Depuis la défaite des Aigles B lors de la finale du tournoi UEMOA le 9 Novembre dernier à Bamako, les commentaires et supputations vont bon train. Aussi, bien des Maliens n’hésitent plus à dire que le sport malien est “maudit”. Et d’en avancer plusieurs raisons au nombre desquelles sont surtout évoquées les méchancetés gratuites et inutiles et l’injustice faite aux anciens sportifs de tous bords.
Comme on le sait, que ce soit en football, en basket-ball ou dans d’autres disciplines, certains anciens sportifs avaient fait vibrer le coeur des Maliens à travers l’Afrique et le monde entier. C’est dire que même si le Mali n’a pas pu remporter des trophées africains, ce n’est pas faute d’avoir essayé.
Ils avaient “mouillé le maillot”
A l’époque, tous les Maliens sont unanimes à reconnaître que ces anciens sportifs avaient mouillé le maillot et étaient “tombés dans les champs de bataille avec honneur et les armes à la main“. Ainsi, on se rappelle de certaines finales jouées par le Mali.
En Football, les Aigles avaient perdu la finale, lors des Jeux de Brazza en 1965. Au niveau des clubs, le Stade malien et l’AS Réal avaient perdu respectivement en 1965 (Coupe des coupes) et en 1966 (Coupe des Clubs champions). Sans oublier les différentes mésaventures des Aigles à la CAN 1972 ainsi que les clubs des années 1970 jusqu’à nos jours.
En 1965, toujours lors des Jeux de Brazza, le Mali avait remporté sa première Médialle d’Or en Judo, grâce à Lamine Touré, et en Athlétisme grâce à Namacoro Niaré . Au niveau du Basket-ball, on se rappelle encore la génération des Séa Kanouté et Alassane Kanouté, autre autres.
Mais aujourd’hui, des laissés pour compte
Malheureusement, au jour d’aujourd’hui, ces anciens sportifs sont devenus des laissés pour compte. Et il n’est pas rare de les rencontrer en train d’errer, tels des âmes en peine, dans les rues de la capitale, dans les stades ou les terrains de sport.
Pourtant, ce sont des gens qui avaient abandonné leurs études (pour certains), ou qui s’absentaient de leurs services (pour d’autres), rien que pour aller défendre les couleurs du pays à l’extérieur,à chaque fois que le besoin se faisant sentir.
Même si le Président de la République, Amadou Toumani Touré, avait initié un projet d’insertion des anciens footballeurs – ce qui a permis de créer des centres de football dans les stades-, force est de reconnaître que des centaines d’anciens sportifs sont aujourd’hui oubliés et vivent dans une misère et une déchéance sociale totale.
Si les uns ont toute les peines du monde à joindre les deux bouts, les autres sont devenus tout simplement des désœuvrés, voire complètement fous. Selon nos informations, certains anciens sportifs ont été chassés de leurs domiciles pour cause de… frais de loyer non payés. Pourtant dans le temps, ils étaient la fierté de tout un peuple : le peuple malien.
Certains d’entre eux n’ont guère pu supporter cette humiliation, sinon une telle fin, et ont tout simplement préféré s’exiler au Sénégal, en Côte d’Ivoire, au Burkina Faso, au Niger, en Mauritanie..
Quant à ceux qui sont restés au pays, ils ne sont jamais consultés, pour ce qui concerne le développement du sport. Pire, ils ne associés, ni de près, ni de loin ,aux affaires du sport malien.
Ce qui fait qu’on assiste à la gestion du sport malien par des personnes qui ne maîtrisent aucune notion sportive. Toujours selon nos informations, les anciens sportifs projetent de se réunir pour revenir aux affaires, au sein des associations et fédérations sportives, prendre leurs destinées en main leurs destinées propres et celles du sport malien.
“Je peux dire aujourd’hui que le sportif malien est maudit, parce qu’il y a cumul d’injustices à l’égard des anciens sportifs. Tant qu’on ne réparera pas cela, le sport échouera au dernier acte”, a déclaré un observateur sportif.
Ces contre-performances étant toujours présentes dans le football où plusieurs anciens joueurs restent frustrés, espérons que les plus hautes autorités du pays et les instances sportives (telles que le Comité Olympique, les fédérations et associations sportives) pourront venir en aide à ces anciens sportifs oubliés.
Sadou BOCOUM
18 Novembre 2008