Le parti de l’abeille a animé une conférence de cadres portant sur l’enseignement supérieur au Mali, le samedi 19 février, dans la salle des banquets du Palais de Congrès. En présence des dirigeants du parti et des responsables locaux des sections de Bamako et de Kati. Après quatre heures de débats intenses, suite au brillant exposé du Pr Issiaka Bagayogo, une esquisse de solution de sortie de crise a été retenue. Il s’agit d’abord de la réforme du Bac et des filières parallèles d’accès à l’Université. Cela passe, selon le Professeur Bagayogo, par la réforme du DEF et la création d’une cité scientifique.
Le conférencier a ensuite suggéré la création d’un lycée public de référence avec à la clé un régime d’internat, dans lequel le latin et le grec y seront dispensés. De plus, l’effectif serait de 70% pour les scientifiques et 30% pour les littéraires. La création d’une grande école des NTIC et la recréation de l’ENA ont également été proposées.
Concernant l’Université, l’anthropologue Bagayogo estime que le Mali doit aller vers la création d’une université prospective. Cela porte sur la filière courte (bac + 2- 3 ans) au sein d’institutions techniques dans les quelles 50 à 70% des nouveaux bacheliers doivent s’inscrire dans les domaines suivants : mines, industries, élevage, agro – industrie, peaux et cuirs, pêche, pisciculture.
S’y ajoutent la localisation des institutions de filières courtes en rapport avec les ressources naturelles, le renforcement des Facultés avec 1/3 des nouveaux bacheliers sur les filières longues. Ce n’est pas tout. Les œuvres universitaires doivent être créées et gérées par une structure administrative. Quant au personnel enseignant, un programme de formation de nouveaux enseignants du supérieur doit être élaboré, de même que la formation post -universitaire.
La création d’un fonds national de la recherche et celle d’un haut conseil à la recherche scientifique, rattaché à la présidence, l’articulation indispensable entre enseignants et chercheurs sont, entre autres, des propositions faites par le Pr Bagayogo.
Des interventions, l’on retient les propos de l’ancien ministre de l’Education, Moustapha Dicko qui a déclaré, haut et fort, que l’enseignement supérieur est réservé aux meilleurs et doit être sélectif. Aussi, eu égard au coût excessif de l’enseignement supérieur, il a laissé entendre qu’il est grand temps d’envisager cet ordre d’enseignement dans un cadre régional. Il sera soutenu par l’ancien ministre de l’Administration territoriale et des Collectivités locales, Ousmane Sy.
L’ancien directeur de l’ENSUP, Boukadary Sékou Traoré a, quant à lui, situé le problème de l’enseignement supérieur au niveau de la gestion des flux, le fait qu’aucune politique ne soit envisagée jusqu’à présent pour absorber l’effectif croissant des étudiants. Pour sa part, l’ancien directeur de l’ENI et non moins ex – vice recteur, Sininta a soutenu que « tant qu’il n’y a pas une autonomie au niveau de l’Université, celle ci ne sera pas une véritable Université ». La centralisation des services publics et l’incivisme sont autant de handicaps selon Sininta au bon fonctionnement de l’enseignement supérieur.
Abdramane Sotbar, Pr d’enseignement supérieur en retraite, a de son côté fustigé la dépravation des mœurs à l’école. « Tout s’achète à l’école. Le bac se vend, les notes s’achètent, le niveau est bas, il est donc nécessaire de reformer le bac et de régionaliser l’enseignement supérieur » a-t-il- préconisé.
Chahana TAKIOU – 21 février 2005