Partager

Sachant bien que le Malien Ahmed Sow a maille à partir avec l’Union européenne sur sa gestion en tant que directeur du Centre de développement de l’entreprise (CDE), ATT l’a nommé ministre et s’était battu corps et âme pour le maintenir. C’était sans compter avec la détermination de Louis Michel, commissaire au développement de l’UE (qui sera dans nos murs lundi) qui a demandé à ATT de choisir entre la coopération avec le Mali ou Ahmed Sow.

Dans un communiqué laconique, le gouvernement annonçait que « M. Ahmed Sow, ministre de l’Energie, des Mines et de l’Eau a remis ce jour, lundi 29 septembre 2008, sa démission au Premier ministre, chef du gouvernement. Cette démission a été acceptée. Le président de la République et le Premier ministre ont remercié M. Sow pour le travail accompli et formé le vœu qu’il continue à mettre son expérience au service du Mali ».

En fait, cette démission n’a pas surpris car ATT a voulu tenir un bras de fer avec l’Union européenne, juste pour faire jouer la montre, mais, la cause était entendue. L’Union européenne, du reste, avait interdit à ses structures, de parler au ministre Ahmed Sow.

Celui-ci, non plus, ne facilitait pas la tâche à ATT. Par ses sorties et prises de position, il semblait souvent narguer l’UE. En plus, il ne ratait aucune occasion pour leur taper dessus. Dans sa dernière intervention sur les antennes de l’ORTM, les confrères avaient été obligés (à la demande de ses conseillers), de censurer une bonne partie de son intervention.

L’Office européen de lutte anti-fraude (Olaf) a ouvert en décembre 2006 une enquête à l’encontre de plusieurs membres du Centre pour le développement de l’entreprise (CDE) dont son directeur sortant, le Malien Ahmed Sow, qu’il soupçonne d’avoir détourné plusieurs millions d’euros, « favorisé l’attribution de subventions par le Centre à des entreprises », pris des intérêts illégalement dans certaines entreprises. Information révélée, en son temps par la presse britannique.

Ahmed Sow saute sur deux mines

L’enquête de l’Olaf a été déclenchée après que la Commission européenne lui eut fait part de ses soupçons. Dans l’attente du résultat des investigations, à part les montants destinés au fonctionnement de base du Centre, la Commission a décidé de geler le budget du CDE.

Dans le cadre de cette affaire, l’Olaf qui a « ouvert un dossier d’enquête en décembre 2006, après avoir reçu des allégations de conflit d’intérêts, à charge du directeur du Centre pour le développement de l’entreprise (CDE), M. Ahmed Sow » et « afin de permettre à l’Olaf de vérifier si certaines allégations faites à charge de M. A. Sow sont fondées, des démarches devraient être effectuées au Mali, auprès de notaires en particulier, qui seraient dépositaires d’actes aux termes desquels M. A. Sow aurait acquis des participations commerciales ou aurait conclu des accords secrets avec un ou plusieurs citoyens maliens, aux mêmes fins », a demandé l’assistance du gouvernement malien.

Et le gouvernement du Mali a répondu favorablement à cette requête le 18 octobre 2007. Les résultats de cette enquête ne sont pas officiellement connus, mais ses « proches » ont abondamment communiqué là-dessus. La goutte d’eau qui a fait déborder le vase a été certainement le « Talent d’or » du 21 septembre, avec la suite que l’on connaît, au conseil des ministres qui a suivi.

Le ministre de l’Energie, des Mines et de l’Eau a, pour emprunter l’expression d’un confrère, « sauté sur deux mines ».


Alexis Kalambry

03 Octobre 2008