Le Millenium Challenge, un projet ambitieux financé par les États-Unis, risque de ne jamais voir le jour, à cause de la bureaucratie et… du conseil de surveillance.
Le Millenium Challenge est un projet de 5 ans. Notre pays, dans ce cadre, bénéficie d’une enveloppe d’à peu près 245 milliards de F CFA (460,8 millions de dollars), pour trois projets : la modernisation de l’aéroport de Bamako-Sénou, l’extension des aménagements hydro-agricoles à Alatona, en zone Office du Niger, et la construction d’un parc industriel à Sénou.
Mais, à ce jour, rien de visible. D’ailleurs, depuis longtemps le projet n’a même pas de directeur. Il y a eu trois appels d’offres infructueux. La deuxième fois, une dame, une Malienne, qui travaille en Guinée pour le compte du Système des Nations unies, avait été retenue. Mais, informée des « tracasseries » qui l’attendent de la part du conseil de surveillance, elle s’est désistée finalement, quoique sa proposition salariale de 8 millions de F CFA eût été acceptée.
Au troisième round, une autre Malienne, plus qualifiée était en tête de liste. Mais, curieusement, c’est la seconde qui aura la préférence du conseil de surveillance. « On ne sait pas quel rapport des auditions et dépouillements a été fait à ATT. Sinon, c’est Mme Sow qui, logiquement, avait le profil idéal », affirme une source proche du dossier.
Celle qui a été retenue tarde également à entrer en fonction, car elle veut 8 millions mensuels comme la première, compte tenu de son CV. Le projet lui-même prévoit pour le directeur un salaire plafonné à 3,5 millions de F CFA par mois. La nouvelle directrice se chamaille donc encore avec le conseil de surveillance sur la question de ses émoluments.
Omniprésence, omnipotence
Tout le problème du projet se trouve au niveau justement de ce conseil de surveillance. Normalement, il a un rôle de conseil d’administration. Mais, visiblement, certains de ses membres ne comprennent pas leur rôle de cette façon. Ils sont présents tous les jours, s’impliquant dans le fonctionnement quotidien de la structure, voulant faire recruter des proches à tous les postes et surtout engageant la structure dans des dépenses somptuaires et inutiles.
Ainsi, le siège actuel, tout un niveau de l’immeuble ACI-2000, revient à pas moins de 9 millions de F CFA par mois. Certains du conseil de surveillance y ont exigé des bureaux. Au niveau de la politique salariale, c’est en fonction de la tête du client et de « celui qui est derrière ». Par exemple, l’assistant du directeur de passation des marchés est mieux payé que son patron direct. Et ce n’est pas un cas isolé !
Les représentants de la société civile au niveau de ce projet ne sont pas exempts de reproche. La plus grande partie des difficultés qui n’ont rien à voir avec la réalisation du projet vient d’eux.
Et pendant ce temps, les cinq ans s’écoulent inexorablement. D’ailleurs, « le moratoire » que John Anderson, représentant résident du Millenium Challenge Corporation au Mali et Diango Cissoko, ministre secrétaire général de la présidence de la République, viennent de signer sonne comme un avertissement. Déjà, dans certains pays, pour moins que ce que nous observons ici, le MCA a été retiré.
Alexis Kalambry
15 Septembre 2008