Un flux d’investissements estimé à 421 milliards de F CFA
Le Mali a opté pour une économie libérale basée sur l’initiative privée.
Grâce aux réformes macroéconomique initiées à partir de 1992 et amplifiées depuis 2002, il est parvenu à réaliser certains équilibres fondamentaux qui ont pu entraîner une croissance régulière variant entre 5 à 6% l’an.
Cette performance a permis au Mali d’être classé au 1er rang des Etats membres de l’UEMOA de 1994 à 2002 selon une étude de l’UEMOA réalisée en 2003.
Une analyse de la contribution du secteur privé à l’économie nationale amène à réfléchir sur l’importance des entreprises, des investissements et des échanges commerciaux.
Concernant l’importance numérique des entreprises industrielles, il convient de souligner que c’est partir du recensement de 2000, que celles-ci ont été estimées à 20 000 dont 2 000 seraient des unités modernes formelles parmi lesquelles 340 sont industrielles et 243 actives et 97 effectivement fermées pour diverses raisons.
Selon le recensement de la Direction nationale de la statistique et de l’informatique (DNSI) auprès de 243 entreprises industrielles en 2001, les entreprises individuelles sont les plus nombreuses dans cette population avec 35, 4%.
Toute chose étant égale par ailleurs, cette situation demeure toujours pratiquement la même en 2006 en raison de la nature même des activités.
Les sociétés à responsabilité limitée (SARL) représentent 29,7 % dont 1, 6 % pour les sociétés universelles anonymes à responsabilité limitée (SUARL) et les sociétés anonymes « SA » 27, 2 % dont 3,3 % pour les sociétés anonymes unipersonnelles « SAU « .
En prenant en compte le fait que les SUAL et les SAU ne possèdent juridiquement qu’un associé, il apparaît que 40,3% des entreprises maliennes ont un caractère individuel.
Par la taille, la quasi-totalité des entreprises maliennes est constituée de PME si l’on tient compte du chiffre d’affaires ou des effectifs du personnel. Il n’y a toujours pas de définition de PME/PMI au Mali ni du reste au niveau régional à l’UEMOA et à la CEDEAO.
Selon l’étude PRIESP sur les 100 plus grandes entreprises maliennes, aucune d’elles ne possède la taille optimale pour aspirer à la compétitivité internationale.
1 % seulement d’entre elles a un chiffre d’affaires supérieur à 100 milliards de F CFA, 22 % ont un chiffre d’affaires compris entre 10 à 100 milliards de F CFA et 77 % ont un chiffre d’affaires annuel inférieur à 10 milliards de F CFA.
Au plan de l’utilisation du personnel, 7 % seulement des entreprises utilisent plus de 1000 employés contre 4 % employant des effectifs compris entre 500 à 1000 employés ; 10 % entre 100 et 500 employés et 29 % moins de 50 salariés.
La moitié des grandes entreprises maliennes a des effectifs ne dépassant pas 100 agents. Pour les entreprises 68, 7 % de ces entreprises ont moins de 50 salariés et seulement 7,8% ont 100 salariés et plus. En comparaison de l’ensemble des grandes entreprises maliennes, les entreprises industrielles utilisent peu de ressources humaines « labor intensive« .
Le secteur privé malien est dominé par les entreprises de services et principalement les sociétés commerciales orientées exclusivement vers l’importation et la distribution des biens manufacturés.
Selon l’étude PRIESP, les deux tiers des grandes entreprises sont des entreprises de services, 35 % ou commerciales, 31 % et seulement 19 % sont des entreprises industrielles parmi lesquelles dominent les boulangeries, les boissons et les imprimeries à 80 %.
Environ 95 % des 100 plus grandes entreprises sont situées dans le District de Bamako, 3 % dans la région de Sikasso, Ségou 1 % et Koulikoro 1%.
Les entreprises industrielles sont concentrées dans le District de Bamako qui est suivi par les régions de Sikasso avec 12 % et Ségou 7 %. 91 % des entreprises sont privées dont 79 % entre les mains des nationaux.
L’effectif des entreprises mettant en association Maliens et étrangers est de 13 %. Ce qui est loin d’être négligeable.
Il y a, en tout, 250 firmes, soit 12 % du total des entreprises privées, qui sont étrangères. La libéralisation consacrée par les textes législatifs a été observée et mise en pratique. D’où la participation des étrangers aux investissements privés et à la création d’entreprises.
S’agissant des investissements nationaux, les investissements privés sont nettement supérieurs aux investissements publics et représentent un peu plus de 10 % du PIB.
