Initiative citoyenne de Cri 2002 et du Centre Djoliba en vue de l’éducation citoyenne pour la démocratie dans notre pays, cette conférence a porté essentiellement sur le rôle et la place des intellectuels maliens et africains dans une société démocratique comme la nôtre.
D’après un manuel du citoyen publié par Cri 2002 en 2004, la démocratie est une doctrine politique d’après laquelle la souveraineté doit appartenir à l’ensemble des citoyens.
On entend donc par société démocratique, le pouvoir du peuple par le peuple et pour le peuple.
Le peuple souverain choisit, élit celui qu’il souhaite avoir pour représentant (président de la République, députés, maires, conseillers…)
L’intellectuel, selon Mr Kanté, est la personne dont l’activité fait surtout appel aux manipulations abstraites et aux discours, ou encore la personne qui se consacre, professionnellement ou par goût, à des activités d’ordre intellectuel, culturel, spéculatif.
Cependant, au Mali, est considérée comme intellectuelle, toute personne ayant une instruction de niveau élevé, un savoir et un savoir-faire dans une profession, une compétence artistique avérée, une capacité de perception, d’analyse, de critique des enjeux et défis du moment, un souci des préoccupations des concitoyens etc., a indiqué le conférencier. Aussi, l’intellectuel doit jouer un rôle d’éclaireur dans une société démocratique.
Mais, dans un pays pauvre comme le Mali, la question qui se pose est la suivante : l’intellectuel, doit-il opter pour une approche élitiste ou une approche citoyenne en vue du renforcement et de la consolidation de la démocratie ?
Pour Mr Kanté, la place et le rôle de l’intellectuel au Mali tireront leur sens et leurs forces des relations que les intellectuels maliens tisseront avec les populations, leur acceptation des changements induits par le système démocratique dans notre pays, la valorisation de notre culture à travers la démocratisation des concepts comme le badenya-fadenya, le respect des aînés, le nimogoya, le flanya, le sanakounya, le diatiguiya…
Pour Mr Abdoulaye Sall président de Cri 2002, le vocable intellectuel ne doit pas s’appliquer à n’importe qui, car nous sommes dans une société démocratique et les intellectuels ont pour mission de s’investir dans la recherche des moyens nécessaires pour assurer le développement social, estime-t-il.
Pour Mohamed Diallo, coordonnateur au Precaged, il n’y a pas de fatalité de sous-développement. Il n’y a pas non plus le développement dans le hasard. Le développement doit se réfléchir et tel doit être le rôle des intellos.
Durant la conférence, critiques des plus vives à l’endroit des intellectuels africains et maliens, ont été faites par les intervenants.
Ces derniers, estiment que les intellectuels ont échoué en Afrique. Ce sont des enfants de la colonisation qui ont choisi la langue de l’autre pour s’éloigner de leur peuple. L’intellectuel est capable du pire comme du meilleur selon le camp qu’il choisit : le pire, c’est la mondialisation où il sera comme un jouet aux mains des classes dominantes contre son peuple et le meilleur, c’est l’approche nationaliste » sont, entre autres, piques lancées par des débatteurs qui ont remis en cause la notion même de l’intellectualisme dans le contexte africain.
Egalement, pour un intervenant : « L’éleveur nous donne de la viande, le paysan les céréales, le pêcheur le poisson. L’intello malien nous donne quoi ? ».
Bref, cette conférence a été l’occasion d’appréhender tous les concepts ayant trait à l’intellectuel et la société démocratique et d’en faire le lien.
13 mars 2006.