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Les députés ont fait le tour de la question avec quatre ministres.
Les séances d’interpellation du gouvernement à huis-clos par l’Assemblée nationale sont plutôt rares. Mais cette procédure figure bien dans les textes. Une séance de ce genre s’est déroulée jeudi dernier.

Le gouvernement, à travers quatre ministres, était interpellé sur la situation au nord-est de la Région de Kidal.

Constatant que depuis le 23 mai 2006 cette partie du pays connaît une situation de crise avec son cortège d’attaques, de prises d’otages et de poses de mines et que depuis la signature de l’Accord d’Alger le 4 juillet 2006, le gros des insurgés est rentré dans les rangs, alors qu’une bande d’irréductibles conduite par Ibrahim Ag Bahanga refuse de déposer les armes, les députés ont jugé nécessaire d’écouter le gouvernement sur la question.

Ils avaient en face d’eux quatre ministres : Natié Pléah (Défense et Anciens combattants), Kafougouna Koné (Administration territoriale et Collectivités locales), Sadio Gassama (Sécurité intérieure et Protection civile), Mme Fatoumata Guindo (Relations avec les Institutions).

Au cours des débats qui ont duré tout l’après-midi, les députés et leurs interlocuteurs ont fait le tour de la question. Après avoir écouté les réponses des membres du gouvernement sur toutes les questions qui leur tenaient à coeur, les élus ont adopté une résolution qui sera transmise au Premier ministre.

Dans ce texte, l’Assemblée nationale souligne sa préoccupation devant « l’ampleur et la dimension que prennent les événements tragiques au nord-est de notre pays« . La représentation nationale rappelle que le Pacte national institue le cadre de référence pour la paix et le développement du Nord et que l’Accord d’Alger est un acte souverain accepté par notre pays pour ramener la paix.

La résolution rend hommage aux forces armées et de sécurité pour leur détermination à assurer la défense nationale et la sécurité des personnes et des biens, et condamne fermement les prises otages, les attaques et les embuscades contre les convois de ravitaillement.

L’Assemblée nationale salue les efforts déployés par le président de la République et le gouvernement pour un retour rapide de la paix, ainsi que la disponibilité des pays amis à aider notre pays « pour parvenir à une solution rapide et définitive à ce conflit fratricide« .

Reconnaissant la complexité des problèmes du Nord-Mali, la résolution souligne la nécessité d’œuvrer à leur règlement progressif par « le dialogue fraternel et les autres ressorts de la culture millénaire de la nation malienne« .

L’Assemblée, poursuit la résolution, « s’incline devant la mémoire de toutes les victimes de ces événements douloureux« , exprime sa solidarité aux familles éplorées, condamne sans réserve les attaques et réaffirme son soutien aux forces armées et de sécurité. Elle exprime « sa solidarité avec les populations de la Région de Kidal auxquelles la bande d’Ibrahim Ag Bahanga impose des souffrances, dans le seul but de la défense de ses intérêts personnels« .

Les députés félicitent le président Amadou Toumani Touré et le gouvernement pour les efforts déployés et soutiennent la volonté de privilégier le dialogue et la concertation pour résoudre ce conflit.

Ils appellent Ibrahim Ag Bahanga et sa bande à libérer sans condition les otages, à déposer les armes et à inscrire leurs actions dans la mise en œuvre de l’Accord d’Alger.

Les élus invitent le gouvernement à poursuivre sans relâche la mise en œuvre de l’Accord d’Alger, remercient le gouvernement algérien pour son rôle de médiateur et saluent les initiatives d’apaisement de la Grande Jamahiriya arabe Libyenne qui s’efforce de créer un environnement favorable au dialogue entre les deux parties.

La représentation nationale s’engage à apporter son appui au président de la République et au gouvernement et exhorte les populations à garder leur calme et leur sérénité habituels afin de consolider l’unité et la cohésion du pays.

« A cet égard, elle les invite à ne pas confondre les paisibles populations du Nord avec ceux qui ont délibérément choisi les armes comme moyens d’expression« .

En conclusion, les députés félicitent le chef de l’État pour l’initiative d’organiser à Bamako une conférence des pays riverains de la bande sahélo-saharienne sur les problèmes de sécurité dans cette zone.

Précisons que l’opposition n’a pas participé à cette interpellation, comme elle avait boudé celle du mois dernier sur l’école et la vie chère.

On se souvient que le mois dernier, les groupes parlementaires RPM et PARENA-SADI qui se réclament de l’opposition avaient refusé de prendre part au débat pour protester contre la répartition du temps de parole octroyé à chaque groupe.

Jeudi, l’opposition a renouvelé son refus de débattre parce qu’elle n’était pas d’accord sur le huis clos et la répartition du temps de parole.

« La tendance politique de l’opposition regrette qu’une telle interpellation soit réduite à huis clos, excluant de ce fait l’immense majorité des Maliennes et des Maliens du partage de l’information qui est l’objectif recherché« , indique une déclaration qu’elle a publiée.

Aujourd’hui, poursuit la déclaration, la question du Nord intéresse toutes les Maliennes et tous les Maliens sans exception car ce sont leurs enfants qui meurent au Nord. « Le peuple ne doit pas être privé de l’information réelle juste et saine que le gouvernement se propose de donner« .

Si les deux groupes parlementaires ont rejeté la démarche du huis clos et la répartition du temps de parole, ils n’ont pas pour autant boycotté la séance, « par respect pour l’institution« . Ils ont donc assisté aux débats mais n’y ont pas pris part.

A. LAM

L’essor du

23 Juin 2008