Le contentieux né de l’élection des 92 membres consulaires du district de Bamako s’invite à l’Assemblée nationale. Dans les jours à venir, le ministre de l’Industrie et du Commerce devra se soumettre au feu roulant des questions orales de l’honorable Cheickna Hamalla Bathily, auteur d’une interpellation déposée le mardi 10 octobre 2006.
L’honorable Cheickna Hamalla Bathily, membre du Groupement des commerçants import-export du Mali et partisan d’Ousmane Guittèye, candidat au poste de président de la Chambre de commerce et d’industrie du Mali (CCIM), a déposé le mardi 10 octobre 2006 une question orale à l’adresse du ministre de l’Industrie et du Commerce.
Ce faisant, le député élu dans la circonscription de Nioro du Sahel invite Choguel Kokalla Maïga à s’expliquer devant la représentation nationale sur les graves dérapages qui ont émaillé le déroulement du scrutin du 1er octobre 2006 devant élire les 92 membres consulaires du district de Bamako.
L’élection controversée du président sortant de la CCIM, Jeamille Bittar, par le truchement de votes par correspondance est à l’origine de la présente interpellation.
La liste B de M. Bittar, qui a remporté les deux sections sur trois (commerce et service), est accusée d’utilisation abusive et frauduleuse de votes par correspondance. Il a totalisé 405 procurations pour 305 votes physiques. La liste A de Guittèye a en revanche gagné 583 voix en votes physiques sans aucune procuration.
Soupçon de complicité
Le ministre de tutelle est appelé à s’expliquer sur l’article 13 de l’arrêté réglementant les élections consulaires à la Chambre de commerce et d’industrie du Mali. Cet article, aux yeux de l’auteur de la question orale, le député Bathily, a créé plus de problèmes qu’il n’en a résolus. Selon le député, le ministre a tout fait pour appliquer le vote par correspondance en vue d’aider la partie adverse, en l’occurrence M. Bittar.
Le député Bathily étaye ses assertions par des propos tenus par Choguel Maïga lorsqu’un groupe de commerçants de la tendance Guittèye est allé le voir à son cabinet pour le convaincre d’annuler le vote par procuration. « Une des parties a bâti toute sa stratégie sur les votes par procuration, en acquittant les droits de patente pour ses électeurs. En annulant les procurations, ça peut être un gâchis financier pour ce groupe », aurait, semble-t-il, déclaré le ministre.
L’interpellation du ministre n’est ni plus ni moins que l’expression du soupçon de complicité avec le groupe Bittar.
En trois ans, le ministre Choguel serait passé maintes et maintes fois devant les députés pour répondre à des questions orales concernant ses dossiers sulfureux. Il a été notamment interpellé sur les poulets à la dioxyne et l’huile frelatée. C’est à croire que le scandale lui colle à la peau.
Abdrahamane Dicko
12 octobre 2006.