A l’appel de la présidente de la Cour, Mme Coulibaly Madeleine Maïga, ce sont les trois premiers qui ont répondu à l’appel. Quant au policier, il a brillé par son absence, bien qu’il ne soit pas en fuite. Car selon les informations, il serait en service à Kidal.
Après un débat houleux, la Cour a reconnu les trois accusés présents Ali Camara, Bakary Fofana et Mamadou Touré coupables des faits qui leur sont reprochés, mais leur a accordé de larges circonstances atténuantes.
Par ces motifs, elle les a condamnés à 3 ans de prison avec sursis. Quant à l’indélicat policier Mohamed Djefaga qui n’a pas comparu, il a été jugé par contumace à la peine de 20 ans de réclusion.
Pour les faits, nous sommes le 12 août 2002 lorsque la Brigade de recherche de la Police de l’Air procède à l’interpellation d’Ali Camara dit Badra pour faux et usage de faux sur des passeports. Au cours des enquêtes, un réseau fut découvert. Composé des personnes citées ci-dessus, ce réseau se livrait à un trafic de passeport.
Interrogés, les accusés ont reconnu les faits en soutenant qu’ils font ce trafic avec la complicité des policiers de l’immigration. Ils ont, durant les interrogatoires, dénoncé le policier Mohamed Djefaga qui était impliqué au même titre qu’eux. « Pour ce qui concerne notre travail, la complicité des policiers est indispensable. Pour satisfaire les demandes de nos clients, nous donnons beaucoup d’argent aux responsables du service de l’immigration qui établissent les passeports pour nous. C’est connu de tous. L’immigration est assise sur du trafic et du faux » a soutenu le jeune Amadou Touré avant d’indiquer que les démarcheurs ne constituent que des menus fretins dans l’affaire des passeports aux côtés des policiers.
Dans son réquisitoire, le parquetier Yacouba Kéïta a déclaré que les faits concernant cette affaire sont simples. « Messieurs et Mesdames de la Cour, les faits de faux et usage de faux sont établis et reconnus par les accusés. Qu’il vous plaise de les retenir dans les liens de l’accusation et d’appliquer la loi en la matière » a-t-il simplement soutenu.
Pour la défense, assurée par Mes Alassane Diop, Souleymane Coulibaly et Nouhoun Camara, les accusés sont victimes d’un système entretenu par les policiers. Pour preuve, le jeune avocat Me Alassane Diop a fait savoir à la Cour que le policier Mohemed Djéfaga n’a jamais fait l’objet d’une poursuite bien qu’il soit un acteur principal du faux et usage de faux.
Dans ces conditions, la défense a sollicité à la Cour d’accorder de très larges circonstances atténuantes à ses clients.
Heureusement, elle fut suivie par la Cour qui a condamné les coupables à une peine de 2 ans assortie de sursis. Quant à l’indélicat policier Mohamed Djéfaga, il a été condamné à 20 ans de réclusion.
Alassane DIARRA Envoyé spécial à Sikasso
27 juin 2005