Décidément, la démocratie malienne se révèle tel un mythe. Tant vantée à l’extérieur, elle ne finit pas de nous asséner la preuve qu’elle n’est que l’ombre d’une véritable démocratie. L’affaire « maîtresse du Président de la République« , qui oppose depuis quelques semaines les journalistes aux autorités maliennes, vient de mettre à nu le véritable visage de notre démocratie. Ouvrons les yeux et admettons que nous n’avons, au Mali, une démocratie que de nom.
Au 21ème siècle, dans le pays qui regorge des vestiges de l’empire de Soundiata Keita qui a donné à l’humanité, en 1236, la première constitution à travers la charte de Kouroukanfouga, des autorités politiques et judiciaires, se sont donné la main pour jeter des journalistes dans leurs geôles.
Oui, dans le Mali démocratique dirigé par Amadou Toumani Touré, cinq journalistes, dont quatre directeurs de publication ont croupi en prison pendant 13 jours pour Seydina Oumar Diarra et 6 jours pour les 4 directeurs de publication.
Selon Reporters sans frontières, ils ont été jetés en prison pour avoir publié un article sur une dissertation évoquant les frasques burlesques d’un président imaginaire. Notre Mali n’avait pas besoin de se rabaisser au niveau d’une République bananière qui n’a pas encore fini d’évacuer ses crises majeures de croissance.
En l’espace de deux semaines, notre chère République vient de perdre tout le crédit que l’opinion internationale lui accordait. Elle est aujourd’hui devenue la risée des démocraties à travers le monde, à cause de l’amateurisme avec lequel cette affaire a été pilotée par nos autorités.
Certes, nous avons la petite manie de vouloir être premier en tout au Mali. Mais de grâce, nos autorités ne devaient en aucune manière accepter que le Mali se taille la palme d’or du déshonneur dans l’embastillement des journalistes.
Avec cinq journalistes dans nos prisons, nous sommes lamentablement devenu premier dans la négation de la liberté de presse. Or sans une liberté de presse reconnue et protégée par de véritables démocrates, on ne saurait parler de démocratie.
Ce qui se passe actuellement au Mali n’est rien d’autre que la négation de la liberté de presse. Du coup le débat est relancé sur la réalité de la démocratie malienne. Mais, avec cette affaire, plusieurs organisations internationales se sont fait une idée sur le vrai visage de notre démocratie.
De toutes les organisations, Reporters sans frontières est formelle. Dans une déclaration en date du 21 juin 2007, l’organisation internationale de défense des droits des journalistes a indiqué qu' »avec la dégradation de cette affaire, le Mali, salué comme une démocratie exemplaire en Afrique, prend le visage banal d’une République autoritaire, percluse de tabous et dangereuse pour ceux qui se montreraient irrévérencieux envers un chef de l’Etat intouchable. Nous sommes consternés par l’acharnement du procureur à envoyer des journalistes en prison, au mépris des standards démocratiques et de la présomption d’innocence. De plus, que le président Amadou Toumani Touré soit resté silencieux est incompréhensible« .
Ce n’est pas en embastillant Sambi Touré, directeur de publication d’Info-Matin, Birama Fall du Républicain, Alexis Kalambry des Echos, Mahamane Hamèye Cissé du Scorpion, le journaliste Seydina Oumar Diarra de Info-Matin et Bassirou Kassim Minta, professeur de lettres au lycée Nanaïssa Santara qu’on fera taire les journalistes maliens.
Nous avons une vision claire de notre mission que nous assumons comme un sacerdoce.
Assane Koné
29 juin 2007.
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