Face au retard accusé dans l’enroulement, la confection et la distribution des cartes biométriques sécurisées, les autorités de la Transition, apparemment soucieux du taux de participation au référendum du 18 juin prochain, ont décidé d’apporter une dérogation à la nouvelle loi électorale qui dispose en son article 7 aliéna 1 que « Nul ne peut être admis à voter s’il ne présente sa carte d’électeur biométrique ». Désormais, le citoyen inscrit sur la liste électorale, sans disposer pas de sa carte d’électeur biométrique, peut voter sur présentation d’une des pièces d’identité officielles : carte nationale d’identité biométrique sécurisée, passeport, carte NINA, carte nationale d’identité, carte consulaire, permis de conduire, livret militaire, livret de pension civile ou militaire. C’est ce qu’il ressort de l’ordonnance N° 2023-018, portant dérogation à la loi électorale, pris en conseil des ministres le 26 mai dernier. Si cette ordonnance qui en principe devient caduque dès la proclamation des résultats provisoires du référendum, va permettre à tous les Maliens d’aller exprimer leur voix, elle laisse du doute sur la crédibilité du scrutin. Dans un pays où pratiquement toutes ces pièces sont falsifiables, cette dérogation très spéciale donne l’occasion aux partisans du « NON » d’étaler au grand jour l’amateurisme des autorités de la Transition voire à d’éventuelles contestations des résultats qui semblent se dessiner en faveur du «OUI » après l’entrée dans la danse des opportunistes de la République. On peut d’ores et déjà s’interroger sur les raisons pour lesquelles une ordonnance intervient alors que la session des législateurs du CNT court au-delà de l’événement auquel elle est censée s’appliquer.
Amidou Keita
SOURCE : Maliweb