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En effet, la circoncision perd aujourd’hui ses valeurs même dans nos villages. Les jeunes des campagnes, qui étaient classés en groupe d’âge, étaient soumis à des épreuves d’initiation qui commençaient dès le bas âge allant de l’endurance à des techniques d’autodéfense et des vertus de la soumission aux aînés.

Autrement dit, on préparait les enfants à des rudes épreuves de la vie, à affronter les vicissitudes du quotidien et à être physiquement et moralement prêts à entrer dans la société des hommes, donc à devenir des hommes intègres au sens strict du terme.

Après ces initiations de préparation et de sacrifice de soi, les anciens décrétaient la circoncision des groupes de jeunes arrivés au stade adulte, lesquels devraient aussitôt après cette épreuve, prendre épouse afin de renforcer davantage la société.

Evènement grandiose de part la ferveur populaire qui l’accompagne et sacré dans le fonds de par les rites qui le jalonnent, la circoncision même des garçons se faisait toujours en dehors du village.

Les circoncis devaient observer une période de rupture avec leur environnement immédiat, sous l’autorité de la vieille garde, en vue de parfaire, et compléter, les enseignements reçus avant de fonder un foyer.

La circoncision n’est qu’une étape parmi tant d’autres dans la société traditionnelle malienne. La période isolement des circoncis pouvait durer de deux semaines à 40 jours selon la région.

Cette période était mise à profit par les sages, pour enseigner aux jeunes les conduites à tenir dans la société, dans le foyer et dans la vie à travers le dépouillement des vertus telles que la solidarité, le sens de la famille et de la patrie, la dignité, l’honneur, et la loyauté.

Bref, le terrain était bien dégagé pour que les jeunes, appelés à faire leur entrée dans la société en tant qu’hommes, soient bien préparés à cela. C’est ce qui expliquerait la force de nos anciens qui ont toujours préféré la mort à la honte, au déshonneur et au bafouement de leur dignité d’homme.

Qu’en est-il aujourd’hui de la circoncision et des rites qui l’accompagnaient? Les vieux que nous avons rencontrés n’ont pas pu donner une réponse claire à cette question.

Leur seule explication étant que les hommes se sont depuis longtemps déroutés des chemins tracés par les ancêtres. Quant aux jeunes d’aujourd’hui, ils estiment que ces rites sont d’une autre époque.

Pour celui là, nostalgique des valeurs traditionnelles ayant trait à l’éducation, la modernité s’est interposée entre nous et le soleil, ne laissant place qu’à un grand trou noir, dans lequel s’engouffrent nos valeurs, nos croyances et notre identité.

Nous effacerons-nous un jour au profit de l’inconnu?

Adama S. DIALLO

25 novembre 2005.