La visite de l’ancien premier ministre français est intervenue quelques semaines après celle de l’actuel Ministre de l’intérieur du même pays, Nicolas Sarkozy.
Sommes nous en face de l’extériorisation des questions qui divisent la classe politique française ? En tout cas, les deux personnalités françaises qui viennent de se relayer au Mali constituent deux visions politiques différentes s’affrontant âprement en France sur des questions qui s’exportent au-delà des frontières hexagonales.
La différence entre les deux bords politiques se lit dans leurs approches du problème de la migration internationale. Tandis que M. Sarkozy, candidat pressenti à la candidature en 2007, subit des tirs à boulets rouges pour avoir été le concepteur de la loi sur l’immigration choisie, M. Fabius bénéficie de l’image cardinale de l’humaniste, au Mali.
L’occasion avait été donnée à l’ancien premier ministre socialiste français de partager sa vision de l’immigration avec les Maliens au centre culturel Français, le mercredi 28 juin 2006.
Sous le thème « Développer l’Afrique, changer la mondialisation », cette conférence a permis à M. Fabius d’exposer la solution qu’il préconise au problème de l’immigration.
Selon le député socialiste français, la réponse au problème relève de trois questions : le développement, le respect des droits des immigrants et l’endiguement de la clandestinité.
En dehors de l’actualité brûlante, M. Fabius a largement débattu du thème de la conférence. « L’Afrique serait dans la bonne direction », a commenté le conférencier.
Pourtant, reconnaît-il, il y a des faits encore en Afrique qui plombent le développement du continent. Parmi ces problèmes les plus encombrants seraient les maladies et les guerres avec leur cortège d’enfants soldats.
Et M. Fabius d’annoncer que la crainte que suscitent ces problèmes est de voir l’Afrique dans l’incapacité de réaliser les objectifs du Développement pour le Millénaire.
Par ailleurs, l’ancien premier Ministre français est convaincu que l’Afrique bouge avec sa croissance de 5% qui peut se maintenir, la poussée de la démocratie et l’émergence de nouveaux acteurs qui s’intéressent au continent, comme la Chine.
Mais ses signes d’espoir ne sauraient, selon le conférencier, porter leurs fruits qu’à certaines conditions notamment que cette croisée des chemins ne fasse pas de l’Afrique un « Far West » par exemple.
Le député socialiste n’a pas manqué non plus de critiquer la coopération entre le Mali et la France. Si, dit-il, la France a été accusée d’avoir entravé certaines reformes censées pouvoir avancer le Mali ou l’Afrique, « le pays des révolutions » a cependant aidé le continent à travers des politiques visant l’annulation des dettes bilatérales et le financement de l’aide publique au développement.
En somme, M. Fabius en a appelé à un nouveau pacte de partenariat entre le Mali et la France où chacun jouera pleinement sa partition.
Soumaïla T. Diarra
30 juin 2006.