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Le Mali et la Guinée sont liés par l’histoire et par une frontière commune. Les deux populations ont beaucoup de choses en commun et des relations familiales; Comme a eu à le dire feu Ahmed Sékou Touré, l’ancien président de la Guinée : c’est deux poumons d’un même corps.

Les relations commerciales sont beaucoup plus développées entre les deux Etats. Et mieux, les autorités guinéennes ont mis à la disposition du Mali un grand espace(entrepôt) au bord de la mer qui a déjà été aménagé. D’énormes quantités de marchandises de nos opérateurs transitent par le port de Conakry. Ce qui explique la présence des Maliens en République de Guinée et réciproquement.

A Bamako, les quartiers de Djicoroni et de Sébénicoro sont peuplés de ressortissants guinéens qui travaillent dignement pour gagner leur vie. Ce qui est inquiétant ces derniers temps, c’est l’arrivée massive des jeunes filles et de femmes guinéennes dont la seule activité est le plus vieux metier du monde. Cette forme de migration a commencé à se développer depuis quelques mois.

Sébénicoro, l’un des quartiers périphériques de Bamako abrite de nos jours des centaines de prostituées guinéennes. Un autre quartier de Bamako, Djicoroni-Para connaît le même phénomène.

A travers les rues de ces quartiers, on les rencontre un peu partout. Elles habitent dans des concessions louées. Ainsi, on peut les retrouver 5 à 10 par chambre. Et ainsi la nuit, elles se dirigent vers les bars où elles rencontrent des clients.

COMMENT LA SITUATION A-T-ELLE PRIS DE L’AMPLEUR ?

Selon les informations que nous avons recoupé çà et là, c’est la proximité entre les deux capitales: Conakry, la capitale guinéenne étant située à quelques centaines de kilomètres de Bamako, la capitale du Mali qui serait à l’origine de ce phénomène. L’une des filles justifie le choix de Bamako par la stabilité sociale et sa sécurité.

« A Bamako, on ne nous agresse pas. L’argent qu’on arrive à gagner nous apporte quelque chose« , nous a affirmé une d’entre elle. La stabilité politique et sociale est une réalité dans notre pays. Ce qui attire aussi les prostituées. « Non je n’irai pas en Côte d’Ivoire, ni au Libéria, ni en Sierra Leone, pays limitrophes de la Guinée, parce que je crains pour ma sécurité« , a précisé notre interlocutrice du nom de Oumou.

Aussi, certaines d’elles estiment que le Mali et la Guinée constituent une même nation. Elles font référence aux langues parlées (malinké, peulh…). « Nous ne sommes pas dépaysées et souvent nous rendons visite à des parents qui sont installés ici depuis longtemps« , a ajouté Nakany, une une autre prostituée.

LA PARITE ENTRE LE CFA ET LE FRANC GUINEEN Y EST-ELLE POUR QUELQUE CHOSE ?

Si dans le temps 5000 FCFA équivalait à 22.000 F guinéen, de nos jours le même montant convertit donne environ 36.000 F guinéen.

Selon nos informations, ce facteur y est pour beaucoup dans le flux massif des guinéennes à Bamako. Vu la conjoncture économique qui sévit un peu partout dans le monde, particulièrement dans les pays en voie de développement, tous les moyens sont bons pour gagner.

Dans le temps, ce sont les filles ghanéennes qui se livraient à la prostitution dans les bars et cabarets de Bamako. Actuellement, on les rencontre très rarement. Ce sont des maliennes et maintenant les guinéennes qu’on trouve en majorité dans les bars les plus fréquentées de Sébénicoro et de Djicoroni-Para. Il est évident que ces filles ne se prostituent pas pour le simple plaisir, elles le font par nécéssité peut-être ayant en tête la parité entre le CFA et le franc guinéen.
Ces jeunes filles ne reculent devant rien. Elles sont à la recherche du gain et elles y trouvent leur compte.

« Souvent par nuit, je peux me retrouver avec 25.000 FCFA les week-end« , a martelé l’une d’elles du nom de Jolie. Ce montant, converti en francs guinéens représente une somme colossale. Faisant de bonnes affaires à Bamako, elles informent leurs soeurs et camarades et celles-ci à leur tour plient bagage pour regagner « l’eldorado » (Bamako). C’est ce qui explique le nombre trop élevé de jeunes filles guinéennes dans notre capitale.

Selon nos mêmes informations, toutes ces prostituées ne sont pas des jeunes filles. Certaines sont mariées, et se cachent pour venir à Bamako ou soi-disant qu’elles viennent rendre visite à un parent. K.S que nous avons rencontrée a affirmé que dans les jours ordinaires, elle peut gagner 8.000 à 10.000 FCFA mais durant les week-end, elle peut aller au-delà de 15.000 F. « Ce qui n’est pas négligeable dans mon pays. Avec ces montants, on peut entreprendre des projets, rentrées au pays« , a-t-elle ajouté.

Décidément, le Mali est convoité par ces jeunes filles de la même manière que les jeunes maliens rêvent d’aller en Espagne, en France, ou aux USA.

Mamadi TOUNKARA

31 janvier 2006.