L’embuscade tendue par le bandit Ibrahim Bahanga à un convoi militaire à Tinzhawaten, le lundi 27 août, n’a fait aucun blessé, aucun mort dans les deux camps. Cependant, de sources proches de l’Alliance du 23 mai pour le changement et la démocratie, ce get-apens a permis à Bahanga et à ses hommes de prendre 45 nouveaux otages. Sans compter les 15 militaires enlevés la veille à Tédjarett (cercle de Ménaka). Ce qui fait un total de 60 otages militaires entre les mains de Ibrahim Bahanga. Comment cela est-il arrivé? Les éléments des forces de sécurité concernés ont-ils refusé de se battre par couardise ?
En tout cas, le chef d’Etat major général des armées, le général Seydou Traoré, est interpellé face à ce rebondissement dans l’épineuse question du Nord. Après l’attaque du 23 mai 2006, c’est le même général Seydou Traoré qui avait fait le tour de toutes les garnisons du pays pour prêcher la paix et la quiétude quand bien même c’étaient deux bataillons qui avaient été attaqués à Kidal. On aimerait bien connaître son opinion face à la nouvelle donne.
Ce qui est sûr, c’est que Bahanga ne va pas s’arrêter en si bon chemin. Tant qu’il peut, il continuera de harceler et d’humilier les forces de sécurité du Mali qui ne semblent pas avoir une capacité de réaction. Il revient naturellement au général Seydou Traoré de prendre les dispositions idoines pour mettre hors état de nuire le désormais terroriste Bahanga. Mais on se demande bien comment il compte s’y prendre.
L’autre question que l’on est en droit de se poser est de savoir que veut Ibrahim Bahanga? Voudrait – il négocier son retour au bercail après tant de crimes ayant jalonné son parcours? Chercherait-il, à travers ces otages, à soutirer encore plus d’argent au gouvernement malien toujours prêt à sortir la valisette?
Réclamerait-il une «large autonomie» pour la région de Kidal ? Est-il seulement bien placé pour revendiquer quoi que ce soit au nom de l’Adrar des Iforas et des Touaregs de cette partie du Mali? On peut en douter dans la mesure où le petit berger de Tin – Essako qu’il est, devenu membre du Haut Conseil des Collectivités grâce à l’Adema, ne jouit d’aucune notoriété dans la région.
Réputé être un partenaire privilégié des milieux narcotrafiquants qui écument cette partie du territoire national, Bahanga est réfractaire à la discipline et à l’ordre établi. C’est pourquoi, il s’est démarqué de l’Accord d’Alger pour reprendre le maquis à des fins strictement personnelles.
Il est loin d’incarner la communauté Touareg de Kidal et ses agissements ne sauraient engager ces populations qui ne demandent qu’à vivre en paix dans un Mali uni et démocratique.D’où les multiples déclarations de Ahmada Ag Bibi, co-signataire de l’Accord d’Alger et porte-parole de l’Alliance du 23 mai pour le changement et la démocratie, pour se désolidariser de Ibrahim Bahanga et inviter les populations de Kidal à ne pas paniquer et à garder leur sang-froid.
Reste à savoir comment le ministère de la Défense et des Anciens Combattants compte «libérer tous les otages sains et saufs et récupérer le matériel emporté».Comme indiqué dans le communiqué diffusé lundi dernier.
A suivre…
Chahana Takiou
29 août 2007.