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Primo, le concept «Nord Mali» au plan administratif, désigne les trois régions septentrionales que sont Gao, Tombouctou et Kidal. Or, ce que RFI appelle «rébellion touarègue» ne concerne que la seule région de Kidal et encore une infirme portion de celle-ci, la bande frontalière de Tinzawatten, entre le Mali et l’Algérie.

Secundo, lorsque RFI évoque «la rébellion touarègue», elle donne à penser que c’est toute une communauté qui s’est dressée, les armes à la main, contre un Etat oppresseur, le Mali. Il n’en est absolument rien.

Estimés entre 300 et 400 000 individus, les Touaregs sont loin de constituer la minorité au Mali. Il existe des ethnies encore plus minoritaires. Cette équivoque subrepticement distillée dans les esprits une fois levée, il importe de savoir que la majorité des Touaregs réside non pas dans la région de Kidal, comme l’on s’évertue aussi à le faire croire, mais dans la région de Gao. Et ces Touaregs-là, on n’a jamais entendu qu’ils ont pris les armes contre le Mali. Pas plus, du reste, que ceux de Tombouctou.

Au vrai, même les Touaregs de Kidal, dans leur écrasante majorité, se sentent fondamentalement Maliens et adhèrent à la République et à ses idéaux. C’est une poignée d’individus, dont le nombre oscille entre cinq cents et mille qui, poussés par l’appétit du gain facile, se livre à des attaques armées pour voler, piller, assassiner.

Ces gens-là ne luttent pas pour le bien-être, encore moins le mieux-être des Touaregs de Kidal. Ils se battent pour eux-mêmes, pour leurs intérêts strictement personnels. C’est pourquoi nous soutenons, ici à L’Indépendant, qu’il n’y a pas de rébellion touarègue au Mali, mais un banditisme armé qu’il faut éradiquer comme cela se passe dans tous les pays du monde.

Que RFI arrête donc d’intoxiquer l’opinion internationale avec une «rébellion touarègue au Nord-Mali» qui n’existe que dans l’imagination débridée de son correspondant local, Serge Daniel.

Cet individu, dont on connaît les accointances très marquées avec les Fagaga, Bahanga et autres criminels enturbannés, semble avoir fait le pari de déstabiliser le Mali.

Mais comment déstabiliser un Etat-Nation vieux de deux mille ans ? Comme disait Hegel, chacun peut rêver de refaire le monde à sa façon.


Saouti Labass HAIDARA

L’Indépendant du 15 septembre 2008