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Par la faute d’Hassan Fagaga et surtout d’Ibrahim Bahanga, le Septentrion du pays est redevenu une poudrière. Pis, le Mali fait aujourd’hui la triste et dramatique expérimentation des mines (anti-personnel et anti-char). Des actes crapuleux, voire terroristes commis par des bandits insatiables qui se sont volontairement mis en dehors du processus de paix au Nord-Mali. Malgré la gravité de la situation, le gouvernement chercherait à négocier une fois de plus avec des gens qui n’ont qu’une seule préoccupation : faire régner la terreur, propice nécessaire à l’expansion de leurs trafics.

« Le gouvernement du Mali sait pouvoir compter sur l’appui politique diplomatique et matériel des pays pour endiguer cette nouvelle menace à la paix et à la sécurité internationale que constitue le terrorisme et le trafic d’arme et de drogue » ! C’est l’appel lancé par le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Moctar Ouane, lors de la rencontre du gouvernement du Mali avec les diplomates accrédités dans notre pays. C’était samedi dernier. Cette rencontre faisait suite aux tragiques événements qui se déroulent dans le Nord-Mali depuis plus d’une semaine.

« Les actes posés par les bandits armés dirigés par Ibrahim Ag Bahanga sont graves en ce sens qu’ils constituent une rupture de la paix chèrement acquise dans cette partie du territoire national et si essentielle à la sécurité régionale voire internationale », a souligné le ministre Ouane après avoir fait la chronologie des événements du 26 au 31 août 2007. La gravité de « ces actes terroristes » dénoncés par le gouvernement ne fait l’ombre d’aucun doute.

Mais, quelle attitude le gouvernement adoptera-t-il face à ces « bandits armés » ? Va-t-il une fois de plus négocier aussi la libération des soldats pris en otage et le retour des insurgés dans le processus de paix ? Va-t-on une fois de plus obliger l’armée à courber l’échine devant quelques éléments armés. Voilà autant de questions que les Maliens se posent aujourd’hui.

Et lors de la rencontre de samedi dernier, le ministre Moctar Ouane a apporté un début de réponse lorsqu’il a dit, « le président de la République va poursuivre ses efforts et ses initiatives de paix dans une approche concertée, y compris au plan régional ». Une façon implicite de dire que l’Etat se maintient toujours dans sa logique de dialogue. Et c’est dans la même optique qu’il faut situer les efforts du chef touareg, Iyad Ag Ghaly, qui aurait entamé une médiation afin d’aboutir à la cessation des enlèvements et amener les protagonistes à la table des négociations.


Faut-il négocier avec des criminels ?

Et nous demandons sincèrement pourquoi négocier ? Doit-on négocier avec des « terroristes » ou avec des « bandits armés » ? Faut-il offrir une porte de sortie honorable à des criminels qui ont miné toute la région de Kidal faisant chaque jour des victimes civiles ? Notre réponse est claire : non ! Poser une mine anti-personnelle va au-delà de la simple dissidence. C’est un acte de guerre, surtout qu’une fois posée, on ne sait plus qui va sauter dessus. C’est comme poser une bombe au centre ville et la faire exploser à une heure de pointe.

Le sort du colonel Hassan Fagaga est clair. C’est un déserteur passible de la Cour martiale. Quant à Ibrahim Ag Bahanga, il doit répondre de ses crimes devant une Cour d’assises comme tous les criminels de son acabit. Le Mali est un Etat de droit qui, en tant que tel, ne doit plus accepter que la vie de ses citoyens et de ses militaires soit banalisée comme de simples instruments de troc. Ceux qui ont dénoncé les Accords d’Alger, l’on fait en connaissance de cause : ils étaient conscients qu’avec des individus comme Bahanga, aucun accord n’était possible.

Comme des mercenaires, ce sont des gens qui ne voient que leurs intérêts. La cause touareg n’est en réalité qu’un prétexte. En réalité, ces gens n’ont pas intérêt à ce que la paix revienne au nord du Mali parce que cela n’est pas propice à l’expansion de leurs trafics. En réalité, Bahanga et ses hommes ne sont que des trafiquants d’armes et de drogue.

Des activités qu’ils ne peuvent mener en temps de paix parce que le territoire de ces trafics échapperaient à leurs contrôles. Pourquoi Bahanga ne voulait pas que l’armée se déploie sur la bande frontalière de Tinzawaten ? Pourquoi Fagaga voulait le contrôle d’une unité spéciale ? Ils veulent garder tout simplement leur chasse gardée.

Il est utopique de vouloir maintenir ces hommes dans une logique de paix. En réalité, ils n’adhèrent au processus de paix que le temps de bénéficier de quelques avantages financiers de la part du gouvernement. Et des gens comme Fagaga resteront des chevaux de Troie au sein de notre armée. Et tant qu’ils seront libres de leurs mouvements, il ne faut pas rêver de paix dans notre Septentrion.

Ils se sont démarqués volontairement du processus de pacification. Et l’Alliance du 23-Mai pour le changement et la démocratie s’est totalement démarquée d’eux. C’est dire que la majorité des ex-rebelles maliens s’inscrit toujours dans la dynamique de la paix. Il faut donc les aider à se débarrasser de leurs brebis galeuses.

Les forces armées et de sécurité doivent donc les traquer dans leurs derniers retranchements pour les neutraliser pour de bon afin d’espérer le retour définitif de la paix dans le Nord. L’armée malienne doit suivre l’exemple de son homologue libanaise qui vient de débarrasser le Liban des envahisseurs.

Quel que soit le prix de leur neutralisation, nous pensons que le peuple est aujourd’hui prêt à l’assumer. Ne serait-ce que pour empêcher que les milliards que le gouvernement est en train d’investir dans cette partie du pays soient vains. Il est bon de négocier avec des « rebelles », mais pas avec des « bandits armés » ou des « terroristes ».

Moussa Bolly

04 septembre 2007.