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Après le Rassemblement pour le Mali (RPM), qui avait initié, il y a deux mois, une journée de réflexion sur la crise scolaire, l’Assemblée nationale a interpellé jeudi le gouvernement sur la question qui est devenue un casse-tête national au même titre que le Nord et la vie chère.

La crise du système éducatif était au centre de la plénière de l’Assemblée nationale jeudi où le gouvernement répondait à une interpellation. L’interpellation du gouvernement à travers le ministre des Enseignements secondaire, supérieur et de la Recherche scientifique,

Amadou Touré, et son homologue de l’Education de base, de l’Alphabétisation et des Langues nationale, Mme Sidibé Aminata Diallo intervient quelques jours après l’agression de Pr. Djibonding Dembélé, membre du comité syndical du Snesup et enseignant à la Faculté des sciences juridiques et politiques, par un groupe d’étudiants.

Cet acte d’agression physique n’est pas isolé. Aujourd’hui, au Mali, les professeurs, victimes de violences physiques de la part des apprenants, ne se comptent plus. Mais, cela démontre que l’école malienne, empêtrée dans des difficultés d’ordre structurel, conjoncturel et organisationnel, est bien dans une impasse totale.

Au cours de l’interpellation, les différents groupes parlementaires (8 au total) ont pointé du doigt les goulots d’étranglement du système éducatif malien qui ont pour noms, outre les violences physiques ou verbales, le manque d’infrastructures, de ressources humaines, le bas niveau des élèves et des enseignants, la corruption, la fraude, la politisation de l’école, le laxisme de l’Etat.

Les honorables ne sont pas allés par le dos de la cuillère pour tancer le gouvernement dans la gestion de tous ces maux et dénoncer la nature de ses relations avec les syndicats d’enseignants en particulier la Coordination des syndicats de l’enseignement secondaire (Coses), l’Association des élèves et étudiants du Mali (AEEM) et dans la création des établissements scolaires privés.

« Je suis le premier à regretter ce que se passe dans l’espace scolaire », a dit le ministre Amadou Touré après le « réquisitoire » du président de la commission éducation de l’Assemblée nationale et les multiples questions, critiques, suggestions et recommandations des groupes parlementaires.

Dans ses éléments de réponses, le ministre Touré a affirmé que 27 des 39 points de revendications de la Coses ont été satisfaits. Mais, faut-il souligner au passage que ce syndicat est toujours en grève illimitée et les évaluations se déroulent sans ses adhérents.

Or, ceux-ci représentent plus de la moitié du corps professoral du secondaire. Si le ministre reconnaît la légitimité dans les revendications, il impute leur non-satisfaction à des contraintes budgétaires, tout comme la dotation de l’Université d’une bibliothèque et bien d’autres infrastructures.

Pour sa part, Mme Sidibé Aminata Diallo a détaillé l’ampleur de la tâche qui attend le pays en matière d’éducation de base et de promotion des langues nationales. Les deux ministres ont soutenu que l’école malienne peut être sauvée pour peu que chacun s’y mette : parents d’élèves, syndicats, étudiants ; un avis partagé par les élus de la nation.

Les députés, dans une série de recommandations, demandent un sursaut d’orgueil de toute la nation. Un élu est allé jusqu’à proposer à ses collègues députés qui sont enseignants de profession, de solliciter une disponibilité à l’Assemblée pour regagner les salles de classes afin de combler le manque de personnel. Evidemment, cette proposition en a fait sourire plus d’un.

Cette interpellation est la toute première du gouvernement Modibo Sidibé depuis sa nomination en octobre 2007.

Nous y reviendrons.

Denis Koné

23 Mai 2008