement d’un dossier si brûlant, à celui de médecins supposés tueurs, avec comme conséquences plusieurs autres pertes en vie humaine, comment gère-t-on les situations délicates au Mali ? C’est la question que l’on est en droit de se poser depuis quelques mois au Mali.

Tout part du manque d’attention voire de professionnalisme dans l’exercice de certaines fonctions. Et là où le bât blesse, c’est quand ceux en charge de rendre justice, de dire le droit, n’inspirent pas confiance et ne font rien pour démontrer que la Justice est ou soit au service des populations. Le juge d’aujourd’hui se renferme dans son mystère le plus absolu. Il suffit d’une plainte pour enfermer immédiatement, quand bien même certaines situations méritent que l’emprisonnement soit la dernière mesure à prendre.

En fait, face à des structures organisées, la tendance devrait être de s’en référer lorsque le délit ou le crime est lié à l’exercice de la fonction. Car les professionnels voient toujours mal comment un juge excellerait dans l’exercice de leur métier pour en déceler automatiquement les dérives. Mais nos juges sont habitués à arrêter d’abord, pour ensuite situer la culpabilité. Dans ce cas, dites-nous combien de juges et combien de ministres fautifs, Dieu seul sait qu’il y en a, ont été arrêtés de la sorte ? Y a-t-il des Maliens au-dessus de la loi ? Pourquoi le rapport du Vérificateur Général tarde-t-il à avoir des échos favorables auprès des juges ?

C’est cette situation de deux poids deux mesures, et la légèreté dans le traitement des dossiers, ajoutées au manque d’autorité de l’Etat, qui font révolter les citoyens chaque fois qu’ils sont organisés et qu’ils se sentent victimes de mépris même s’ils ont tort dans le fond. Oui, en la forme, si le dossier n’est pas recevable, la justice se passe d’examiner le fond.

Tant que cette justice ne balayera pas devant ses portes, tant que l’Etat ne prendra pas toutes ses responsabilités en matière de sécurité alimentaire, dans la lutte contre la délinquance financière et autres dossiers brûlants de l’heure, les démons de la violence règneront partout où leurs intérêts sordides seront menacés.

En attendant, les victimes de crimes patienteront, même si les uns s’appellent Att ou Aïda d’un côté, et les journalistes ou les médecins de l’autre. Dans tous les cas, c’est la justice qui a finalement failli là où elle n’était à l’origine d’aucune faute.

A bon entendeur salut !

Mamadou DABO

24 août 2007.