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La célébration du 8 juin denier, marquant le troisième anniversaire de l’investiture du Président de la République, a-t-elle sonné le glas du consensus politique au Mali ?

Rien n’est moins sûr. Puisqu’après les déclarations fracassantes du RPM sur la gestion de ATT, c’est le tour de l’Adéma de sortir de son carcan en dénonçant le consensus.

Le président des Abeilles a déclaré devant des journalistes et des militants Adéma de Gao que «le consensus actuel est antidémocratique et porte en lui même le germe antidémocratique».

La cité des Askia a-t-elle été choisie sciemment pour servir d’arbre à palabre (sous lequel les importantes décisions sont prises ou annoncées) ?

On sait que le Comité exécutif réside à Bamako et était pour les mêmes raisons qu’à Gao le mois dernier à Ségou.

Le président Dioncounda Traoré a toujours voulu garder le silence sur les méfaits du consensus et une éventuelle candidature de l’Adéma aux élections présidentielles de 2007 contre le locataire de Koulouba.

Il lui a suffi d’être dans le fief de Soumeylou Boubèye Maïga pour faire des déclarations qui créent la confusion et qui confirment quelque part les soupçons du Président de la République sur le fait que certains partis auraient leur agenda pour 2007.

En disant que le «consensus est antidémocratique» ou que «personne n’a dit que l’Adéma n’aura pas un candidat en 2007», Dioncounda Traoré fait-il du chantage ou de l’intoxication ?

Le président du parti Africain pour la solidarité et la justice n’ignore pas les soupçons qui pèsent sur son deuxième vice président de vouloir déstabiliser le régime de ATT.

Mieux Dioncounda Traoré avait la latitude de faire de telles déclarations à Bamako, mais aussi et surtout de refuser d’être complice d’un «consensus antidémocratique» en retirant purement simplement ses ministres du gouvernement.

Seulement, le président des Abeilles, même avec ces différentes déclarations, semble toujours rouler ses militants dans la farine.

Sachant que depuis trois ans l’Adéma est membre du gouvernement de consensus, Dioncounda Traoré aurait pu dire depuis quand le consensus est devenu «antidémocratique» et les raisons principales qui l’ont permis de l’attribuer un tel qualificatif.

«La gestion concertée» qu’il a mis au devant ne peut expliquer le fondement d’un tel positionnement si l’on sait que celle-ci est l’objet même du consensus.

Alors, les choses doivent être claires. On est la dedans où on ne l’est pas. Dioncounda doit, après cette sortie, poser des actes concrets pour monter à ses militants et à l’opinion nationale qu’il est très «sérieux».

En tout état de cause le président lui même a ouvert la brèche en disant que «le consensus n’est pas une camisole de force».

Idrissa Maïga

16 juin 2005