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La mutinerie d’une poignée de militaires au camp Soundiata à Kati mardi 18 août, soldée par l’arrestation du président de la République Ibrahim Boubacar Keïta et de plusieurs personnalités dont le Premier ministre Dr Boubou Cissé, le président de l’Assemblée nationale Moussa Timbiné, des hauts gradés de l’Armée et par la suite la démission d’IBK, la dissolution du gouvernement et de l’Assemblée nationale. Force est de constater qu’après l’annonce, beaucoup de maliens n’ont pas pu cacher leurs joies. C’est pourquoi nous avons dit que le malheur des uns fait le bonheur des autres.

En effet, le désormais ex président de la République Ibrahim Boubacar Keïta élu en 2013 puis en 2018 par une écrasante majorité de la population malienne qui a cru à son projet de société pour le développement du Mali et l’amélioration des conditions de vie des maliens. Mais hélas cette confiance n’a été que d’une courte durée et le divorce est survenu pour plusieurs raisons

On peut noter les promesses renouvelées non tenues dans plusieurs domaines notamment : la sécurité, la création d’emploi, l’éducation, la lutte contre la corruption. À celles-ci s’ajoutent les scandales financiers, la non amélioration des conditions de vie des maliens entre autres, d’où les grèves à répétition et les mouvements de contestation comme celui du M5-RFP.

Imaginez après l’annonce de la démission d’IBK, la joie des éléments du CNDRE, à sa tête général Amadou Aya Sanogo qui ont tout fait en 2013 pour l’élection du candidat IBK à la magistrature suprême, jusqu’à interdire à ses adversaires de battre campagne à Kati et environnant et par la suite se sont retrouvés en prison pendant plusieurs années.

Imaginez la joie de ces opérateurs économiques et commerçants qui ont financé la bonne partie des campagnes D’IBK en contrepartie des avantages pour la bonne marche de leurs activités mais par la suite n’ont rien bénéficier à part le regret et la déception.

Imaginez la joie de cette couche vulnérable de notre société (des veilles personnes, des malades) qui ont voté massivement pour IBK contre vents et marées avant d’être déçu de la gouvernance de ce dernier.

À côté de ces différentes couches socioprofessionnelles, nous avons les grands soutiens du candidat IBK à savoir les légitimités traditionnelles et surtout les leaders religieux qui ont transformé les lieux de culte (mosquées, jawiya, églises) en QG de campagne IBK non seulement pour le développement du Mali mais pour le respect des valeurs sociétales et religieuses. Mais quelques temps après ces soutiens ont été déçus par le régime dont certains sont devenus aujourd’hui des chefs de l’opposition, notamment le Chérif de Nioro et l’imam Mahamoud Dicko.

On peut également ajouter une personnalité qui serait parmi les heureux, à savoir l’ancien président de la République Amadou Toumani Touré dont IBK depuis la campagne jusqu’à la fin de son premier mandat n’a cessé de critiquer la gestion de ce dernier à la tête du pays malgré les réalisations faites par ce dernier.

En plus des hommes et femmes qui ont appris avec joie la démission d’IBK, il y a aussi ceux et celles qui se trouvent actuellement dans la joie totale après l’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale à l’occurrence les députés spoliés de la commune I, V, VI en passant par Kati , Bougouni, Kolondiéba jusqu’à Sikasso.

En attendant de voir le vrai visage de la junte, la victoire continue chez les personnes citées tandis que les pros régime sont dans la tristesse et la peur de manifester leur mécontentement.

Mamadou Nimaga
L’Enquêteur du 28 Août 2020