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1-47.jpgLe prix du silence des bandits armés du Nord Mali est aujourd’hui trop cher à payer. Du pacte national aux accords d’Alger en revenant au compromis de Tripoli, le banditisme se généralise. Quittant ses places fortes (Menaka, Ansongo, Kidal) pour se rapprocher du Sud(Diabaly). Ce n’est plus une crise du Nord mais une crise Malienne.

L’insécurité de la zone Sahelo-Saharienne est transfrontalière, difficile à combattre sans l’engagement de tous les pays concernés. Un sommet ne saurait venir à bout de cette crise qui n’a que trop duré. Le pouvoir du Général Amadou Toumani TOURE qui s’empêche de combattre cette rébellion signe accord sur accord sans la paix pour laquelle, les Maliens prient nuit et jour. Aussitôt qu’un accord est signé avec une frange, une autre se signale en perpétrant des actes qui mettent à rudes épreuves la paix, la stabilité du pays. A ce rythme, toutes les fractions peuvent se décider à mettre en chantier leurs groupuscules afin d’avoir les autorités de Bamako comme partenaires de négociations.

Le procédé est simple. Il suffit de capturer quelques maliens (civils ou militaires) et signaler sa présence sur les ondes de RFI. Le tour est joué. Les revendications sont diverses et très souvent impossibles à satisfaire. Alléger le dispositif militaire de la zone pour laisser les biens et personnes sans défense, dans l’insécurité totale. Ce serait nous livrer aux bourreaux que sont ces bandits armés. L’autorité politique abuse certainement de la patience de ceux qui ne sont pas d’accord avec ces multiples accords qui ont peu servi la paix au Mali et la sécurité des Maliens.

Il y a lieu de se demander maintenant :

Que veulent ces bandits armés qui sévissent au Mali, souvent avec les armes payées par les contribuables ?

– Que peuvent nos forces armées et de sécurité ?

Il est du devoir de toutes les autorités d’assurer la sécurité des personnes et des biens. Faillir à ce devoir est inqualifiable. L’absence de l’Etat dans les zones de troubles est une volonté mainte fois exprimée par les Touarègues. Que le Mali leur laisse la région, sans les protéger les personnes et les biens. Les autorités, qualifiées de plus hautes par les amis du régime sont-elles sur une bonne voie ?

Le président ATT se dit engagé pour la paix. Qu’il n’ira à la guerre que lorsqu’il y sera contraint.

« Qui veut la paix, prépare la guerre » a-t-on coutume d’entendre.

Le Général connaît certes les arcanes de ce qu’il a appris durant une carrière dans l’armée malienne. L’autorité politique qu’il est aujourd’hui se doit de protéger, maintenir le moral des troupes. Un engagement même partiel de l’armée est à mesure de sécuriser les populations et maintenir le mental des éléments.

Par ailleurs, au Niger, le Colonel-Président Mamadou TANDIA refuse de discuter avec les bandits armés. La rébellion conduite par le Mouvement Nigérien pour la Justice(MNJ) appelé les autorités Nigériennes à la table de négociation. Le colonel Mamadou TANDIA en acceptant le dialogue serait en position de force. Le MNJ espère- avec l’ouverture du dialogue avec les autorités de Niamey- revendiquer une part pour le développement de la zone de l’Aïr dans la production de l’uranium. Tandis que certains au Niger soupçonnent la société française d’exploitation de ce minerai de financer le banditisme armé afin de déstabiliser OKLO uranium, un potentiel concurrent qui est aussi entrain de s’établir au Niger.

Les alliances et mouvements de chez nous qui ont hérité sans effort apparent comme au Niger de la capitulation, pardon de la négociation nous tombent dessus, méprisant à la limite l’effort consenti par tout un peuple.

Entre le Mali qui négocie depuis des années sans réel résultat et le Niger qui fait mieux que de se défendre, il y a une différence qui n’est pas seulement d’approche. Dans l’Aïr Nigérien, les sociétés d’exploitation n’ont jamais cessé de travailler. Les biens et les personnes sont protégés. Les consultants militaires de la société française AREVA qui exploite l’Uranium sont expulsés. Le correspondant de RFI, Moussa Kaka croupit dans les prisons de Niamey pour avoir servi de «porte parole» à la rébellion ou au banditisme.

Au Mali, des mines anti-personnelles sont déposées, des forains attaqués, sans même une condamnation de l’opinion internationale.

L’Algérie en revenant dans la négociation est-elle à mesure d’éteindre le feu ?

Issa Laye Camara

Le Renouveau / 28 mai 2008