Le vendredi 7 septembre l’édition 2007 de Flintlock a pris fin par une grande cérémonie organisée à l’hôtel Salam. A cette occasion, pour coller à l’actualité brûlante de l’heure au Mali, Terence McCulley, ambassadeur des Etats-Unis d’Amérique au Mali a levé le voile sur sa vision de la solution à ce qu’il est convenu d’appeler l’irrédentisme touareg au nord-est du Mali.
Selon l’ambassadeur américain en poste à Bamako, « les efforts pour promouvoir la sécurité et la lutte contre le terrorisme dans la région du trans-sahel reposent non seulement sur une forte intervention militaire, mais aussi sur l’appui au développement de base dans les domaines tels que l’accès à une éducation de qualité, la lutte contre les maladies, le développement de la croissance économique, et le respect de la démocratie et des droits de l’homme. Il a indiqué que tous ces facteurs doivent être considérés de façon historique pour décourager les populations de l’extrémisme, non pas seulement par la force militaire, mais aussi en leur offrant d’autres alternatives.
Il dira que les Etats-Unis travaillent avec ses partenaires pour atteindre cet objectif dans la région du trans-sahel. « Notre partenariat avec le Mali dans ce sens ne pouvait être que plus propice, à travers des programmes aussi variés que le millenium challenge corporation, l’USAID, les culturels et de formation, l’initiative présidentielle contre le paludisme » a-t-il déclaré. Avant d’ajouter que le Mali et les Etats-Unis travaillent ensemble pour promouvoir le développement et la croissance économique du pays.
En clair, l’ambassadeur des Etats-Unis propose la méthode du bâton et de la carotte. Le bâton serait ce qu’il a appelé « une forte intervention militaire« . Et la carotte, l’appui au développement de base. Mais, l’on est à mesure de se demander si l’Etat malien à la capacité aujourd’hui d’utiliser cette méthode du bâton et de la carotte comme le préconise les Etats-Unis. Que ce soit la forte intervention militaire ou que ce soit l’appui au développement à la base, l’Etat malien n’a pas les ressources nécessaires pour cela.
Surtout, en ce qui concerne le développement à la base, toutes les régions du Mali, hormis le district de Bamako, sont logées à la même enseigne que Kidal. A regarder de près, la revendication qui porte sur le développement de la région n’est qu’un prétexte fallacieux que des chefs bandits tirent de leur chapeau de magicien dès qu’ils sont à cour d’argent et surtout d’argument. Pour la simple raison quand on se soucie du développement d’un terroir, on n’y pose pas des mines anti-personnelles.
A quelles fins, la bande armée à Bahanga et autres Fagaga ont décidé de miner le beau désert du Sahara malien qui les a vu naître. Comme s’ils n’étaient pas satisfaits de la souffrance de la population qu’ils prennent comme prétexte de leurs actions, ils veulent désormais les voir mutilées et handicapées à vie par le fait des mines.
A l’image de leurs frères égarés du Niger, les bandits armées du Mali qui ne méritent même plus le nom de rebelles viennent, par l’usage des mines anti-personnelles, de prouver, à la population du nord-est du Mali, éprise de paix, qu’ils se soucient peu de leur existence. Eleveurs pour la plupart et transhumants depuis des temps immémoriaux, les populations de la région de Kidal, ne pourront désormais suivre leurs animaux dans les prairies sans craindre de tomber sur des mines.
Cette situation préoccupe tellement les autorités maliennes que Mamadou Clazié Cissouma, ministre de la Défense n’a pas pu cacher l’impuissance de l’Etat, en sollicitant une condamnation de la communauté internationale. A la clôture de l’exercice Flintlock 2007, il a estimé qu’il s’était déroulé dans une conjoncture particulièrement difficile, notamment au plan sécurité.
Selon lui, la fragile paix et la sécurité au Nord de notre pays ont fait l’objet de rupture par des actes de bandits armés. « Des actes qui constituent une violation flagrante des idéaux de la 3e république et de la légalité internationale, notamment le traité d’Ottawa sur les mines anti-personnelles. Ces actes qui se manifestent par des poses de mines, d’attaques de convois militaires et de prises d’otages, méritent d’être condamnés par la communauté internationale et leurs auteurs combattus avec rigueur et détermination » a-t-il déclaré.
Il n’y a aucun doute, le ministre malien de la défense est convaincu que les auteurs de ces actes criminels doivent être combattus avec rigueur et détermination. Mais, il ne nous dit pas ce que l’Etat du Mali, à travers son armée, attend pour le faire depuis. D’autant plus que le général ATT, Président de la République du Mali a dit à qui voulait l’entendre, lors de la sortie de la dernière promotion de l’école militaire interarmes, que l’armée malienne était prête à faire face à toute éventualité. La réalité est toute autres.
Selon une source bien informée, dans les conditions actuelles, les autorités maliennes n’ont qu’une seule alternative : négocier. La négociation s’impose au Mali parce que l’Etat n’est pas actuellement à mesure de supporter sur le plan financier la logistique militaire d’une guerre qui dépasserait un mois dans le nord du Mali.
Et rien ne prouve actuellement que nos vaillants soldats pourraient nous assurer une victoire en moins d’un mois de guerre dans les sables mouvant du nord. Et les bandits armés sachant cela, reviennent à la charge chaque fois qu’ils sont à cour d’argent. Qui dit mieux. Une négociation coûte toujours moins chère que de faire tonner des BRDM et autres Kalachinikov dans le désert et les montagnes du nord-est du pays. Mais encore, il faut avoir des gens de bonne fois en face.
Assane Koné
12 septembre 2007.
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