Le Mali et la Tunisie ont noué des relations diplomatiques dès les premières heures de l’Indépendance. Cette coopération est, aujourd’hui, un exemple de coopération Sud-Sud pour le renforcement de laquelle les présidents Amadou Toumani Touré et Zine Abidine Ben Ali ne cessent d’œuvrer.
Les opérateurs économiques des deux pays entendent tirer le maximum de profit de cette belle entente. C’est pourquoi, depuis quelques jours, une forte délégation d’opérateurs économiques tunisiens est à Bamako pour explorer, avec leur homologues maliens, les opportunités d’affaires et de partenariat dans différents secteurs : développement logiciel, textile, draps et serviettes de bain, fonderie et articles de cadeaux, équipements informatiques et carrelage…
La délégation est conduite par Slim Zarrouk, chef de Cellule de l’Institut Arabe des Chefs d’entreprises (IACE) qui regroupe plus de 400 grandes entreprises tunisiennes.
Accompagné par l’ambassadeur de Tunisie au Mali, Farhat Cheour, cette délégation a rencontré, à l’hôtel Salam, les opérateurs économiques maliens conduits par le président de la CCIM, Jeamille Bittar, en présence du PDG de la BMS-SA, Babali Ba, également président de l’Association professionnelle des institutions financières du Mali.
Plantant le décor lors de la séance de travail, l’ambassadeur de Tunisie au Mali a rappelé l’exemplarité de la coopération entre les deux pays, notamment sur le plan économique, avec une augmentation en 2005, de 120 % des exportations de son pays vers le Mali. « Le Mali offre de grandes potentialités d’investissements, de coopération et de partenariat de par ses richesses naturelles, la confiance de la communauté internationale, la grande volonté de ses dirigeants et de son gouvernement à assurer à la population les meilleures conditions de vie en assurant la sécurité alimentaire, les logements sociaux, les nouvelles technologies de communication. La coopération Sud-Sud trouve dans ce sens, sa raison d’être, à l’image de l’excellence des relations tuniso-maliennes » insistera le diplomate, Farhat Cheour.
Une masse monétaire de plus de 800 milliards de FCFA
Le choix du Mali ne pouvait alors qu’être judicieux dans un tel contexte. « Notre organisation (NDRL : IACE) créée en 1984, est une nouvelle génération d’hommes d’affaires qui croient en la coopération Sud-Sud. Le Groupe a la volonté de partager son expérience avec ses amis maliens et de s’inspirer en même temps de la leur » a laissé entendre, M. Slim Zarrouk. Avant de justifier le choix de notre pays « à cause des relations privilégiées entre les deux pays, la stabilité politique, et surtout l’existence d’un vol direct de la compagnie Tunis-Air entre les deux capitales« .
Au cours de la rencontre, les visiteurs ont eu droit à des exposés sur notre pays, plus précisément sur le secteur bancaire et monétaire et le climat des investissements. Ces exposés ont été présentés par les représentants des ministères de l’Economie et des finances, de la Promotion des investissements à travers le CNPI. Il y a aussi eu un exposé sur le transit des marchandises par Sambou Kéïta de CATTA, une société de transit.
Il ressort de la communication sur le secteur bancaire et monétaire présentée par Sidi Mohamed Seck, conseiller technique au ministère de l’Economie et des finances, que ce secteur compte 12 banques dont deux spécialisées et 4 établissements financiers qui étaient crédités en 2005, d’une masse monétaire estimée à 820 milliards de FCFA constituée, surtout de ressources à cours terme.
Le secteur bancaire national, qui évolue dans un contexte sous-régional, dans le cadre de l’UEMOA et de la CEDEAO, est surtout confronté, d’une part, à l’absence de ressources longues et, d’autre part, à un taux de dégradation élevé (20 %) supérieur à la moyenne de la sous région qui tourne autour de 13 %.
Quant au climat des investissements, il se caractérise par la volonté sans faille exprimée par les plus hautes autorités du pays de faire du secteur privé le moteur du développement économique.
Des opportunités d’investissements dans l’agro-industrie, les BTP, le tourisme…
En plus de cette volonté politique et d’une position géographique stratégique qui le place au cœur de l’Afrique de l’Ouest, le Mali dispose d’énormes potentialités d’investissements dans le domaine agro-sylvo-pastorale : aménagements agricoles, les intrants et équipements agricoles, la transformation des produits agricoles, avec en tête le coton, de maraîchages, les fruits et légumes, la transformation des produits d’élevage tels peaux et cuirs, les besoins en abattoirs modernes.
Dans le domaine des bâtiments et travaux publics, les opportunités d’investissements concernent la cimenterie, la fabrique de chaux et la plâtre, le fer à béton, d’autant plus que le pays regorge suffisamment de matières premières pour ces produits. L’agro-alimentaire, notamment l’industrie sucrière est aussi un créneau d’investissement.
Avec quatre sites classés patrimoine mondial par l’UNESCO, le tourisme aussi, peut constituer une piste à explorer si l’on sait que les Tunisiens ont une expérience avérée dans ce secteur qui ne manque pas d’atouts dans notre pays.
A ces potentialités, il faudra ajouter le code des investissements qui a été révisé pour le rendre plus attractif avec des avantages considérables.
En tout cas, les visiteurs tunisiens ont été largement édifiés par la partie malienne.
En conclusion, l’ambassadeur de la Tunisie s’est déclaré très confiant avant de souhaiter que « ces contacts et cette sphère de rencontre entre les opérateurs économiques puissent poser une autre pierre dans l’édification des relations de coopération entre les deux pays« .
Youssouf CAMARA
1er juin 2006.