Le prêche ou la prêche ? Un de ces brillants internautes va sans doute féminiser le mot mais en attendant, je le garde, moi au masculin. Parce que c’est ce que j’ai vu dans le Larousse que j’utilise mais je reconnais que ce machin est un peu vieux maintenant. Mais aussi parce que ça sert les besoins de ma cause. La cause c’est quoi ? C’est le…prêche. Voilà avec le sacerdoce du muezzin un très noble travail, que personne ne peut rétribuer. Dieu aime le bon prêcheur comme il aime le muezzin. Mais ne nous mentons pas.
Ces grossiers personnages qui sillonnent les maisons mortuaires pour venir cracher leur venin et leur aigreur sur la foule venue accompagner le défunt ou la défunte à sa dernière demeure ne sont pas des prêcheurs dignes de ce nom. On en entend de toutes les sortes. Ceux qui viennent pour vous faire rire.
Ceux qui viennent pour exiger que celui qui n’a jamais commis d’adultère lève le doigt. Ceux qui viennent, alors que nos cœurs sont éplorés et nos yeux embués faire trente minutes d’imprécations contre les homosexuels et les lesbiennes.
Ceux qui viennent pour demander aux jeunes chômeurs de donner leur avis sur la provenance des 4×4 rutilantes dont les propriétaires sont là « parmi vous, repus de vos biens, mais attendant demain chez Dieu de recracher le trésor volé ».
Ceux qui viennent pour vous convaincre que la mort existe et qui demandent triomphalement « Où se trouve celui que nous pleurons à l’instant ? Qui pouvait s’imaginer, en le voyant dans son impeccable bazin turquoise hier qu’il ne reviendrait plus vivant parmi les siens, à cause d’un accident de la route? »
Non, franchement, je ne suis pas en train de me mêler de ce qui ne me regarde pas, mais il faut discipliner le prêche et il faut rassurer les adeptes. Ces mauvais prêcheurs essaient de prendre la mort comme la sanction des pêchés, de nous effrayer, alors que le vrai musulman doit vivre dans la familiarité et l’acceptation de cette fatalité. Trop c’est trop. Et il faut le dire.
Adam Thiam
23 Mars 2010.