Une forte délégation de la ligue populaire et socialiste des tribus du grand Sahara, érigée en Commission de conciliation, séjourne depuis le 15 mai dernier dans notre pays. Objectif : s’impliquer dans la gestion de la crise du Nord par la méthode de la médiation traditionnelle.
La délégation conduite par le Soudanais Hareka Ahmed Hameda comprend 29 membres venus de divers pays d’Afrique, du Golf et du Moyen Orient ; entre autres, Djibouti, Libye, Maroc, Mauritanie, Irak, Jordanie, Oman, Syrie. Quatre maliens font partie de la mission.
Il s’agit de l’ancien ministre Bakary Konimba Traoré dit Bakary Pionnier (personne ressource, associée pour avoir fait partie des missions ministérielles qui ont sillonné, en 1995-1996, le nord et les pays voisins pour gérer le dossier après le retour de la paix), l’honorable Bajan Ag Hamatou, coordinateur national de la ligue, l’Ambassadeur Djibrilla Maïga, chef de la communauté songhoï de Gao et l’imam Thiam.
Comment est venue cette initiative ?
Pendant le Maouloud 2008, organisé à Kampala, en Ouganda, le guide libyen Mouammar Kadhafi, a rencontré, le soir de la grande prière, les membres de la ligue populaire et sociale des tribus du Grand Sahara.
Il les a appelés à créer un mécanisme d’alerte et de suivi afin d’observer et d’analyser toutes les questions et problèmes relatifs aux tribus de cet espace, en allusion notamment aux problèmes existant entre les tribus touarègues et les autorités du Mali et du Niger.
Le leader libyen a souligné l’importance de la création d’un tel mécanisme pour régler tout problème qui pourrait survenir dans l’espace saharien. Il a rappelé les efforts qu’il a fournis en vue de la libération des soldats maliens pris en otage par les rebelles touaregs.
Enfin, Kadhafi a souligné la nécessité de l’envoi d’une délégation de la ligue dans la région nord du Mali pour s’enquérir du problème et œuvrer pour son règlement définitif ainsi que la formation d’une délégation, chargée de contacter le gouvernement tchadien et les rebelles pour examiner les voies et moyens d’une résolution de la crise,
préconisant la création d’un gouvernement d’Union nationale au Tchad, « à l’instar de la solution mise en place pour le règlement du problème kenyan« .
On peut donc légitimement penser que, c’est en droite ligne de cette directive, que se situe le séjour, présentement au Mali, de la délégation de la ligue.
Déjà, vendredi dernier, les Médiateurs ont été reçus par le président de la République à qui ils ont fait part de leur initiative. Amadou Toumani Touré y a parfaitement adhéré et les accompagne même de ses bénédictions, car c’est une cause noble et d’intérêt national pour le Mali.
Ensuite, samedi, ils ont rencontré les différentes sensibilités des communautés du Nord à Bamako au Centre islamique de Hamdallaye.
La délégation a rallié hier, par avion, Gao d’où elle continuera par la route sur Kidal.
Partout où elle passera, la commission rencontrera les notabilités, les chefs de tribus et de fractions et tous ceux qui sont impliqués de près ou loin dans la crise du nord. Les Médiateurs retournent à Bamako jeudi prochain pour rendre compte au chef de l’Etat des résultats auxquels ils sont parvenus.
La ligue des tribus du grand Sahara a été créée le 10 avril 2006 à Tombouctou au Mali, à la faveur du Maouloud organisé dans la Cité des 333 Saints, sur initiative du guide Kadhafi qui en est le président suprême.
Son objectif, c’est de créer un espace de stabilité et de solidarité pour le développement des populations vivant sur cette bande. L’organisation, selon ses initiateurs, s’attache à dynamiser l’unité sociale des tribus du grand Sahara par l’accroissement de la communication, de la collaboration et de la coopération entre ses fils.
Cette volonté doit se manifester loin de la politique, de la diplomatie et du système officiel des États dans le but d’installer la sécurité et la stabilité dans cette partie du monde, en la défendant contre tout danger extérieur qui pourrait la menacer.
La coordination malienne de la ligue des tribus du grand Sahara est présidée par l’honorable Bajan Ag Hamatou, député élu à Ménaka.
Sékou Tamboura
19 Mai 2008