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Un communiqué du gouvernement diffusé dans la soirée de mardi a annoncé à « l’ensemble de nos compatriotes la libération, intervenue ce jour 9 septembre 2008, de 44 de nos soldats enlevés au Nord-Est de Kidal et retenus depuis lors en otage« .

« Dans le même souci d’apaisement, poursuit le texte, tous les combattants arrêtés et détenus par les autorités militaires nationales ont été remis aux leaders de la communauté touarègue« .

Le communiqué salue un « heureux dénouement » qui « couronne les efforts inlassables du président de la République, Amadou Toumani Touré, en vue du retour de tous les otages dans leurs familles respectives« .
Amadou Toumani Touré, ajoute le communiqué, « tient à saluer l’aide précieuse et l’implication personnelle du Guide de la Grande jamahirya arabe libyenne, Mouamar Kadhafi » dont « l’action fraternelle a largement contribué à cette décrispation« .

Le président Touré, indique le texte, a aussi salué « l’engagement constant des notables de la Région de Kidal et des Maliens de bonne volonté en faveur de la libération de tous les otages » et leur a exprimé « à tous et à chacun la gratitude de notre pays« .

Essor du 11 septembre 2008


Mali: avancée vers la paix après la libération de militaires et de rebelles touaregs

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BAMAKO (AFP) — Le chef rebelle touareg Ibrahim Ag Bahanga a libéré mardi 44 militaires, les derniers que son groupe retenait dans le nord du Mali, selon le gouvernement malien, qui affirme avoir aussi relâché « tous les prisonniers touareg » qu’il détenait, marquant une avancée vers la paix.

Les 44 militaires ont été remis par le groupe d’insurgés touareg à un diplomatie libyen dans la région de Kidal (nord-est), quelque part dans le vaste désert frontalier du Niger et de l’Algérie, avaient indiqué mardi soir à l’AFP le ministère de l’Administration territoriale et le gouvernorat de Kidal.

Ils ont ensuite été transférés à Kidal-ville, où ils ont passé la nuit, avant d’être officiellement remis mercredi à Gao (nord) au chef d’état-major de l’armée, le général Gabriel Poudiougou, a affirmé à l’AFP une source militaire.

« De notre côté, nous avons libéré tous les prisonniers touareg que nous avions », avait ajouté mardi la source au ministère, sans préciser leur nombre.

Aucune rançon n’a été versée pour obtenir la libération des militaires, a assuré mercredi à l’AFP une source proche du dossier, soulignant qu’elle traduisait le respect d’une promesse faite par Ag Bahanga à la Libye.

La libération des détenus par les deux camps était perçue mercredi à Bamako comme une avancée vers la paix, notamment par le sociologue Mamadou Samaké.

« (La route) de la guerre est derrière nous (…). Je pense que désormais, l’affaire doit pouvoir se tasser. En tout cas, je me m’attends pas à une dégradation généralisée de la situation », a dit à l’AFP M. Samaké.

D’autres analystes y voient la moisson de l’option « dialogue » choisie par le président malien Amadou Toumani Touré pour résoudre la crise dans le nord de son pays, où s’étaient multipliés depuis fin août 2007 enlèvements et attaques armées, attribués pour la plupart au groupe d’Ibrahima Ag Bahanga.

« Amadou Toumani a joué très fin. Face à une opinion publique qui le taxait de laxiste, il a su résister. Aujourd’hui, sans un seul coup de feu tiré, il obtient la libération des otages », a ainsi commenté Tiégoum Boubèye Maïga, directeur de publication de l’hebdomadaire malien La Nouvelle République.

Jointe par l’AFP, une source diplomatique a de son côté souligné le rôle joué par la Libye dans cette libération, à côté de l’Algérie, « facilitateur » traditionnel dans les crises du Nord-Mali et qui avait obtenu en juillet 2006 à Alger la signature d’un accord de paix servant de cadre aux négociations entre Bamako et la rébellion touareg.

Depuis une dizaine de jours, Ibrahima Ag Bahanga et quatre de ses proches séjournent à Tripoli, où ils ont été dans un premier temps reçus en compagnie de membres du Mouvement des Nigériens pour la justice (MNJ, rébellion touareg), selon elle.

Après son entretien avec eux, le dirigeant libyen Mouammar Khadafi a décidé d' »aider en priorité » à résoudre la crise dans le nord du Mali, a dit cette source. « Dès le départ, la Libye a été claire avec Ag Bahanga. Nous avons expliqué clairement que nous n’allions pas aider à déstabiliser la sous-région, et qu’il fallait donc s’occuper de développement et non de guerre. »

Fin août, l’ambassadeur d’Algérie à Bamako et médiateur dans le dossier, Abdelkrim Gheraïeb, avait annoncé que le Mali s’était engagé à libérer des prisonniers touareg détenus par son armée lors d’une réunion tenue fin août à Alger avec des représentants de la rébellion.

En outre, le gouvernement et la rébellion ont décidé la création d' »unités spéciales » mixtes (militaires et rebelles), pour assurer la sécurité dans certaines zones » dans le nord du Mali et dont les premières sont attendues avant fin septembre à Kidal, selon les deux camps.