Partager

L’école malienne, depuis plus d’une décennie, connaît de sérieuses difficultés avec les grèves à répétition d’enseignants ou d’élèves. Pis, la crise a atteint son paroxysme avec la violence physique devenue un moyen d’expression et de revendication dans l’espace scolaire. Cette crise scolaire est aggravée par le manque d’infrastructures, d’équipements des établissements scolaires.

Toutes choses qui entravent le développement de notre école, naguère réputée pour la qualité de sa formation, et l’apaisement de l’espace scolaire. C’est pour trouver des solutions idoines à la crise scolaire que le Rassemblement pour le Mali (RPM) a initié samedi un débat, qui a regroupé tous les acteurs de l’école autour du thème : « La situation scolaire et universitaire au Mali ».

« La crise scolaire est une crise de notre société et nous interpelle tous », a indiqué dans son discours introductif le président du RPM, Ibrahim Boubacar Kéita pour qui, la crise scolaire n’est plus l’affaire du seul gouvernement ni d’un parti politique.
Pour le conférencier, Moussa Coumaré, professeur d’enseignement secondaire, « l’école malienne est aux abois et l’année scolaire 2007-2008 risque d’être une année blanche ». A l’en croire, la Loi d’orientation de l’éducation ainsi que le Prodec sont des solutions pour sortir l’école malienne du gouffre dans lequel elle s’enfonce, mais, regrette-t-il, « le Prodec n’est pas appliqué comme il devait l’être ».

« Il n’y aura pas d’année blanche »

Pour le modérateur, Modibo Kéita, ancien Premier ministre, « l’école malienne a été tributaire d’un choix politique et idéologique fait après la conférence de l’Unesco en 1961. A ses dires, il s’agissait d’une éducation de masse et non pas de former des cadres d’élites ». Mais pour le modérateur et le conférencier, « la crise scolaire a été accentuée par le fait que la réalisation d’infrastructures scolaires n’a pas suivi la croissance de la population scolarisée ».

Cet avis a été partagé par le ministre des Enseignements secondaire, supérieur et de la Recherche scientifique, Pr. Amadou Touré. Selon lui, « l’Université du Mali compte 65 000 étudiants, un effectif destiné à quatre universités et non une université ». Et d’ajouter que « le ratio élèves/maîtres est disproportionné dans les salles de classe dans tous les cycles d’enseignement ».

Toutéfois, à en croire le ministre Touré, « il n’y a aura pas d’année blanche, les difficultés ayant connu les différentes facultés ou établissements sont en voie d’être aplanies ». Le ministre a estimé que le prochain forum ou états généraux sur l’éducation que le pays s’apprête à organiser mettra un terme définitif à tous les problèmes de l’éducation. Il a indiqué que « les difficultés sont dues à la persistance des revendications, l’irruption de la politique dans l’espace scolaire, le laxisme de l’Etat, le manque de volonté du gouvernement de recourir à la fermeté, la passivité de la société civile… ».

Aux termes des débats, les anciens ministres de l’Education nationale, les anciens dirigeants de l’Association des élèves et étudiants du Mali, (qui ont témoigné sur leur expérience), les promoteurs d’écoles privées et de medersas, les syndicats d’enseignants, des représentants des structures et départements de l’Education et la société civile ont jeté les bases d’une future collaboration pour remettre l’école sur les rails.

Denis Koné

30 mars 2008