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En Afrique, et principalement au Mali, où toute mort brusque est suspecte, le crash de l’avion présidentiel polonais continue d’animer les débats dans les salons, sur les chantiers et dans les grins.

Beaucoup de personnes se demandant encore comment cela a pu arriver quand on sait qu’un tel appareil devait faire l’objet de protection mystique. Quatre heures d’investigations ont permis aux experts de conclure que les pilotes du Tu-154 transportant le président polonais Lech Kaczynski auraient pu jusqu’au dernier moment éviter la catastrophe, a appris RIA Novosti d’une source haut placée proche de l’enquête. « Les actions des enquêteurs – la reconstitution de la manœuvre d’approche de l’appareil du président polonais, ainsi que le décryptage de la boîte noire contenant l’enregistrement des conversations entre les aviateurs, ont montré que les pilotes avaient jusqu’à la dernière minute la possibilité d’éviter le contact brutal avec la terre », a confié l’interlocuteur de l’agence.

Le Commandant de bord, ignorant l’alerte au brouillard et la mauvaise visibilité dans la région de l’aéroport d’arrivée, a pris la décision d’atterrir. Durant la descente et malgré les mauvaises conditions météo, les pilotes se sont placés exactement dans l’axe de la piste.

Cependant, au moment de la dernière phase d’approche, l’équipage a estimé que l’appareil était mal placé pour se poser, a expliqué l’expert. « C’est alors que le Commandant de bord a commis une erreur fatidique. Il a relancé les réacteurs et pour une raison encore non élucidée, il a effectué un virage à droite tout en essayant de reprendre de l’altitude. Le jet a alors accroché le sommet des arbres et est devenu incontrôlable », a précisé la source.

Si en relançant les réacteurs le pilote avait seulement repris de l’altitude en ligne droite, le crash aurait peut-être pu être évité, a conclu l’expert. Voilà ce qu’a écrit l’agence russe dans son édition du 14 avril 2010 avec une photo de ce qui reste du Tupolev présidentiel polonais.

Du côté africain, et singulièrement du côté malien, nombreux sont nos compatriotes qui pensent, et cela à juste raison, que ce drame ne pouvait être évité dans la mesure où c’était déjà inscrit dans leur destin que ces personnalités allaient mourir le même jour et au même endroit. En dehors de leur pays natal.

Contrairement donc à l’avis exprimé par les experts interrogés par RIA Novosti, ni le Commandant de bord ni le pilote ne pouvaient rien pour redresser l’avion présidentiel, qui se devait d’échouer infailliblement sur cette terre russe sans jamais atteindre sa destination.

Des marabouts d’accord avec les experts Si de l’avis donc de certains, le crash de l’avion du président polonais était inévitable, ils sont aussi nombreux ceux de nos compatriotes qui pensent tout le contraire. C’est-à-dire que le crash était bien évitable. Voici, par exemple, ce que soutiennent des marabouts que nous avons interrogés à propos de cette probabilité : il y a des noms de Dieu (Allah tôkô), quand on les récite, même en cas de crash, on s’en sort indemne. Car ce sont des  » rouanè «  qui se chargent, dans ce cas et au moment même du crash, de vous extraire indemne de l’avion.

Cela s’est déjà passé, dans le temps, avec un président africain sorti indemne après le crash de son hélico. Après donc ce qui vient de se passer avec le Tu-154 du président polonais, nos interlocuteurs se demandent toujours comment, parmi les 96 passagers et membres d’équipage de ce vol désormais maudit, il ne s’est trouvé personne ayant ce secret de maintenir, par exemple, l’avion en vol plané avant que le temps ne se dégage.

De tels secrets, de telles incantations seraient et dans le Coran et dans la Bible. Dans le cas polonais, s’il s’était trouvé, même au dernier moment, que quelqu’un arrivait à réciter la formule  » Allah tôkô « , l’avion allait se redresser et continuer son vol. Comme si de rien n’était, toujours aux dires de nos interlocuteurs. Sur la base de ce qui précède, nous retenons que l’Africain, mieux le Malien, même s’il est détenteur d’un doctorat d’État en mathématiques ou en communisme scientifique, il n’en demeure pas moins qu’il reste superstitieux.

Dans la majorité des cas. Aussi, rares sont ceux-là qui entrent les yeux fermés dans un avion voire dans une voiture. Sans avoir, au préalable, récité des incantations. Qu’un président de la République, accompagné de son épouse, de hauts dignitaires religieux et chefs militaires s’engouffre dans un Appareil Volant Imitant l’Oiseau Naturel (avion) sans avoir, au préalable, cherché à prémunir, de manière mystique, ce vol de tout danger, est tout simplement impensable sous nos tropiques. D’ailleurs, dès le moment de sa mise en service, l’avion présidentiel est d’abord soumis au  » lavage au nassî «  afin de le rendre réfractaire à la foudre et pourquoi pas aux rafales de Kalachnikov.

Sans cette garantie, il n’aurait jamais eu un tel empressement pour faire le déplacement avec un président de la République dans tel ou tel pays du monde. Surtout pour des abonnés permanents à de tels déplacements.

En Afrique, et principalement au Mali, même les cyclistes ne se sentent en sécurité que lorsqu’ils sont sûrs de n’avoir pas oublié de réciter les formules d’usage ou de porter les gris-gris protecteurs avant d’affronter la circulation à grand risque de la capitale malienne, par exemple.

Le crash du Tupolev 154 transportant le président polonais Lech Kaczynski était-il évitable ? Les avis sont toujours partagés. Et ils le demeureront aussi longtemps que le monde sera divisé entre superstitieux et non superstitieux. Entre croyants et en impies.

Mamadou FOFANA

Chroniqueur politique

16 Avril 2010.