Après le Bureau Exécutif National (BEN) du parti qui a décidé de la suspension pour six mois de toutes les activités de l’Union pour la République et la Démocratie (URD) Oumar I. Touré, son 2ème vice-président lors de sa réunion du 27 septembre 2008 et la Commission Nationale de Conciliation et d’Arbitrage (CNCA) qui a confirmé et entériné ladite sanction au cours de sa réunion du 12 octobre dernier, ce sont les députés du parti qui s’apprêtent à officialiser leur position dans la crise qui secoue l’URD ces temps-ci.
Déjà, nous apprenons que la quasi totalité d’entre eux jugent que les faits reprochés au ministre de la Santé et 2ème vice-président de l’URD sont suffisamment graves pour encourir la sanction prononcée contre lui. Ils se disent surpris et étonnés qu’au lieu que le responsable suspendu fasse amende honorable afin que son cas soit éventuellement réexaminé, au contraire, il continue à poser des actes tendant à discréditer le parti et ses premiers responsables.
Ces députés n’entendent pas s’arrêter là, ils veulent demander au BEN d’informer les plus hautes autorités de la situation du ministre de la Santé et des mesures dont il fait l’objet afin qu’elles en tirent toutes les conséquences.
Des députés agacés par les agissements de Oumar
A l’Assemblée Nationale, l’Union pour la République et la Démocratie (URD) compte 29 députés dont son président lui même, M. Younoussi Touré, élu dans la circonscription électorale de Niafunké et le marabout Salah Ag Sagdoudine élu lors des partielles du 24 août 2008 à Ansongo.
Ce nombre d’élus nationaux fait de l’URD la 2ème force politique du Mali. Cette position lui confère la 1ère vice-présidence de l’Assemblée Nationale détenue par son président Younoussi Touré.
A la 4ème vice-présidence et au poste de 2ème questeur, on retrouve des députés URD, respectivement Baba Oumar Boré, colistier du président Younoussi Touré à Niafunké et Moussa Cissé, élu à Kayes. Le groupe parlementaire URD, depuis l’éclatement de la crise le 27 septembre dernier, est constamment et pleinement informé de la situation créée au sein du parti par le 2ème vice-président, Oumar Ibrahima Touré.
En tant que membres du Bureau Exécutif National (BEN) de l’URD, des députés jugent que les faits reprochés à Oumar Ibrahima Touré sont suffisamment graves pour encourir la sanction prononcée contre lui.
Les députés du parti de la poignée de mains, emblème de l’URD se disent surpris et étonnés qu’au lieu que le principal responsable suspendu fasse amende honorable afin que son cas soit éventuellement réexaminé, au contraire, il continue de poser des actes tendant à discréditer le parti et ses premiers responsables.
La position que des députés s’apprêtent à prendre
Considérant que la situation actuelle au sein de l’URD ne saurait perdurer, des députés du groupe parlementaire du parti soutiennent les mesures disciplinaires prononcées contre leur 2ème vice-président.
Ils en appellent Oumar à présenter sans délai des excuses au Parti et en cas de refus, le groupe parlementaire URD demande au BEN de prendre toutes les mesures nécessaires afin qu’il ne puisse en aucun cas parler au nom du Parti ou utiliser les couleurs, logo, sigles ou tout autre signe distinctif de l’URD.
Les députés du parti comptent demander en particulier au BEN d’informer les plus hautes autorités de la situation de Oumar I. Touré, ministre de la Santé et des mesures dont il fait l’objet afin qu’elles en tirent toutes les conséquences.
Des députés du groupe parlementaire invitent les militants, les structures et les organes du parti à la vigilance afin de ne pas permettre aux ennemis intérieurs du parti d’accomplir leurs sombres desseins contre le parti. Ils exhortent le BEN, en relation avec le Groupe parlementaire à poursuivre le travail d’explication et d’implantation du parti sur le terrain.
