Depuis janvier dernier, le PARENA, fidèle à sa tradition de parti citoyen, a initié une série de conférences dans les principales zones à vocation agricole, relative au projet de loi d’orientation agricole adopté par le gouvernement et déposé sur la table de l’Assemblée nationale. De Macina à Niono en passant par Dioila, Kati, Kita, Bamako, le monde rural est sorti en grand nombre pour participer aux discussions tout en apportant sa contribution.
Partout, au delà des principaux concernés, les politiques ont également répondu à l’invitation du parti du bélier blanc. Tel n’a pas été le cas à Sikasso, capitale du Kenédougou le samedi 11 mars dernier où le PARENA, en collaboration avec l’ADEMA, pour la première fois, a organisé la même conférence.
C’était dans la salle de conférence de la maison du peuple, en présence des militants et responsables des deux partis peu mobilisés ce jour-là.
Le lieu était à moitié vide. Les paysans, éleveurs, pêcheurs et chasseurs étaient absents de la salle alors que le débat leur était destiné afin qu’ils prennent connaissance du document, le critiquer et l’amender si possible.
Conduite par le secrétaire général du PARENA, Me Hamidou Diabaté et le Trésorier général de l’ADEMA, Adama Diarra, la délégation des deux partis a néanmoins été accueillie avec respect par les responsables locaux. C’est aux environs de 10 heures qu’ils ont pris place au présidium devant un public peu enthousiaste.
Modérateur pour la circonstance, l’ancien ministre de la justice, l’un des meilleurs que le Mali n’ait jamais eu, a introduit le débat en ces termes : « c’est la première fois que notre pays sera doté d’une loi d’orientation agricole, initiée par le président de la République Amadou Toumani Touré. Compte tenu de l’importance de la question, le PARENA a salué cette initiative et s’est engagé à la soutenir. C’est pourquoi, depuis janvier, notre parti multiplie les conférences pour informer le monde rural, le sensibiliser afin de prendre en compte ses desiderata. A Sikasso, l’ADEMA et le PARENA ont décidé d’organiser ensemble cette conférence pour le même but ».
Adama Diarra de l’ADEMA dira la même chose. Ensuite, Me Diabaté a donné la parole au conférencier, Mady Cissoko. Celui – ci a rappelé la genèse de la loi d’orientation agricole avant de déclarer que « c’est un instrument politique et législatif qui devra impulser, orienter et réglementer toutes les actions à venir, au service de la croissance économique et de la lutte contre la pauvreté dans notre pays ».
La loi d’orientation agricole prend en compte, selon Cissoko, toutes les dimensions économiques, sociales, culturelles et environnementales du secteur rural et intègre tous les éléments de la politique de décentralisation.
Cette loi, à en croire, le conférencier traduit la vision du président de la République et détermine la politique de développement agricole du Mali pour les 20 années à venir.
«Elle doit traduire de façon contraignante pour tous, la volonté commune des partenaires du secteur agricole ( Etat, Collectivités territoriales, Producteurs, Société civile, Partenaires au développement ) de faire de l’agriculture le moteur de l’économie nationale en passant d’une agriculture de subsistance à une agriculture intensive, diversifiée et sécurisée, capable de satisfaire les besoins croissants du pays, et tournée vers la conquête des marchés sous- régionaux et internationaux» a expliqué Mady Sissoko.
Au cours des débats, nombreuses sont les femmes qui ont pris la parole notamment, Mme Coulibaly Fanta Traoré, la candidate malheureuse à la législative partielle de Sikasso. Elle a fait une brillante intervention en plaidant pour un soutien très accru à l’endroit des paysans afin qu’ils puissent vendre leurs produits à un prix acceptable.
Elle trouve que c’est inadmissible qu’une femme qui abandonne son foyer pour cultiver la patate arrive difficilement à l’écouler sur le marché à 15 FCFA le panier. De même, elle a laissé entendre que les paysans achètent les engrais à un prix très cher et que cela doit être revu.
Elle a également fait un vibrant plaidoyer pour la retenue d’eau et la construction d’une école agricole à Sikasso. Abdoul Kader Touré, un exploitant agricole a laissé entendre que le document est bon, et crée les meilleures conditions de travail. Il s’agit, selon lui, de mettre l’accent sur le suivi.
D’autres intervenants ont salué l’initiative du président de la République et ont exhorté les députés à jouer leur rôle de contrôle de l’action gouvernementale. Ce que les deux députés présents, Konimba Dembelé et le jeune Housseini Guindo ont juré la main sur le cœur, d’accomplir.
Chahana TAKIOU
13 mars 2006.