Amadou Diallo a été nommé PCA du Port autonome de Dakar au mois de juin dernier. Le service, dont il préside les destinées, a la particularité d’être un des maillons importants de la chaîne du transport et du partenariat économique avec les pays de l’Hinterland comme le Mali. Le choix du Mali pour sa première sortie est guidé par les relations socioéconomiques entre le Mali et le Sénégal et surtout la volonté de consolider les liens historiques qui unissent les deux peuples.
La visite de trois jours bouclée hier par le PCA Diallo était une prise de contact et d’imprégnation auprès notamment de l’ambassade du Sénégal au Mali, du ministère de l’Equipement et des Transports et de ses services rattachés, du Conseil malien des chargeurs (CMC), de la Chambre de commerce et d’industrie du Mali (CCIM), de la Compagnie malienne pour le développement des textiles (CMDT).
La rencontre s’est élargie à de gros exportateurs de la place. La même mission doit conduire M. Diallo dans six pays africains situés sur la côte. C’est dans ce cadre qu’il se rendra aujourd’hui même à Abidjan (Côte d’Ivoire) avant Nouakchott et Nouadhibou (Mauritanie). La seconde phase de sa mission le ramènera à Bamako pour le suivi des travaux de construction des Entrepôts sénégalais au Mali (Ensema).
Le projet de port sec, qui se traduira par la construction au terminal des conteneurs de Korofina des Ensema, est un pas décisif du rapprochement du Port de Dakar aux pays continentaux. Il s’agit, selon le DG des Ensema, Ibra Guissé, d’un important programme de 7,5 milliards de F CFA financé par la BID. Les infrastructures des Ensema qui sortiront de terre en août 2006 comprendront une aire de stockage de 50 000 t de marchandises, des chambres froides, etc.
L’adjoint du DG des Ensema, Grégoire Diatta, ajoute pour sa part, que ce port sec est la concrétisation du transfert d’une partie des activités portuaires à d’autres pays comme le Burkina Faso et le Niger en faisant de Bamako une sorte de locomotive. « Cela fait partie de la vision du président de la République, Me Abdoulaye Wade, pour réaliser l’intégration africaine », affirme le PCA Amadou Diallo.
Le Port autonome de Dakar, à en croire son PCA, est engagé dans un vaste chantier de développement de ses capacités d’un montant de 30 milliards de F CFA d’emprunt obligataire. Ce chantier concerne l’agrandissement du môle II du Port en vue de construire un terre-plein assez vaste, la construction d’un 3e poste à quai capable de recevoir les bateaux et stocker les marchandises, enfin la création d’une plate-forme de distribution pour permettre aux camions une fluidité et une mobilité urbaine renforcée par la réalisation d’une route de contournement à l’intérieur du port. Tout cela, explique le PCA, est soutenu par la sécurisation des installations portuaires reconnue par le système international qui n’est autre que le code ISPS.
Une autre ambition du Port est le développement du transport multimodal qui sera plus bénéfique pour le Mali et le Sénégal et aux autres pays de la sous-région. La combinaison du transport terrestre, ferroviaire et fluvial promet des perspectives certaines pour l’avenir du corridor Dakar-Bamako.
Bien d’espoirs sont aujourd’hui fondés sur la navigabilité du fleuve Sénégal dans le cadre du programme OMVS et la réalisation de la route Dakar-Sareya-Kita. Selon le bilan des transports 2005 sur l’axe Dakar-Bamako, le flux des marchandises est estimé à 1,150 millions de tonnes contre 400 000 t les autres années. Cette performance, selon M. Guissé, est due en partie à la jonction du transport routier (Dakar-Djidiéni-Bamako) et ferroviaire.
La philosophie des acteurs portuaires du Sénégal est que le Port de Dakar soit la porte d’entrée naturelle du Mali sur la mer. Au nom de l’histoire et la géographie et surtout des 1228 km qui séparent les deux pays, nos relations économiques sont condamnées au partenariat. « Nous avons une relation économique sociale renforcée par l’histoire et la culture. Ce n’est pas un problème de concurrence entre pays portuaires », soutient M. Diallo.
Abdrahamane Dicko
19 janvier 2006.