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«Quand l’orgueil, la fierté démesurée, le zèle et le mépris de l’autre caractérisent la conduite d’un homme, son échec est assuré», disait Confucius. L’actuel ministre des Enseignements secondaire, supérieur et de la recherche scientifique ignore malheureusement les vertus du dialogue.

S’entêter à organiser les examens de fin d’année comme le Bac, le CAP, le BT sans les professeurs qui ont dispensé les cours toute l’année est synonyme d’échec. C’est l’école qu’il faudra chercher à sauver et non une année scolaire encore moins un poste. Puisque le ridicule ne tue pas au Mali, le ministre Touré a déclaré lors du déroulement du Bac 2008 : «ce Bac fut l’un des meilleurs Bac qui soit organisé

De qui se moque le ministre ou qui veut-il tromper ? Avec un colmatage, un bricolage, tous azimuts, l’année scolaire 2007- 2008 au secondaire est «gérée» avec des semblants d’examens. Maintenant, quel sort va- t- on réserver à l’année scolaire nouvelle qui va bientôt commencer ?

A titre de rappel, les mots d’ordre de grève de la Coordination des syndicats de l’enseignement secondaire (COSES) portant sur la non évaluation et le boycott des compositions et examens en vigueur depuis novembre 2007 ne sont ni suspendus ni levés puisque aucun accord n’est encore trouvé.

Que le président de la République s’informe davantage. Ce ne sont pas les enseignants contractuels (ils n’ont demandé 50.000F à personne), encore moins un groupuscule d’individus qui prennent l’école en «otage».

Bien au contraire, ce sont tous les militants de la «fameuse COSES» (expression du ministre Touré) regroupant quatre syndicats (SYNTES, SYNESTP, SYPCES, SYNAPEF) qui réclament simplement plus de justice et d’équité. Ils sont environ trois mille travailleurs.

Comment arriverons- nous à surmonter les différends dans la mesure où le ministre Touré est boycotté par la COSES depuis le 24 avril 2008 concernant la gestion de son préavis de grève toujours en vigueur? Puisque l’artisan est jugé à l’œuvre, le ministre Touré doit avoir l’humilité de reconnaître qu’il a échoué.

Comment M. Touré pourra- t- il encore réussir pendant qu’il a perdu la confiance et la considération des militants de la COSES et même ceux du SYNESUP (Syndicat d’origine du ministre lui- même) ?

Le système éducatif malien ne s’est jamais aussi mal porté que son règne. Se remettre en cause et se retirer de la scène quand on échoue, ne sont malheureusement pas entrés dans les mœurs de nos hommes d’Etat.

L’année scolaire 2008- 2009 sera- t- elle l’année d’un dénuement heureux de la crise ou celle d’un durcissement de ton de la COSES ?
Le forum sur l’éducation va-t- il sauver l’école malienne ? Sans être pessimistes, nous savons que les résolutions et recommandations au Mali ont toujours souffert d’un manque de suivi. En tout cas, les militants de la COSES sont plus que jamais décidés à ne pas reculer sans satisfaction.

Les négociations entre le ministre Touré et la COSES sont rompues depuis bien avant le mois de mars 2008. Pis, aucune tentative de reprise de dialogue. Et pourtant, la rentrée est prévue pour bientôt.
Nous risquerons d’aller dans ce cas droit au mur car une réédition de l’année écoulée n’est pas à exclure si rien n’est fait. Avions- nous besoin de rappeler que la situation décide de l’action ?

La démission du ministre Touré serait vraiment salutaire. C’est la condition pour réinstaurer le dialogue et la confiance entre syndicats d’enseignants et pouvoirs publics.
L’école malienne mérite d’être gérée autrement.

N’Golo Marc DEMBELE, Professeur de Philosophie au LBAD- Bamako

23 Septembre 2008