Depuis quelques temps, une opération de terrain est en cours. Elle est conduite par l’inspecteur principal Papa Mambi Keïta. Cette opération coup de poing est supervisée par le contrôleur général Sissoko, commissaire du 3è arrondissement. Les policiers lancés aux trousses des consommateurs et des dealers de la Commune II multiplient les succès. La population des toxicomanes est aux abois. Une frange importante des camés a préféré tout simplement quitter la zone pour se réfugier sous des cieux moins répressifs.
MAUVAISE FRÉQUENTATION
L’histoire d’aujourd’hui s’est déroulée vendredi dernier à Médina-coura dans une famille qui abrite un bar depuis une quarantaine années. Le débit dénommé « bar Soloni Tondjan » (du nom d’un délinquant qui avait défrayé la chronique à l’époque) est actuellement la propriété d’un certain Grégoire Traoré. Et naturellement la réputation de cette concession est des plus sinistres en Commune II. Ce jour là donc, les clients de « Soloni Tondjan » étaient en fête. Ils jubilaient, chantaient et dansaient en criant. Le vin rouge coulait à flot.
Les ivrognes avaient créé un tohu-bohu indescriptible. Les uns savouraient leurs boissons alcoolisées, les autres regardaient la télé en aspirant la fumée du chanvre indien roulé en cigarettes. A une fréquence élevée, ces fêtards sortaient en titubant du bar pour uriner sur la chaussée sans tenir compte de la présence des piétons, des motocyclistes, des voitures. La fumée de l’herbe euphorisante, la vapeur des alcools, la puanteur de la terre « salée » par les urines déversées pendant plusieurs années donnent l’impression aux passants de traverser un enclos de chamelles en chaleur.
Le monde passe sans réagir autrement qu’en ce bouchant le nez et en pressant le pas. Personne n’ose protester contre ce vacarme continu. Les familles voisines sont dérangées. Une personne qui a préféré ne pas donner son identité informe quand même le 3è arrondissement de la police des désagréments causés au voisinage et aux passants, par les clients du boui-boui.
A PLAT VENTRE
Une équipe dirigée par l’inspecteur principal Papa Mambi Keïta investit les lieux. Les policiers bouclent le périmètre pour couper la retraite à tous ceux qui tenteraient de s’échapper du bar et ordonnent à tous les clients de se mettre à plat ventre. Les dealers, surpris en flagrant délit de détention et de consommation de drogue, se mirent à crier et à demander la clémence du policier en chef. Les agents ne manifestèrent aucune pitié superflue envers ces « clients » endurcis. Ils arrêtèrent, la main dans le sac, douze consommateurs et détenteurs de stupéfiants. Leur fouille corporelle donna des résultats pour le moins stupéfiants.
Certains clients de « Soloni Tondjan » avaient, en effet, dans leurs poches des boules de chanvre indien et de la cocaïne. Après cette fouille préliminaire, les policiers s’intéressèrent aux chambres occupées par certains consommateurs. Ils ne furent pas déçus. Ils mirent à jour, dans les trois chambres de passe, un revolver 7 coups avec trois balles dans le chargeur. Ils saisirent 5 kg de chanvre indien, 77 g de cocaïne. Ils découvrirent 2 postes téléviseurs volés, une minichaîne, deux assiettes et des cuillères. Ces couverts servaient à « couper » la cocaïne.
Les hommes de Keïta ont aussi découvert 4 moutons de provenance douteuse. Ils ont eu la surprise de dénicher six lingots de métal jaune, probablement du faux or. A l’interrogatoire, les 12 malandrins ont reconnu être des revendeurs de drogues. Ils ont avoué fréquenter d’autres endroits pour écouler la marchandise ou pour s’approvisionner.
Une personne alertée par le remue-ménage de l’opération policière a félicité l’inspecteur principal pour avoir réussi ce coup de filet plutôt osé.
Ce chef de famille a exprimé son soulagement de voir la bande de mauvais garçons mise hors d’état de nuire. Il a assuré à Papa Mambi Keïta qu’il venait, même si c’était momentané, d’ôter une grosse épine du pied des habitants du quartier. Ceux-ci ne dormaient plus que d’un œil, à cause du tapage mais surtout par crainte de se faire agresser par les caïds.
Les 12 dealers dorment aujourd’hui à la prison centrale de Bamako. Sans faire de tapage.
D. I. DIAWARA pour l’Essor du 27 fev 07.