Partager

Au Mali, les campagnes nationales de reboisement se suivent et se ressemblent. Le rituel ne change rien dans la dégradation de notre écosystème. Les immenses forêts se transforment en désert sous nos regards impuissants. En témoignent les forêts classées de Koulouba, de Tienfala sur la route de Koulikoro, de la Faya sur la route de Ségou et de Faïra sur la route de Bla pour ne citer que celles-ci. Cette année encore, la ministre de l’Environnement, Kéïta Aïda M’Bo et plusieurs de ses collègues membres du gouvernement ont procédé au lancement de la campagne de reboisement le samedi dernier dans la forêt classée du Mont Mandingue. Une chose est de respecter le rituel, une autre est de veiller sur les arbres plantés. Malheureusement, c’est là où le bât blesse. Car, les agents chargés de surveiller les plants sont devenus aujourd’hui les principaux fossoyeurs.

O.B est un exploitant agricole dans la Commune rurale de Kobry dans le cercle de Kita. Il ressort du témoignage de ce brave cultivateur qu’il existe de grosses menaces sur l’avenir de nos maigres forêts. En tout cas dans la zone de Kita. Selon lui, des gros exploitants forestiers ont déménagé avec armes et bagages dans leur forêt avec la bénédiction des agents des Eaux et Forêts. Et ils leur délivrent les permis de coupe de bois sans se référer aux populations riveraines, quand bien même que certaines espèces d’arbressont menacées de disparition sous la pression de la coupe abusive des bois. Ces individus ne font aucune distinction entre les espèces d’arbres protégées et non protégées. Au point qu’aujourd’hui, les forêts autour de Kita, qui se prolongent sur le territoire guinéen sont menacées de disparition comme les forêts citées dessus.

L’histoire qu’il rapporte remonte à seulement quelques mois. Elle fait allusion à un individu bien outillé qui débarqua dans leur forêt avec sa grosse machine d’abattage d’arbres sans se référer aux autorités locales, notamment le Maire encore moins le Chef du village, ne serait-ce que pour leur dire bonjour. Aussi, s’est-il mis à couper des gros arbres de plusieurs décennies de vie. Informé par les villageois, le chef du village et ses conseillers se sont transportés sur le lieu pour interdire à l’indélicat bucheron de couper un autre arbre. Mais, adossé à plus fort que la notabilité du village, il sort son téléphone pour appeler le chef de poste forestier dont relève Kobry pour lui faire part de la décision du Conseil du village qui l’empêche de travailler.Furieux contre l’intervenant et ses collaborateurs, le forestier demanda à son interlocuteur de donner le téléphone à l’intrus. Lorsque celui-ci s’est saisi du téléphone pour écouter son appel, il lui intima de le laisser continuer son boulot au motif qu’il a un permis d’exploitation. Le vieux malinké n’avait d’autres alternatives que se retirer avec son conseil.
L’indélicat et ses collaborateurs ont continué à couper les bois surtout les plusgros et des espèces rares, notamment « le Guenou » sans se soucier de la moindre conséquence sur l’environnement.

Cette histoire n’est rien par rapport aux comportements indélicats de certains agents forestiers, qui sont devenus par cupidité, de véritables exploitants forestiers. Selon AK, une opératrice économique de la filière bois-charbon, les plus gros fournisseurs de leur marché sont des agents des Eaux et Forêts. N’est-ce pas un paradoxe qui donne de la migraine ? Il sied donc à la ministre de l’Environnement de sévir contre les agents de son propre département qui sont les principaux agents de la désertification du pays.

MAD
Tjikan du 25 Juilet 2017