“A ceux de la moitié du globe dans les huttes et des villages, qui se battent pour briser les chaînes de la misère populaire, nous nous engageons fermement à les aider à s’aider eux-mêmes pendant le temps que cela prendra… parce que c’est juste”, a déclaré le président John F. Kenedy en 1961 dans son discours inaugural.
Comme résultat des efforts du président Kenedy, le corps de la paix fut créé en 1961 en tant qu’agence gouvernementale américaine pour partager avec le monde la ressource la plus précieuse de l’Amérique, son peuple. Les volontaires du Corps de la Paix servent dans 74 pays d’Afrique, d’Asie, des Caraïbes d’Amérique du centre et du sud, d’Europe et du Moyen-Orient.
A l’invitation du gouvernement du Mali, le Corps de la Paix américain a envoyé les premiers volontaires au Mali en 1971. Dès lors, environ 3 000 américains ont servi au Mali comme volontaires.
Les volontaires s’engagent pour une durée de deux ans et sont orientés sur l’une des cinq filières techniques dont chacune se trouve rattachée à un ministère au sein du gouvernement du Mali. Pour mieux comprendre cette structure qui œuvre dans notre pays depuis plus de 30 ans, nous avons approché son Directeur M. Michael J. Simsik, Ed.D. Et dans un entretien exclusif, le Directeur nous parle du corps de la paix :
Nouvel Horizon : Depuis quand êtes-vous à la tête du Corps de la Paix au Mali ?
Michael J. Simsik, Ed.D : Je suis ici au Mali et je suis très heureux d’ailleurs en tant que Directeur du Corps de la Paix depuis le mois d’avril 2008. Mais j’étais ici au Mali depuis juillet 2006 en tant que Directeur Adjoint.
N.H : Pouvez-vous nous parler de la différence entre le Corps de la Paix et les autres organisations d’aide américaine au Mali?
M.J.S : Nous sommes très différents des autres organisations comme l’USAID ou le MCC “Millennium Challenge Coorporation” parce que nous sommes très petits à côté de ces autres organisations. Par exemple, au Mali pour l’année qui vient, le budget de l’USAID dépasse de 20 voire 30 fois le budget du Corps de la Paix .
Donc il y a une grande différence de taille. Ainsi, notre manière de travailler est très différente, parce que le Corps de la Paix travaille surtout à la base dans les zones rurales partout à travers le pays. L’USAID et le MCC travaillent à un niveau supérieur que le Corps de la Paix . Nos volontaires travaillent et sont affectés directement dans les villages.
N.H : Quels sont les domaines d’intervention du Corps de la Paix dans notre pays ?
M.J.S : Actuellement, nous évoluons dans cinq domaines majeurs au Mali, il s’agit de l’environnement, (gestion de ressources naturelles, l’agriculture…), la santé (prévention des maladies transmissibles, le malaria…), l’eau et l’assainissement (hygiène dans les villages, l’accès à l’eau potable), la promotion de petites et moyennes entreprises et l’éducation. Ce dernier est un nouveau programme et pour le moment, il n’a pas une telle envergure et les années à venir surtout au niveau des écoles primaires.
Aussi, certains volontaires vont enseigner l’anglais à la FLASH (Faculté des Lettres, Langues, Arts et Sciences Humaines) à l’université de Bamako.
N.H : Pouvez-vous nous parler de l’impact du Corps de la Paix au Mali après 37 ans d’existence ?
M.J.S : Justement, c’est ce travail que nous sommes en train de faire actuellement, c’est-à-dire de faire une évaluation de notre impact sur le terrain. A l’heure actuelle, nous faisons une étude pilote pour étudier d’abord notre secteur de petites et moyennes entreprises et après viendra l’étude générale de nos programmes. Ce que je peux dire, c’est que nous sommes très contents de l’appui donné par les volontaires.
L’impact de notre intervention se voit surtout à la base. Je ne peux pas dire qu’on a transformé tout le pays là où on a intervenu, mais une nette amélioration s’est faite dans le changement de comportement des gens, l’éducation sanitaire. Nos partenaires sont très contents du travail réalisé.
N.H. : Quelles sont les difficultés que vos agents “volontaires” rencontrent ici au Mali ?
M.J.S : A propos des difficultés que les volontaires rencontrent ici, c’est le jeune âge de nos volontaires, ils viennent avec des diplômes et pas assez d’expérience. Pour certains, c’est leur première fois de sortir hors des USA. Il y a là un réajustement culturel à faire pour s’adapter à la culture malienne. Au début, c’est vraiment difficile pour ces jeunes d’apprendre aussi la langue. C’est aussi difficile pour ces jeunes qui quittent leur famille et les amis des Etats-Unis, ils se sentent seuls et stressés souvent dans ces villages au niveau de la communication. Mais malgré tout cela ils s’adaptent très vite aux conditions de vie de leur village d’accueil.
N.H. : Et votre mot de la fin M. le Directeur ?
M.J.S : C’est ce que je dis souvent aux volontaires nouvellement arrivés. Depuis 47 ans, le Corps de la Paix existe et les Américains ont une certaine image de l’Afrique. Et pour eux, il s’agit de vivre une expérience réelle de ce qu’on imagine de la vie en Afrique.
Je leur dis que c’est la vraie expérience car c’est différent du Corps de la Paix de Bolivie ou d’ailleurs. Et cela s’illustre avec le sentiment de tous nos volontaires après leur service au Mali. 100% de ces volontaires souhaiteraient avoir une nouvelle chance au Mali. Et cela est dû au peuple malien, l’accueil qu’il réserve à ces volontaires, et les familles d’accueil sont incroyables avec ces jeunes volontaires.
Elles leur donnent tous des noms locaux, c’est toutes ces choses qui satisfont ces jeunes. Je remercie tout le peuple malien pour cela et aussi le gouvernement du Mali.
Réalisée pae Moussa KONDO (Stagiaire)
18 Septembre 2008