Le Mali, pays désenclavé recherche aide des partenaires techniques et financiers ». Cette banderole résume à suffisance, l’état de marasme dans lequel le Mali se débat.
Pays aux ressources limitées, le Mali est un vaste territoire d’une superficie de 1 421 238 km² situé au cœur de l’Afrique de l’Ouest. Il est frontalier avec sept pays sur environ 7 200 kilomètres et n’a aucun débouché sur la mer.
On peut alors aisément comprendre que l’économie d’un tel pays ne trouve son salut que dans le transport. Mais, comme pour ne pas faciliter les choses, c’est ce secteur vital qui est en panne.
On peut, bien sûr, noter les avancées significatives enregistrées avec les différentes actions du président de la République, Aamadou Toumani Touré. Cependant, les spécialistes s’accordent à dire que « beaucoup reste à faire, notamment dans le domaine de la réalisation des pistes rurales et des maillons manquants des grands corridors de communication ».
Des insuffisances notoires
Beaucoup reste réellement à faire. Et les illustrations ne manquent pas. Il faut au moins quatre heures de véhicule tout terrain pour parcourir les 70 km du tronçon Bandiagara-Ningary en pays dogon, l’une des zones touristiques par excellence.
Pour se rendre à Ténénkou ou à Youwarou à partir de Mopti, il faut, à certaines périodes de l’année, une semaine, car le déplacement se fait par pirogue, alors que la distance ne dépasse pas 150 km.
Dans les zones sud, grandes productrices de fruits et légumes, la production pourrit sur place tout simplement parce qu’elle n’a pas été transportée alors que le besoin en légumes est crucial dans certaines parties du pays.
Le parc routier, s’il a connu une certaine amélioration suite aux récentes mesures prises en faveur de son renouvellement, demeure encore pour une large part vétuste et hétérogène. Le chemin de fer est inadapté et souffre d’une insuffisance d’équipement ferroviaire.
Le fleuve Niger, notre principale voie fluviale, n’est pas navigable pendant toute l’année. Le lit du fleuve est menacé par l’ensablement qui, dans les années à venir, compromettra définitivement toute navigation si des mesures idoines ne sont pas prises.
Le transport maritime, qui permet l’approvisionnement de notre pays à travers les différents corridors, a connu en revanche un net progrès grâce aux infrastructures routières réalisées ou en voie de réalisation avec un appui des partenaires.
Mais, toujours est il que notre pays souffre de l’éloignement des ports dont le plus proche Abidjan se trouve plus de mille km de Bamako. S’y ajoute l’insuffisance et le faible aménagement des capacités de stockage mises à la disposition de notre pays dans les ports.
Quant au transport aérien, il cherche toujours ses marques malgré la création de la Compagnie Aérienne du Mali (CAM) suite à la libéralisation du secteur aérien.
Ces difficultés se traduisent par une perte énorme de ressources et de temps pour notre économie et nos populations.
La présente consultation sectorielle, faut-il le rappeler, fait suite à la Table Ronde des Bailleurs de Fonds du Mali, tenue à Genève, les 30 et 31 mars 2004 et après celle que le gouvernement a organisée à Bandiagara le 17 juin.
La première rencontre citée, l’on s’en souvient, était organisée avec le soutien du PNUD et avait pour objectif principal de relancer le dialogue entre le gouvernement et ses partenaires autour du Cadre Stratégique de Lutte contre la Pauvreté et de favoriser la mobilisation des ressources au service de cette stratégie.
Dans le même ordre d’idée, le ministre de l’Equipement et des Transports, Abdoulaye Koïta, a déclaré « qu’il est impérieux aujourd’hui de renforcer le dialogue entre nous eu égard au rôle transversal que les infrastructures de transport jouent dans la réalisation de la plupart des Objectifs du Millénaire pour le Développement ».
Pour Abdoulaye Koïta, il s’agit de rechercher les voies et moyens pour promouvoir le secteur des transports.
20 milliards de dollars par an pour l’infrastructure en Afrique
C’est pourquoi, a-t-il ajouté, « les présentes assises sont donc l’occasion pour le gouvernement malien de proposer à vous, partenaires techniques et financiers, sa vision pour promouvoir le développement des infrastructures de transport à l’horizon 2020 et échanger avec vous sur l’opportunité des projets jugés prioritaires qui contribueront à lutter contre l’enclavement ».
Le ministre Koïta de terminer sur ce message fort : « La présente rencontre est donc une opportunité pour le Mali et ses populations. Une opportunité pour créer l’espoir, une opportunité pour transformer ce handicap de pays enclavé en un atout économique, une opportunité pour faire du Mali une plaque tournante du réseau routier de la sous région ».
Pour le représentant de la Banque mondiale, Alassane Diawara, « l’importance du secteur des transports n’est plus à démontrer dans le développement économique et social du Mali ». Cependant, a reconnu M. Diawara, cette situation s’apparente à celle d’une bonne partie de l’Afrique et qui constitue une contrainte pour le développement du contient.
Les chiffres qui attestent cet état de fait sont, on ne peut plus, effarants : pour atteindre le taux de croissance de 7% nécessaire pour réduire de moitié la pauvreté monétaire, il faudra investir environ 20 milliards de dollars par an dans l’infrastructure africaine.
Environ 40% du total des besoins d’investissement sont imputables au seul secteur routier.
Par ailleurs, près de 40% de la population africaine vivent dans des pays enclavés où les coûts de transport sont élevés.
Enfin, pour atteindre le taux de croissance de 7% nécessaire pour réduire la pauvreté monétaire, l’Afrique devra investir 5% de son PIB dans l’infrastructure et 4% supplémentaires pour couvrir les dépenses d’exploitation et d’entretien nécessaires.
« C’est pourquoi les partenaires techniques et financiers du Mali apprécient, à juste valeur, la tenue de cette concertation qui sera l’occasion de définir les contours de solutions aptes à relancer l’économie du Mali par le biais des transports », a souligné le représentant de la Banque Mondiale.
Avant de jeter des pistes de réflexion axées sur la cohérence des propositions et la limitation des ressources allouées à l’entretien routier.
Avec les débats qui toucheront les pistes, les routes, les fleuves, le chemin de fer, l’aérien, la mer et aussi les voiries urbaines, on ose espérer que le secteur du transport prendra enfin son envol. Au grand bonheur de l’économie malienne.
Paul MBEN
23 juin 2006.