Le partenariat entre le 2e opérateur de téléphonie mobile, Ikatel, et la Fédération malienne de football (Malifoot) a fait long feu. Autrement dit, le contrat de financement du championnat national de football, signé le 26 décembre dernier entre les deux parties, est mis sous les boisseaux.
Ainsi en a décidé le DG d’Ikatel, Alioune Ndiaye, dans une correspondance en date du 18 janvier 2006 envoyée au président de Malifoot, Salif Kéita, avec ampliation au président de l’Assemblée nationale, au Premier ministre et au ministre de la Jeunesse et des Sports.
En l’absence de la directrice de communication, Mme Sangaré Coumba Kéita, et du chef de la division communication et marketing, Abdoulaye Kaya, le chargé des relations publiques, Salif Telly, nous a confirmé la lettre de résiliation de contrat faite par son DG au président de Malifoot. M. Telly, qui n’a pas voulu commenter l’esprit de la lettre, le juge cependant comme une manière d’éviter la crise au football malien qui n’est pas le souhait de sa société.
La lettre du DG, Alioune Ndiaye, dont la presse a pu se saisir d’une copie, est formelle. Ikatel ne cache pas en effet sa volonté d’aider le sport malien par la signature de ce contrat de sponsoring. Cela eu égard à son objectif d’entreprise citoyenne qui le fait participer dans de nombreux chantiers du développement. Cet idéal ne peut lui permettre de fermer les yeux sur un contrat décrié par le département des Sports, des partenaires et même des fans du ballon rond.
«… Face à la tournure prise par la signature du contrat nous liant à la Fédération malienne de football avec comme conséquence extrême, l’arrêt du championnat national de football, je viens solennellement vous annoncer notre disposition à résilier ledit contrat. Nous sommes disposés à le faire sans aucune réclamation auprès de qui que ce soit », a écrit le DG d’Ikatel au président Kéita.
Il poursuit : « une activité de sponsoring ne saurait être à l’origine d’une incompréhension entre les acteurs du développement du sport a fortiori entre l’autorité nationale chargée du secteur et ses partenaires. Nous adoptons cette démarche dans l’espoir que cela contribuerait au retour rapide à un climat d’écoute, de compréhension mutuelle et d’échanges, seul à même de promouvoir le football ».
Ikatel renonce à ses sous
Au ministère de la Jeunesse et des Sports, le cabinet préfère rester dans l’expectative, à en croire notre confrère Idrissa Dembélé dit Idy, chargé de mission. « Nous en prenons acte. La logique voudrait que nous restions dans l’expectative puisque nous n’avons rien signé. La balle reste dans le camp de la Femafoot. Ce qui est sûr, à aucun moment, nous n’avons demandé l’arrêt du championnat. C’est une décision de la Femafoot qui doit s’assumer », a déclaré Idy.
Il confirme que son ministère a été ampliateur de la lettre de résiliation du DG d’Ikatel au même titre que le président de l’Assemblée nationale et le Premier ministre.
Est-ce une pression exercée par le ministère des Sports ou les pouvoirs publics qui a conduit Ikatel à proposer une telle formule à son partenaire ?
Une question qui demeure si l’on sait que Ikatel pouvait bien traîner en justice, Malifoot qui a déjà perçu près de 100 millions de F CFA sur un montant global de 1,5 milliard de F CFA. Selon Idy, ce serait de la mauvaise foi de dire qu’Ikatel agit sous la pression du ministre de la Jeunesse et des Sports ou d’une autre autorité.
Sans préjuger des motivations réelles qui ont conduit Ikatel à agir ainsi, on pense plutôt au département des Sports, qu’il y a eu tellement de bruits autour de ce contrat, qu’Ikatel risque de se jeter de l’opprobre. « En tout état de cause, c’est à la Fédération de tirer toutes les conséquences de cette nouvelle donne », a expliqué le chargé de mission de M. Pléah.
Le contrat, à son analyse, comportait pas mal de zones d’ombres qu’il renfermait les germes de son autodestruction. Comme un marché de dupes, les co-contractants ont signé les documents sans être sûrs de l’application de leurs clauses.
Les aspects portant sur l’utilisation du nom, l’image des équipes, des clubs et des compétitions à des fins publicitaires, promotionnelles ou commerciales sur et hors des sites à l’occasion des compétitions et événements ou encore l’octroi au 2e opérateur de GSM des droits publicitaires et promotionnels aux stades du 26-Mars et Modibo Kéita, patrimoines de l’Etat. Ce qui relève de la simple utopie.
Comme si tout cela ne suffisait pas, la Femafoot a délibérément caché à son département de tutelle la copie du contrat qu’elle a frappée du sceau de l’extrême confidentialité.
Toutes choses qui ont fait que le ministère n’était ni présent ni représenté à la signature des documents. La résiliation à l’amiable et sans contre-partie financière proposée par Ikatel ressemble fort à une porte de sortie indiquée à Malifoot.
Abdrahamane Dicko
24 janvier 2006.