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La douane constitue l’un des gros pourvoyeurs de recettes pour le budget de l’Etat (accompagnée en cela par les services des impôts). Année après année, les gabelous ont multiplié les performances afin d’honorer les engagements et être à la hauteur des attentes.

Mais comme on peut l’imaginer, les performances engrangées relèvent sinon du miracle, du moins procèdent d’une gymnastique de voltige. C’est ainsi que pour boucler les recettes à la fin de l’année, la douane recourt aux anticipations de recettes. Il s’agit d’approcher des opérateurs économiques afin de leur faire payer des droits de douanes sur des opérations à venir.

La procédure est connue et ne posait pas de problèmes tant qu’elle restait dans les « normes ». Ce qui, semble-t-il, n’a pas été le cas cette année. En effet, pour réaliser les recettes de l’année dernière, la douane a effectué des anticipations de près de 20 milliards. C’est du jamais vu. Du coup, les recettes douanières de plusieurs mois se trouvent ainsi compromises. Pour janvier, la presse a annoncé un gap de 10 milliards. Et selon nos informations, les recettes de février ne s’annoncent guère meilleures.

Mais le hic semble être les anticipations d’un type nouveau inventées par la direction générale de la douane à travers la sous-direction des enquêtes. En effet, contrairement à tous les usages, deux nouvelles anticipations ont vu le jour. La première concerne les importateurs de « divers ». C’est ainsi que le milliardaire Mandiou Simpara a pu « bénéficier » de cette anticipation. Or, la difficulté avec les importateurs de « divers », c’est qu’on trouve différents types de marchandises dans leurs containers.

Dans le cas de M. Simpara, il peut importer dans un même container des téléviseurs, des frigos, des motos, des climatiseurs, etc. L’usage veut que l’anticipation se fasse avec un opérateur qui n’importe qu’une seule marchandise comme du riz, de la farine. La deuxième « nouveauté » concerne les anticipations sur les amendes. Il semble que c’est du jamais vu. C’est comme si, selon nos informations, on encourageait les fraudeurs à commettre des délits à venir.

Il faut reconnaître que les douaniers n’ont pas eu la tâche facile l’année dernière. Outre la morosité économique, leur travail a été parasité par certains événements, notamment les incompréhensions avec les opérateurs économiques, la présence du Vérificateur général dans les murs de la douane vécue comme une sorte d’épée de Damoclès, sans oublier une atmosphère de démotivation consécutive à la non application des décisions de mutations concernant certains agents et querelles syndicales, etc.

Dramane Sanogo

16 février 2006.