Du 25 au 28 Novembre 2008 se tiennent à Bamako les Etats Généraux sur la corruption et la délinquance financière, dont l’ouverture et la clôture seront respectivement présidées par le Chef de l’Etat, Amadou Toumani Touré et le Premier ministre Modibo Sidibé.
Aux dires de son président, l’ancien Premier ministre Modibo Keïta, ce Comité préparatoire de ces Etats Généraux a été mis en place en Juin dernier. Il s’agissait, selon lui, d’identifier toutes les forces vives du pays : élus, personnes ressources, partenaires techniques et financiers, organisations socioprofessionnelles… Plus de 150 structures et personnes ressources se sont prêtées aux concertations et consultations.
Le constat d’ATT
Selon le Chef de l’Etat qui a cité le chapitre 1er du PDES, “il y a peu d’entreprises dans nos pays en voie de développement, mais beaucoup d’affaires”. Il a aussi noté l’absence d’un contre -pouvoir, face à la prédominance économique et politique. Pour lui, le vrai défi, c’est de comprendre les facteurs qui favorisent la corruption, quand on pense que le phénomène est désormais si ancré dans les moeurs qu’il est devenu comme “naturel et coulant de source”. C’est qu’entre le corrompu et le corrupteur, on ne sait plus de quel côté se situe le mal. “Notre ambition, c’est de provoquer un débat national sur le sujet, en concertation avec toutes les sensibilités sociales du pays“, a assuré ATT.
Et de rappeler “L’opération Taxi” initiée par la première République en 1964. Une opération qui fustigeait “le festival des brigands”. et poursuivait sans pitié tous les auteurs de délits financiers. a l’époque, posséder un taxi était la pire des aberrations, quand on sait que le Président Modibo Keîta lui-même était sans le sou, pourrait-on dire. “Mais aujourd’hui, il y a des gens qui possèdent des parcs automobiles. Et ce fait ne dit plus rien à personne ! ”, constate ATT, amer, avant d’énumérer toutes les formes de corruption qui ont partout cours de nos jours.
Il a ensuite rappeler les initiatives entreprises par le Comite Militaire de libération Nationale (CMLN) du temps de Moussa Traoré, le 13 février 1974, à l’encontre des auteurs de détournements illicites. Bref, toutes les Républiques successives ont combattu le phénomène, sans succès, ou du moins, sans grande amélioration. Pire, le mal continue toujours de gangrener et l’administration et ses structures, au grand dam des citoyens.
Un mal aussi tenace que coriace
En effet, s’il y a, de nos jours, un sujet qui préoccupe sérieusement les Chefs d’Etats africains et sapent dangereusement les économies du continent en général, et celle du Malien en particulier, c’est bien celui de la corruption et de la délinquance financière. C’est pourquoi, à l’instar du Forum National sur l’Education qui vient de se tenir récemment, les Etats Généraux sur la corruption et la délinquance financière rassemblera toutes les couches représentatives de la société autour de cette question qui, de tout temps, a alimenté les commentaires, sans qu’une solution réellement porteuse soit trouvée.
Aussi se pose la question qui brûle toujours les lèvres : comment éradiquer, du moins réduire sensiblement, les ravages provoqués par ce fléau social sur les conditions de vie, le pouvoir d’achat et le bien-être des populations ?
Le moins que l’on puisse constater, c’est qu’en trouvant la solution adéquate, sinon idéale, à ce lancinant problème de corruption et de délinquance financière, qui constitue (rappelons-le) l’un des axes prioritaires du Programme de Développement Economique et Social (PDES) initié par le Chef de l’Etat, on aura, du coup, résolu bien des préoccupations : la gestion saine des finances de l’Administration (secteurs public et privé), le renflouement des Caisses de l’Etat ; l’augmentation du pouvoir d’achat du citoyen, l’amélioration conséquente de son statut, sa condition de vie, et son bien-être, la préservation de l’argent du contribuable.
De nos jours, un seul constat est partout décrié, tel un slogan, une rengaine ou… un disque rayé : “Il n’y a pas d’argent ! ”. Mais quelle est la cause de cette pénurie d’argent ? Cette question trouve sa réponse dans la corruption et la délinquance, voire la dilapidation financière, même si d’autres causes sont à prendre en compte. En effet, sur ce plan, à quoi assiste, le plus souvent, le citoyen ordinaire, de façon indignée, révulsante, mais résignée et impuissante?
A des détourneurs et autres dilapidateurs de sous de l’Etat et du contribuable, dont les pratiques sont connues et avérées, mais qui continuent de “sévir ” impunément, au nez et à la barbe… de l’Etat et du citoyen. De hauts responsables et agents de l’Etat, qu’on “incarcère” pour détournement de biens publics, mais qui, au bout de quelques mois, sortent de prison, aussi libres que l’air ambiant, encore plus ragaillardis et prêts à récidiver.
Et le plus souvent, on les voit encore plus pimpants, souvent au volant d’une rutilante bagnole, comme pour narguer la “populace” et le contribuable dont il a détourné pourtant les sous,t sans vergogne ni remords. A ces méfaits, aucune structure de contrôle mise en place pour y mettre fin n’a encore trouvé la solution, encore moins se faire réellement efficace.
En effet, à ce jour, ni la Contrôle Général d’Etat (CGE), ni la Cellule d’Appui aux Structures de Contrôle de l’Administration (CASCA) ni le Bureau du Vérificateur Général (BVG) ne sont encore parvenus à se rendre efficaces puisqu’au bout. Mais il faut reconnaître, à leur décharge, que ces structures sont limitées dans leurs prérogatives, leur mission se résumant à contrôler la gestion des services étatiques et établir des rapports : autant dire à constater les… méfaits et dégâts et… rendre compte à qui de droit.
Quand on pense que la rémunération et l’entretien de ces structures de contrôle coûtent, financièrement, “les yeux de la tête“ à l’Etat, il y a lieu de leur doter d’autres pouvoirs plus dissuasifs. Et pour éviter des conflits de compétence entre ces structures et assurer des rendements plus concrets, pourquoi ne pas créer une structure unique de contrôle, seule chargée de prévention, de dissuasion et de répression, pour que les résultats de sa mission soient réellement et concrètement visibles et lisibles sur le terrain?…
Quel qu’il en soit, le vœu le plus cher des participants (toutes couches sociales confondues) à ces Etats Généraux sur la corruption et la délinquance financière est qu’à l’issue de ces quatre jours (du 25 au 28 Novembre) de travaux et réflexions, de solides résolutions soient adoptées et mises en pratique, avec des résultats tangibles, aptes à bannir, sinon décourager cette pratique unanimement reconnue malsaine, et qui saigne et “suce le sang” des citoyens.
Oumar DIAWARA
26 Novembre 2008