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Le Programme africain relatif aux stocks de pesticides obsolètes (PASP- Mali) a organisé, le jeudi dernier, une visite de terrain à l’intention de la presse malienne sur la décharge de Noumoubougou, sous la conduite du coordinateur du programme, Demba Sidibé. A l’occasion, les populations de la localité ont manifesté leur ras le bol par rapport à la présence de ce dépôt de déchets toxiques qui leur fait courir un danger.

La décharge de Noumoubougou est située à 35km de Bamako, dans la commune rurale de Tienfala, sur la route de Koulikoro. Le site isolé sur une élévation, à des centaines de mètres du village, occupe une superficie de 51ha, avec une clôture de 30ha, plus une extension de 21ha dont l’accès est strictement interdit. La décharge est utilisée par le PASP-Mali, depuis le 15 juillet 2008, comme site d’entreposage des stocks de pesticides et de déchets apparentés issus des travaux de décontamination dans les zones de Molodo.

Cheick Hamalah Sylla, chargé des opérations du PASP-Mali sur le site explique que l’acheminement des déchets de Molodo sur le site de Noumoubougou, ne signifie pas qu’ils ont causé des impacts négatifs sur la santé des populations de Molodo, mais seulement, ils présentaient beaucoup plus de risques étant exposés en plein air ou enfouis dans les sols. C’est donc pour des raisons de sécurisation que le site de Noumoubougou a été choisi, en tant que site de transit, car les déchets sont ensuite acheminés en Europe pour leur incinération en 2009. « Nous nous donnons l’obligation de les gérer en attendant 2009. Les déchets ont été emballés avant de les placer dans les containers selon les règles de l’art », a révélé Sylla.

Les populations de Noumoubougou sont sorties massivement pour exprimer leur colère pour le choix de leur localité. On pouvait lire sur des affiches brandies par des enfants: « Tienfala se rappelle du drame de Trafuguera (R.C.I.) » ; « 51 ha = 200 paysans expropriés » ou encore « Non à la décharge qui tue. Oui aux logements sociaux ».

Vivant dans la crainte, les populations ont profité de la présence des journalistes, pour manifester leur désaccord et leur inquiétude par rapport à l’exploitation du site, notamment la présence à leurs portes des trois containers de déchets toxiques. Samérou Diallo, habitant de la localité, ne cache pas son inquiétude : « tous les puits seront condamnés. Aussi, on nous interdit de nous approcher de la décharge de 200mètres. Qu’est ce qui nous restera comme champs de culture ? ».

Au cours du déjeuner de presse, organisé à l’hôtel Laïco Al Farouk, après la visite de terrain, le représentant de la direction nationale de contrôle des pollutions et des nuisances, Sidi Kéïta, a rappelé que le choix du site de Noumoubougou découle d’une étude commanditée par le District de Bamako, qui était en manque de points de dépôts des ordures ménagers et domestiques. C’est ainsi que « le site de Noumoubougou a été répertorié et la parcelle n’était utilisée pour aucune activité agro-pastorale ».

Le coordinateur du PASP-Mali, Demba Sidibé, en a profité pour rappeler les circonstances, qui ont donné naissance à l’idée du programme : «Au Mali, environ 800 tonnes de pesticides et de déchets apparentés se sont accumulés au cours des 30 dernières années et sont disposés sur plus de 250 sites à travers le pays ».

C’est pourquoi, il a été assigné à sa structure d’œuvrer pour la décontamination des sites présentant de grands risques, de contribuer à la recherche et à la promotion de méthodes alternatives à la lutte chimique classique pour conserver des sols, des eaux, afin de préserver la biodiversité. De la protestation des populations de Noumoubougou et de Tienfala, il rassure que les conditionnements des trois containers répondent aux normes internationales.


SOUMAÏLA CAMARA

15 Septembre 2008