Ceci explique probablement cela. En effet, sans retirer leur soutien au président de la République, certains acteurs politiques, de façon astucieuse, alimentent la critique de la gestion du pouvoir. Mais la question que l’on se pose, c’est de savoir s’ils disposent en ce moment de suffisamment d’arguments pouvant convaincre l’opinion publique.
Il reste, certes évident que la gestion des affaires publiques depuis l’ouverture démocratique jusqu’à ce jour demeure critiquable. Cela s’explique par plusieurs facteurs : le retard accusé par notre pays, à l’instar des autres pays en développement, les insuffisances et lacunes de la gestion antérieure du pouvoir dont on ressent le pesanteur, notamment en terme de gestion et contrôle de gestion des affaires publiques et d’errements de l’administration publique.
Par ailleurs, il faut prendre en compte les insuffisances notoires de ressources pour les investissements productifs, notamment la réalisation des grands projets de développement. A ces difficultés tous les régimes qui se sont succédé au pouvoir au Mali ont été confrontés.
Chacun, en fonction de son capital de crédibilité, de la pertinence de ses projets, a pu obtenir sa part demeurée toujours en-deçà des attentes. Et le contexte actuel de consensus politique a été favorable à la réalisation de nombre de projets sur les sentiers du développement. En effet, le Mali est aujourd’hui l’un des rares pays dans la sous-région jouissant de la paix sociale, et de la stabilité politique si chères aux partenaires au développement.
A la faveur de ce climat sociopolitique, notre pays bénéficie de plus en plus de la confiance des partenaires au développement. C’est ainsi que le pouvoir actuel a marqué de nombreux points dans le cadre du désenclavement intérieur et extérieur, de l’amorce des grands travaux participant activement à la mise en oeuvre d’un développement socio-économique harmonieux et durable. Il s’agit entre autres de l’aménagement de périmètres irrigués, de la réalisation de nombreux ouvrages comme des ponts, barrages, toutes choses qui représentent des jalons de la maîtrise d’eau sans laquelle il serait illusoire d’espérer asseoir l’autosuffisance alimentaire.
UN ALIBI TOMBE
Aujourd’hui, envers et contre tout, il y a un apaisement du front social à la faveur de la prise en compte de nombreuses demandes sociales. Par rapport à cet aspect des choses, il est difficile d’affirmer aujourd’hui que peu d’actes concrets sont en cours, en tout cas référence faite à la gestion du pouvoir depuis l’ouverture démocratique.
Ainsi, l’alibi qui reposait sur la turbulence du front social est, pour le moment tombé. La poursuite de la critique de l’action gouvernementale devenant de plus en plus une nécessité pour certains acteurs politiques, ils ne ménagent alors aucun effort pour prospecter de nouveaux horizons. C’est dans cette démarche que la pauvreté des populations, un phénomène d’ailleurs habituel est exploité comme un fonds de spéculation politique.
QUELLES PERSPECTIVES POUR LES PARTIS ?
Puisqu’il n’existe pas encore d’opposition forte et crédible, la seule alternative salutaire qui s’offre à présent aux partis politiques, c’est de s’occuper de leur situation intérieure. En effet, les composantes de la classe politique ont été suffisamment éprouvées par les secousses provoquées par la gestion du pouvoir par l’ADEMA qui a été aussi le sacre de la scission de la plupart des partis politiques significatifs de l’échiquier politique national.
Tous ne se sont pas remis des conséquences des déséquilibres suscités, à commencer par l’ancien parti majoritaire qui, en amont et en aval des élections générales de 2002, a enregistré de nombreuses démissions, au point que le parti est en passe de perdre son titre de parti majoritaire, même s’il conserve encore de beaux restes.
Le plus important en ce moment est qu’il s’est engagé dans une logique d’organisation de débats sur les questions d’intérêt national comme l’école, la crise du secteur coton entre autres. Au moins à ce niveau, il rendra publique sa position et ses propositions de sortie de ces crises, toutes choses qui rentrent dans ses prérogatives.
La rencontre le week-end dernier du CNID-Faso Yiriwa Ton au Mémorial Modibo Kéïta s’inscrit dans le même cadre, puisqu’à cette occasion, étaient présents les représentants de toutes les structures du parti et les élus. Cette rencontre a permis de tirer au clair la situation interne du parti, ses relations avec le pouvoir.
L’occasion était d’assurer les uns et les autres : militants du parti, opinion publique nationale, que le CNID-Faso Yirwa Ton se porte bien, contrairement aux informations distillées récemment dans l’opinion. A l’issue donc de cette rencontre, le terrain doit être balisé pour que chacune des structures travaille dans une optique commune conformément aux directives arrêtées afin de donner davantage d’impulsion au parti.
On espère que les autres partis politiques travailleront dans la même direction afin de résoudre leurs contradictions internes et surtout de mieux se positionner dans la perspective des élections de 2007, car, au-delà du consensus politique, c’est la valeur intrinsèque de chaque parti politique qui compte. Même dans le cadre du consensus nous avons pu constater que les partis qui ont obtenu peu de résultats aux différentes élections sont peu cotés.
Moussa SOW – 7 Mars 2005