Sans être en fin de mandat, le pouvoir se trouve confronté à un certain nombre de problèmes qu’on pourrait attribuer à sa façon de gérer les affaires publiques qui, du reste, semble n’avoir pas été imposée à la classe politique à l’issue des élections présidentielles et législatives. A l’évidence, dans un pays en développement comme le Mali, où il existe un nombre de partis politiques jugé pléthorique tant par l’opinion publique nationale que par la classe politique elle-même, la gestion du pouvoir de façon consensuelle n’est pas aussi facile qu’on tente de le faire croire.
En effet, le consensus politique suppose qu’on met l’intérêt général par-dessus tout dans le cadre de la gestion des affaires publiques. C’est d’ailleurs pour cette raison que le Président de la République, au moment de la formation du gouvernement, a averti que tous ceux qui y sont ne doivent perdre de vue qu’ils représentent les populations plutôt que leurs partis ou leurs corporations. C’est l’intérêt supérieur de la nation qu’il faudra préserver à tout prix pour donner plus de chances à la réalisation des actions concrètes en faveur de l’amélioration des conditions de vie et de travail des populations et du développement socio-économique durable et harmonieux.
Mais, malgré tout, il est difficile de satisfaire tous ses partenaires dans le cadre d’une gestion consensuelle du pouvoir.
LE CONCENSUS ET LES AMBITIONS NOUVELLES
Forcément, dans le cadre de la gestion consensuelle du pouvoir, il arrive des moments où certains partenaires n’ont pas ce qu’ils désirent. Ainsi, refusant de se contenter de ce qu’ils ont, il arrive souvent qu’ils ne soient plus aussi sincères, coopératifs qu’au début.
Alors, certains passent, de façon détournée, par des méthodes peu orthodoxes tendant à saper le moral, et on constate des tentatives de déstabilisation, de dénigrement de l’action gouvernementale. Toute chose qui n’est pas de nature à assurer tout le monde dans le cadre du partenariat.
Or, le pouvoir ATT est à une étape décisive de son mandat, puisqu’il est pratiquement à mi-parcours et devra accélérer le rythme de travail pour le suivi des projets et autres actions déjà entamées, l’objectif final étant d’obtenir des résultats satisfaisants.
En parlant de bilan, même si ATT en est le premier responsable, il a l’avantage d’avoir à ses côtés toutes les grandes sensibilités politiques du pays qui l’assument en partie en participant à l’action gouvernementale. Cela oblige donc ses partenaires à la modération dans les critiques, à moins que les partis de l’opposition politique en gestation parviennent eux, à mieux s’organiser pour pouvoir former le rôle qui est le leur.
Or cette éventualité semble aléatoire en ce moment, quand on sait que ces partis sont de faible envergure politique, même si, par ailleurs, on sait qu’ils sont dirigés par des acteurs politiques expérimentés depuis l’ouverture démocratique. On parle souvent de l’absence de moyens financiers à leur niveau, mais il semble qu’ils ont plus besoin d’idées et d’organisation que de ressources financières pour mener à bien leur mission.
Eux, au moins avec leur option, ont vocation à critiquer et peuvent se permettre de le faire de façon ouverte, sans inquiétude parce qu’au fond, ils n’ont rien à perdre, au contraire, c’est leur dynamisme et leur persévérance dans ce sens qui leur conférera toute la considération et tout le respect. Parce qu’on verra en cela qu’ils assument leur responsabilité, celle de jouer franc jeu.
Mais en attendant les différentes composantes de la classe politique ont beaucoup évolué dans le sens de la réconciliation, une démarche qui se poursuivra et contribuera beaucoup à aider les partis politiques à cicatriser les nombreuses plaies. Dans ce processus, il reste entendu que certains partis politiques, sauf par extraordinaire, n’arriveront pas à cette approche relationnelle qui aboutisse à la réconciliation. C’est pourquoi chacun d’eux appartiendra toujours à un des différents blocs politiques qui existeront.
Mais le plus important sera qu’ils n’activent plus les hostilités entre eux et qu’au niveau de la base, leurs militants et responsables puissent développer des partenariats de proximité au moment, notamment des élections communales où les alliances sont fonction des affinités et des réalités locales.
Moussa SOW – 24 février 2005