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Tata Pound, l’un des groupes phares du rap malien, mettra sur le marché le 15 mars prochain son quatrième album intitulé « La Révolution ». Mais Tata Pound, qui craint une réaction démesurée du pouvoir en place, a saisi Amnesty International.

Après « Rien ne va plus » en 2000, « Ni Allah Sona ma » en 2001, « Cikan » en 2002, le groupe de rap malien « Tata Pound » s’apprête à mettre sur le marché discographique malien son 4e opus qui s’intitule « La Révolution ». L’annonce a été faite par le trio magique du rap malien le samedi 11 mars à l’école de la « Paix » à Badalabougou.

Le groupe, depuis un certain temps, est au hit parade du rap sous-régional. Il est connu pour son style truculent et appelle à la conscientisation, au changement en dénonçant la corruption, le népotisme, le vol… Bref, tous les maux qui gangrènent la société.

« La Révolution » comporte dix titres avec un titre générique « Monsieur le maire » dans lequel les jeunes s’attaquent aux problèmes fonciers. Ils dénoncent le système mafieux de certains maires qui, une fois élus, se livrent à la vente illicite et à la distribution démesurée de terrains, oubliant les promesses électorales faites à leurs militants et les attentes de la population en terme de mutation quantitative et qualitative de leurs conditions de vie.

Le second titre phare promotionnel « Yelema », évoque le manque de réalisme de certains changements pourtant annoncés avec emphase par les autorités actuelles. Cette situation déplorée par le meilleur groupe de rap malien se caractérise par la vente des sociétés d’Etat, la privatisation de la Régie des chemins de fer, le bradage de l’EDM que le gouvernement a récupérée ce, après l’assassinat d’un haut responsable de la CREE.

Le syndrome Black So Man ?

Dans leur texte qu’ils qualifient de conscientisant, Djo Dama, Ramsès et Dixon effleurent également la nouvelle politique de l’actuel locataire de Koulouba, en s’attardant sur les manipulations auxquelles font recours à des fins personnelles certains hommes politiques sans scrupule.

Selon les conférenciers, Tata Pound vise d’une manière globale un seul objectif : parvenir à conscientiser la jeunesse mondiale de façon générale et malienne en particulier sur les défis et enjeux qui se dressent comme obstacles sur leur chemin. L’album traite aussi des sous-thèmes comme : la corruption, la crise du football malien, l’emploi des jeunes, la santé, etc.

Le clip de « Monsieur le maire », ont dit les conférenciers, est en train de déranger le pouvoir. Diffusé à deux reprises sur les antennes de l’ORTM, le clip a été censuré à cause de son caractère dénonciateur, ont-ils affirmé. Pis depuis un certain moment, les clips de Tata Pound ont cessé de passer sur la télévision malienne.

« Nous disons qu’il n’y a plus de liberté de presse dans ce pays ». Le groupe, a ajouté Dixon, ne cesse de recevoir des menaces. « A cause des menaces, on a été obligé de contacter Amnesty International avec la copie des deux morceaux incriminés ». « Tata Pound aujourd’hui dérange le pouvoir à telle enseigne qu’on n’a pas eu de local pour tenir notre conférence de presse », ont-ils ajouté.

La conférence a été l’occasion pour le trio de rappeler à l’ordre ceux qui pensent que le groupe est manipulé par certains hommes politiques. « Si Tata est manipulé, nous disons que nous le sommes que par notre idéal », a conclu Djo Dama.

Amadou Sidibé

13 mars 2006.