Débats passionnés et impuissance contre le phénomène
Les concertations au niveau du district de Bamako, concernant les Etats généraux sur la corruption et la délinquance financière, ont débuté, hier, au Centre international de conférence. Les débats étaient très animés. Des thèmes tels que l’éducation, l’insécurité, la santé, l’état civil, l’achat des consciences, les taux d’intérêts des structures de micro finance, les privatisations, les commissions dans les structures de l’Etat, la corruption politique… ont fait l’objet de débats passionnés.
« Ce n’est pas fini, a assuré le président du comité préparatoire, M. Modibo Kéita, d’autres secteurs seront encore battus en brèche ». D’après Mme Coumba Yara Sy, le phénomène de la corruption est si ancré dans nos mœurs qu’il faut sévir. Elle a fustigé l’attitude défaitiste de ceux qui pensent qu’il est impossible d’éradiquer la corruption dans notre pays. Pour Mme Awa Sidibé, la corruption est présente dans tous les domaines d’activités.
La corruption, a-t-elle dit, peut assurer des intérêts momentanément, mais elle finit par détruire l’avenir et freiner le développement. Répondant à la pluralité des opinions, le président du comité préparatoire aux concertations régionales, M. Modibo Kéïta, dans son message, a indiqué : « vous faites écho à la volonté du gouvernement d’enrichir la stratégie de lutte contre la corruption et la délinquance financière, d’une dimension qui se nourrit de l’implication des populations dans la définition et la mise en œuvre de mesures concrètes.
Comme vous le savez, le phénomène de la corruption a marqué, à des degrés divers, l’histoire de notre pays. Les régimes qui se sont succédé, l’ont indexé et ont exprimé leur volonté de le combattre. S’il continue de se manifester et de revêtir aujourd’hui des proportions inquiétantes minant le tissu économique et ébranlant les valeurs sur lesquelles repose notre société, il ne faut pas conclure à la fatalité ; il ne faut point se résigner.
Ce pays compte encore des hommes et des femmes qui fondent la réussite sociale sur le travail, la compétence, l’intégrité, le mérite, en un mot, sur le caractère. Il arrive que la reconnaissance du mérite, la réussite sociale, se fraient patiemment, péniblement leurs chemins face à des percées fulgurantes, prenant l’allure des éclairs qui aveuglent et agressent les citoyens et citoyennes qui suent sous la pluie et ploient sous le vent.
On sait que ces éclairs d’une saison finissent leur course derrière les montagnes et les dunes de la désillusion ». M. Modibo Kéita a fait prévaloir la dimension pédagogique visant notamment : le renforcement de la prise de conscience, par le public, du phénomène, de sa nature, de ses manifestations et de ses conséquences négatives sur la promotion collective ; l’émergence chez le public, de réflexes incitant les usagers à exiger partout des prestations de services de qualité dépouillées du subjectivisme, du népotisme, de la cupidité.
Le président du comité préparatoire a laissé entendre que la lutte contre la corruption et la délinquance financière s’inscrit dans la durée, qu’elle fait appel à des mesures de répression mais aussi et surtout à des stratégies de prévention. Il a ajouté : « l’identification des chemins par lesquels le crime s’accomplit, l’obstruction de ces voies douteuses par des mesures positives appropriées et régulières évaluées, contribuent à perturber le criminel et à le placer, ne serait-ce que pour un instant, devant son impuissance.
On sait que le génie du mal est coutumier du labyrinthe, à la recherche obstinée des déviations. » Les participants ont jugé que la corruption et la délinquance financière minaient gravement notre économie et créaient une situation d’injustice. Mme Awa Sidibé a proposé d’élaborer un plan d’action décennal de lutte contre la corruption et la délinquance financière.
Baba Dembélé
26 Septembre 2008