Rappel des faits
L’éclatement de la crise à l’URD fait également suite à une plainte de la section de Ségou le 20 septembre 2008 d’une situation anormale qui a conduit la section à tenir une réunion extraordinaire pendant le week-end du 6 au 7 août 2008.
Suite à cette rencontre, la section URD de Ségou a accusé le 2ème vice-président du parti de la poignée de mains, emblème de l’URD, d’avoir organisé une réunion secrète au pied-à-terre du gouvernorat de Ségou de 23 heures à 2 heures du matin avec une dizaine de secrétaires généraux de sous-sections soigneusement sélectionnés. Au cours de cette réunion, il a été rapporté au BEN/URD que Oumar a tenu des propos allant dans le sens de la division du parti.
La procédure suivie pour sanctionner Oumar I. Touré
Lorsque le Bureau Exécutif National de l’Union pour la République et la Démocratie (BEN/URD) prenait la décision de suspension son 2ème vice président le 27 septembre dernier, 34 des 66 membres du BEN étaient présents dont Oumar I. Touré lui-même et 20 excuses pour diverses raisons.
Ladite réunion était présidée par Me Abdoul Wahab Berthé, 1er vice-président du parti. Avant d’en arriver à la sentence prononcée, il a fallu cinq votes différents : vote pour des sanctions éventuelles, vote pour la sanction, vote pour la durée de la sanction et vote pour la durée à retenir entre (6 et 3 mois).
Tous ces votes se sont déroulés à bulletin secret et chaque fois, il s’est dégagé une majorité absolue. Mais le principal accusé, Oumar Ibrahima Touré, dans une correspondance, a estimé que les textes du parti ont été violés.
En la matière, les statuts et règlement intérieur du parti ont prévu des voies de recours par la saisine de la CNCA, l’un des organes de l’URD. Dans les quinze jours qui ont suivi la décision de suspension, le 2ème vice-président a fait appel de cette décision auprès de la commission que préside Armand Moncourt.
Les députés peuvent-ils faire autrement?
Après la réception de la correspondance du 2ème vice-président suspendu, la Commission Nationale de Conciliation et d’Arbitrage (CNCA) s’est réunie par quatre fois avant de prendre une décision. Elle a entendu successivement le secrétaire général du BEN, Mamadou Diawara le 4 octobre 2008, le 2ème vice-président Oumar Ibrahima Touré a été également entendu le même jour, c’est à dire le 4 octobre 2008.
Le 1er vice président Me Abdoul Wahab Berthé fut à son tour écouté par la commission le 5 octobre 2008. La quatrième réunion de la commission a eu lieu le 9 octobre 2008 avec une délégation de la section de Ségou qui a porté plainte contre Oumar.
Le 12 octobre 2008, la commission s’est réunie encore autour de l’existence ou non de la faute commise par le 2ème vice-président du BEN et au bien fondé de la sanction prononcée contre Oumar I. Touré. Sur les 40 membres de la commission, 23 étaient présents ce jour-là et 8 s’étaient excusés. Après un vote, 21 membres ont dit oui à la décision du BEN, un membre s’est abstenu, tandis qu’un autre a demandé l’avertissement.
S’appuyant sur les articles 9 et 92 des statuts du parti et les articles 12, 13, 14 et 99 du règlement intérieur du parti, la Commission Nationale de Conciliation et d’Arbitrage de l’URD confirme que le BEN est bel et bien compétent à prendre la sanction prononcée et a décidé d’entériner ladite décision.
Après toutes ces actions, les députés de l’URD pouvaient-ils faire autrement quand on sait d’ailleurs que certains d’entre eux sont membres du BEN à commencer par son président Younoussi Touré lui même?
A quelques encablures des élections communales 2009, il urge pour l’URD de fermer vite cette plaie. Les élections municipales de 2009 constituent une étape charnière pour les élections générales de 2012.
Daba Balla KEITA
12 Novembre 2008