La part du secteur privé dans le total des investissements a fluctué entre 55 % et 60 % sur la période de 1993-2002. Cette contribution était supérieure à celles enregistrées dans l’ensemble de l’Afrique subsaharienne. Cependant, à partir de 1998 la tendance a été inversée.
Depuis 1998, la part des investissements privés maliens dans le total des investissements nationaux est en dessous de la moyenne africaine. Le flux des investissements directs étrangers a évolué positivement au cours des quinze dernières années.
Ainsi de 1989 à 1994, le flux annuel moyen était de 1100 milliards de CFA. De 1995 à 2000, ce flux fut porté en moyenne annuelle à 36, 025 milliards de F CFA. Enfin, le flux a atteint 412 milliards de F CFA en quatre ans avec une moyenne annuelle de 105, 2 milliards de F CFA.
Les investissements nationaux, enregistrés dans le cadre du Code des investissements, se sont accrus au cours des trois dernières années (2003 à 2005) atteignant 210 milliards de F CFA, soit une moyenne annuelle de 70 milliards de F CFA.
Par rapport aux échanges commerciaux, il convient de souligner que le retrait de l’Etat des fonctions marchandes a permi au secteur privé d’occuper tout le secteur des échanges commerciaux dont la balance commerciale déficitaire pendant plusieurs décennies, a connu ses premiers excédents à partir de 1995.
La contribution des échanges commerciaux au PIB n’a pas cessé de s’améliorer de 2000 à 2005. Les évolutions d’une année à l’autre, surtout au niveau des exportations, s’avèrent positives et confirment une tendance qui pourrait être maintenue à condition que le niveau des cours mondiaux ne fléchisse pas et que le coût du pétrole ne progresse pas trop.
Au niveau des importations, ainsi, par ordre d’importance, les principaux fournisseurs du Mali sont les pays de l’Union européenne parmi lesquels la France vient en tête avec 44% des importations, les Etats de l’UEMOA dont la Côte d’Ivoire et le Sénégal, entre autres. S’y ajoutent l’Asie et l’Amérique.
La structure des importations par produit reste marquée par la prédominance des biens d’équipement tels que les machines, les matériaux de construction qui représentent 40,6 % du total, soit 295, 3 milliards de F CFA.
Les importations sont toujours dominées par cinq grandes catégories de produits avec 60 % de la valeur totale des importations. Il s’agit des produits alimentaires, les hydrocarbures, les biens intermédiaires, les biens d’équipement et véhicules et les matériaux de construction.
Ces importations correspondent à des besoins incompressibles du secteur privé notamment et dont l’évolution constitue un indicateur de la croissance économique.
Les produits importés pour lesquels existe une industrie malienne sont peu importants et soulignent la faiblesse et l’incapacité de cette industrie à répondre aux besoins nationaux.
Cette constatation découlant des chiffres du commerce extérieur, permet de souligner que le Mali ne connaît pas en réalité un problème de marché, mais de prix pour ses produits industriels et primaires à l’exportation.
Par ailleurs, on relève que 45 % des exportations vont vers l’Europe contre 44 % d’importations. Les exportations sont constituées de deux produits de rente. Il s’agit de l’or et du coton. Ces deux produits ouvrent pour le Mali les portes de l’économie mondiale et soumet les opérateurs économiques maliens à la régulation de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC).
Les exportations sont dominées par trois produits leaders que sont le coton égrené, l’or et le bétail qui, selon les années, totalisent 75 à 80 % de la valeur totale des exportations.
Alors que la valeur du coton a commencé à décliner à partir de 1998, celle de l’or augmente régulièrement tant en valeur qu’en quantité produite.
Le volume des exportations augmente, d’année en année, tandis que celui des importations connaît une certaine diminution.
Il s’agit d’une évolution positive qui traduit l’amélioration de la compétitivité du Mali même si sa place dans le commerce mondial demeure plus que faible. Elle est marginale avec 0,0065.
Par ailleurs, on notera que la part du Mali dans les échanges commerciaux est de 0, 0098 en 2000 pour s’améliorer en 2001 à 0,012 avec une chute en 2003 à 0,00658.
Cette situation de marginalisation du Mali au niveau mondial apparaît pratiquement identique à celle de la plupart des pays en développement.
Une telle situation est appelée à être corrigée en prenant en compte ses causes réelles qui sont, entre autres, l’absence de diversification des produits d’exportation, l’insuffisance de produits industriels à l’exportation et la faible compétitivité de l’économie malienne.
Ces quelques raisons constituent un handicap sérieux qui rend l’économie malienne très vulnérable aux chocs extérieurs. De plus, le terme de l’échange ne lui est guère favorable.
Abdoul Karim KONE
14 septembre 2006.