Partager

Exigences nouvelles ou cri de détresse de Bahanga ?

Coincée, encerclée et prise dans l’étau de l’intrépide Colonel Elhaj Gamou, puis d’un puissant contingent de commandos parachutistes, la poignée de combattants menés par Ibrahim Ag Bahanga fait encore semblant de donner de la voix. Manifestement surpris par l’ampleur de la riposte des Forces Armées sur le terrain, ce dernier et incorrigible rempart de l’irrédentisme Kidalois commence à alterner résistance militaire et diversion médiatique.

C’est ce qui ressort d’un communiqué rendu public sur la toile comme d’habitude. L’Alliance Touareg pour le Changement y revient rabâche une veille chanson : celle d’une large autonomie en échange contre une sortie de crise, la paix dans la Région de Kidal et une stabilité politique. Son porte – parole, en l’occurrence le Chargé de ses Relations Extérieures, Hama Ag Sid’Ahmed, en profite pour démentir en bloc les récentes pertes annoncées par les autorités militaires maliennes, notamment pour ce qui a trait à une vingtaine de morts et plusieurs prisonniers déplorés du côté des forces rebelles.

Par le même communiqué, l’Alliance dirigée par Ibrahim Bahanga affiche une grande fierté de détenir encore en otages plusieurs officiers et hommes des rangs de l’armée régulière qu’elle prétend avoir repoussée jusqu’à 50 kilomètres de Kidal.

Par la même occasion, les locataires délogés de Tegharghar prennent Koulouba pour responsable d’une non application de l’Accord d’Alger et réclament ni plus ni moins une autonomie politique, socio-économique et culturelle comme condition sine qua non d’un climat favorable à la reprise des actions de développement. L’Alliance, toujours par la voix de Hama Ag Sid’Ahmed, interpelle la classe politique malienne, les partenaires techniques et financiers et toute la communauté internationale sur lesdites propositions de sortie de crise qui, à y regarder de près, exhalent beaucoup plus les relents d’un cri du cœur qu’une revendication proprement dite.

En effet, le ton de revendication et la posture beaucoup plus conciliatrice de ses auteurs ne semblent pas étrangère à la nouvelle approche par laquelle les hautes autorités ont choisi d’aborder l’équation Bahanga depuis la goutte d’eau de Abeïbara.

A Keïta

Aurore du 12 juin 2008

— –

Les Vérités de ATT

Pour célébrer le premier anniversaire de son investiture pour son second mandat, le Général ATT a échangé avec la presse sur la vie de la Nation. Le monde de la Presse avait effectué le déplacement en masse pour écouter le chef de l’Etat ; mais surtout pour s’enquérir des nouvelles de dernières minutes sur le pays. Ils étaient tous là, à l’exception notable des confrères qui restent sous le coup d’une condamnation, suite à l’affaire de la « Maîtresse du Président ».

C’était une ambiance de fête en ce 08 juin dans la salle de banquet de la Maison du Mali à Koulouba. Le Chef de l’Etat était entouré des membres de son cabinet, du Premier Ministre, des Généraux Sadio Gassama, Kafougouna Koné et des deux dames ministres en charge de la communication et des relations avec les institutions du Gouvernement.

La déclaration liminaire a survolé l’ensemble des préoccupations des confrères. Il ne restait que des questions d’éclairages sur certains sujets.

Le Président de la République tout en reconnaissant les difficultés de l’heure, s’est trouvé des raisons d’espérer. Le chantier de la rénovation entamé, avec les multiples réalisations à travers le pays et aussi des réformes avec la mise en place de multiples commissions de réflexions sur certains axes majeurs de la vie de la Nation.

Très attendu sur le déverrouillage du mandat présidentiel, ATT dit ne pas être intéressé par la révision de l’article 30 de la Constitution qui fait du présent quinquennat son dernier mandat. Il dit souhaiter une autre vie après toutes ces épreuves. Rejetant la question, il avoue ne pas rentrer dans ce débat .Il n’est pas concerné par le remodelage du mandat présidentiel. Cette sortie du Président de la République met ainsi fin aux spéculations orchestrées par certains sur les intentions et missions réelles de la commission de Réflexion sur les textes régissant la démocratie au Mali.

Concernant la corruption, ATT a estimé que l’institution d’un Bureau de Vérificateur Général est une avancée dans la lutte contre le fléau. Toutefois, il a estimé que la lutte doit se faire dans le respect de la dignité des suspects. La corruption n’a peur que de la transparence, c’est pourquoi, une autorité de régulation des marchés publics est en chantier, afin de permettre aux postulants non retenus de connaître les raisons de leur échec.

S’agissant de l’école, le chef de l’Etat a annoncé l’inauguration prochaine de deux immeubles sur la colline de Badalabougou afin d’abriter la FSJP et la FSEG, les deux facultés de l’ex-ENA.

Jamais, un tel effort n’avait été consenti par l’Etat en faveur de l’école. En parlant des évaluations sans les professeurs affiliés à la coordination des syndicats de l’enseignement secondaire, le chef de l’Etat s’est offusqué de l’intransigeance de cette coordination. « Nous ne pouvons pas accepter qu’un groupe prenne en otage nos examens. Le gouvernement reste toujours à l’écoute des enseignants pour un dialogue constructif.
La crise au septentrion malien a également été évoquée.

Revenant sur son choix de privilégier le dialogue, ATT dira que l’Accord d’Alger et le Pacte National restent les seuls cadres de règlement du problème. Tout est négociable sauf l’Unité Nationale et l’Intégrité territoriale.

Le choix de privilégier la négociation et le dialogue n’est pas compris par Bahanga et sa bande qui se trouvent à leur quatrième désertion. Les mécanismes traditionnels de règlement du conflit ayant prouvé leurs limites, le Chef de l’Etat promet de ne pas laisser impunis les agissements de ceux qui refusent de rester dans les cadres tracés pour le règlement du conflit. Ils seront considérés comme des bandits et traités comme tels. Les insurgés exigeaient l’application des Accords d’Alger qui a vu la mise en application de 15 points sur 18 .Les trois autres ayant connu un début de solution.

C’est donc un changement d’approche que le Chef suprême des Armées propose maintenant en se disant « trop », c’est trop. Il était temps, malgré ce dialogue que certains Maliens assimilaient à un laxisme.

Le Mali a subi plus de dégâts que son voisin, le Niger, dont le Président Mamadou Tandja n’a jamais voulu se mettre à la même table que ses bandits armés.

Prises d’otages, poses de mines anti-personnelles, nos bandits armés sont coupables de tous les coups bas que le droit humanitaire condamne. Et aucun censeur européen n’a condamné ces actes deshumanisants.

Issa Laye Camara

Le Nouvelliste du 12 juin 2008

— –

L’ONU au chevet des crises malienne et nigérienne

L’envoyé spécial du secrétaire général de l’ONU, Said Djinnit, est arrivé lundi à Bamako pour une tournée dans la région autour des crises qui secouent le nord du Mali et du Niger, confrontés à des rébellions touareg. Cette visite survient alors que le président malien, Amadou Toumani Touré, toujours partisan d’une solution négociée, a durci le ton dimanche en déclarant que l’armée malienne répondrait désormais « sans hésitation » aux attaques des groupes de rebelles.

Humanité du 11 juin 2008