Hamidou Diarra dit «Dragon» à la Radio Klédu enlevé et molesté hier par quatre inconnus
Animateur-vedette à la Radio Klédu bien connu du grand public pour son style corrosif et teigneux, Hamidou Diarra dit «Dragon» a été enlevé hier aux environs de 11 h 30 par quatre colosses qui l’ont amené sur la route de Kati pour le passer à tabac.
«Dragon» a été admis le même jour à l’hôpital Gabriel Touré pour ses blessures. Ses jours ne seraient pas en danger.
C’était à 11h 30 mn TU après son émission « Kafo foli » que Amidou Diarra animateur chevronné, doué, admiré de la population de part son franc-parler fut enlevé sur le chemin de retour à la maison, derrière le pont de la Cité du Niger.
Selon les témoins, notre confère aurait été arrêté devant le pressing situé non loin du pont. C’est en ce moment qu’une Nissan ancien modèle s’arrêta avec son à bord quatre loubards. Ils enlevèrent de force Dragon et disparurent avec lui dans la nature.
C’est après que le personnel du pressing courut pour informer la Direction de la Radio Klédu qui, à son tour, alerta les forces de l’ordre.
C’est ainsi que le Commissaire du 3ème Arrondissement mit un inspecteur sur le coup qui passera un coup de fil sur le cellulaire de Dragon.
Heureusement que notre confrère n’avait pas perdu son portable. Il répondit à l’appel et en profita pour donner sa position.
Ce qui permettra aux policiers d’aller le chercher sur la route de Kati, au niveau du Centre Emetteur de l’ORTM où ses ravisseurs l’avait conduit, avant de l’amener, de toute urgence, à l’hôpital Gabriel Touré.
A la Radio Klédu, les confrères de Dragon qui ont pu le voir et parler avec lui nous ont décrit son état de santé et la façon dont ses ravisseurs se sont comportés avec lui.
Il ressort de leurs commentaires que Dragon a été frappé et sur les doigts, et sur les orteils ainsi que sur la poitrine avant d’être marqué avec des tessons de bouteille.
A en croire nos confrères de Radio Klédu, sa vie ne serait pas en danger.
Au cours de son émission de ce mardi 5 juillet, «Dragon» brodait sur les épouses des chefs d’Etat du Mali, de Modibo Kéïta à Amadou Toumani Touré (ATT).
Il n’aurait pas été tendre avec ces premières dames à propos notamment des fondations que certaines d’entre elles ont gérées ou gèrent encore.
Pourquoi les fondations ne survivent pas aux mandats de leurs époux de présidents ?
Comment ces fonds, censés être l’argent du contribuable, sont-ils gérés ? Y a-t-il des garde-fous pour mettre les premières à l’abri de la tentation de financer les campagnes de leurs maris ?
Autant de questions soulevées par notre animateur connu et apprécié de nombre d’auditeurs par la caustiticité de son langage.
Face à cet enlèvement rocambolesque les hommes de presse et les citoyens stupéfaits s’interrogent. Pourquoi Hamidou Diarra a-t-il été enlevé ? Qui sont les commanditaires de cet enlèvement ?
Avant d’en savoir plus sur ces questions, les réactions ne se sont pas fait attendre.
Le président de l’AMDH, Me Brahima Koné, sur les ondes de Radio Klédu n’a pas hésité à indexer les agents des services des renseignements de l’Etat.
La liberté de la presse toujours méprisée au Mali
La presse malienne, de son côté, est sortie de son silence pour dénoncer cet acte qui ternit l’image de la démocratie malienne considérée comme exemplaire en Afrique.
Notre démocratie n’est que de la dictature vernie. De Moussa à ATT, les régimes se suivent et se ressemblent. Le cas de Dragon est un exemple parmi tant d’autres.
Quand on sait que, récemment Oumar Sidibé le directeur de publication du journal « Zénith Balé », Me Cheick Oumar Konaré en son temps journaliste à soir de Bamako, et Belco Tamboura Directeur de publication du journal «L’Observateur».
Ils ont tous été tabassés par des « inconnus ». Face à ce phénomène qui est en train de devenir une mode au Mali, il convient de rappeler aux autorités et aux citoyens qu’en démocratie, la liberté de presse ou la liberté d’expression est un droit inaliénable pour la bonne marche de la société.
Kassim THERA
06 juillet 2005