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James Brown aurait dû chanter en France au mois de juin prochain mais il vient de laisser ses fans orphelins. « Le parrain de la soul« , comme il aimait se présenter, est mort dans la nuit de dimanche à lundi dans un hôpital d’Atlanta, en Georgie. George W.Bush est attristé par la mort de James Brown. Le président américain a salué la mémoire du « parrain de la soul music ». « Durant un demi-siècle, le talent novateur de James Brown a enrichi notre culture et influencé des générations de musiciens« , a-t-il souligné.

Showman saisissant et théâtral, ancien boxeur dont l’un des surnoms était « Mr Dynamite », Brown a popularisé la soul et le funk dans les années 1960 et 1970 avec des titres comme « Papa’s got a brand new bag », « I feel good » ou « Sex machine ». Ses rythmes ultra-syncopés, son style vocal jonglant avec le cri et l’extase ont fait des émules dans sa génération avant de conquérir celle du rap et du hip-hop, dont les représentants ont souvent « samplé » ses enregistrements pour les besoins des leurs. Ce gagneur né, qui connut dans son enfance une extrême pauvreté et fut emprisonné pour délinquance juvénile, a été l’un des plus gros vendeurs de disques du rhythm and blues noir puis une vedette internationale échappant aux catégories.

Sa voix formée à l’école du gospel, encadrée par les « riffs » des instruments à vent et une section rythmique opérant comme un seul homme, a propagé le son et l’intensité caractéristiques du style funk auprès des publics noirs et blancs. Ses célèbres passages à l’Apollo Theatre de Harlem ont donné lieu à certains de ses meilleurs enregistrements publics. Dans l’agitation des années soixante, son hit « Say it loud (I’m black and proud) » était devenu un hymne de la lutte des Noirs pour les droits civiques. Il l’avait interprété lors de l’investiture du président Richard Nixon en 1969 – ce qui lui avait momentanément aliéné une partie de son jeune public noir. Soucieux d’apaiser le climat après l’assassinat du pasteur Martin Luther King en 1968, Brown s’était rendu dans une radio de Boston et avait chanté toute la nuit pour limiter les émeutes.

Maître du jeu de scène, il changeait de costume une dizaine de fois par spectacle, se déplaçait latéralement sur une jambe, faisait mine de partir puis rejetait la cape qu’on lui avait posée sur le dos pour relancer le spectacle ou la mise en scène de sa sortie. Il se voulait « le plus grand travailleur du show business ». James Brown a placé 119 titres dans les classements spécialisés de la revue professionnelle Billboard entre 1956 et 1998 et a gravé plus de 50 albums. Brown avait aussi, en tant qu’homme d’affaires, bâti un « empire » comprenant un ensemble de stations de radio et une société de production. Il possédait une flotte de voitures et un avion personnel.

Passé du gospel au rhythm and blues dans les années 1950, il connaît ses premiers succès avec son groupe, The Famous Flames, et la chanson « Please, Please, Please » (1956). Son charisme et sa voix lui valent de s’imposer rapidement en solo. « Papa’s got a brand new bag » et « I got you (I feel good) » sont des succès dès leur sortie au milieu des années 1960, de même que « It’s a man’s man’s man’s world ». Tous les disques qu’il a produits entre 1960 et 1977 ont figuré d’emblée en haut des classements. Dans la seconde moitié des années 1970, sa carrière est éclipsée, comme celles d’autres grands noms de la soul, par l’avènement du disco, mais il saura rebondir. Il apparaîtra même à l’écran dans « The Blues Brothers » (en prédicateur frénétique). En 1985, il interprète la bande originale de « Rocky IV » avec un tube planétaire (« Living in America »). Mais le « Godfather of Soul » se fait surtout remarquer dans les années 1980 par une série de condamnations. En 1988, celui qui avait entamé sa carrière entre la liberté des rues et la prison est de nouveau incarcéré pour excès de vitesse, possession illégale d’armes et de drogue. Condamné à six ans de réclusion, il voit sa peine commuée et sort en 1991.

source : Diaspora Kabyle

26 dec 2006