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L’un des évènements phare en cette date anniversaire de la révolution de mars 1991 était certainement le premier congrès ordinaire du parti Bara, tenu le samedi dernier à son siège à Quinzambougou. Cela à cause de son statut de première formation politique à afficher clairement ses ambitions de s’opposer au président de la République Amadou Toumani Touré qui depuis son élection en 2002 a pu s’entourer de la sympathie de la majorité des partis politiques.

Un unanimisme qui est diversement interprêté par les acteurs et les observateurs politiques. Le 7 novembre 2002, lors de son troisième anniversaire, le Bara a affiché clairement son statut de parti d’opposition extra-parlementaire. Mais une opposition constructive, responsable et indépendante. Il ne pouvait que mettre à profit son congrès ordinaire pour porter un regard critique sur cet unanimisme.

Dans un discours d’orientation de 15 pages, le professeur Yoro Diakité a passé au peigne fin la situation socio-politique actuelle du pays. Pour le président du Bara, le 26 mars était l’expression de l’unique désir du peuple malien de vivre digne et libre.

Cependant  » cette victoire fut récupérée par la bourgeoisie d’Etat en développement, préoccupée plus par l’intégration du Mali dans l’économie mondiale libérale, que de mettre en œuvre une politique de développement endogène de notre pays « .C’est pourquoi, il dira que  » le 26 mars 1991 fut une révolution politique et non sociale « .
La situation dans laquelle se trouve actuellement cette victoire politique n’est pas réconfortante pour le Bara.

En effet,  » l’absorption totale de l’Assemblée nationale par l’Etat réduit considérablement l’espace politique de débats, du reste occupé par la toute-puissance de l’Etat lui-même « . Ce qui, pour le président du Bara, ne va pas empêcher son parti de dénoncer et de combattre le consensus politique qui est nuisible et dangereux à terme pour la démocratie. Le Bara est aujourd’hui fier d’avoir, de façon honorable contribué au rayonnement de notre démocratie. Mais il dénonce le consensus comme étant un recul pour cette démocratie.

 » L’unanimisme n’est pas la démocratie  » explique le professeur. Cependant, ses partisans le justifient par la paix sociale, le fonctionnement régulier des institutions, la tenue régulière des élections ou encore la personnalité d’ATT. Mais pour le Bara ATT est entré dans la politique  » comme un éléphant dans un magasin de porcelaine, en brisant la classe politique ». Il n’est plus au-dessus de la mêlée et il doit se soumettre aux critiques de tout le peuple.

Le consensus, pour le Bara n’est pas sans conséquence. Il expose le peuple au risque de mépris de ses revendications par l’Etat qui a déjà le soutien de la classe politique, favorise la corruption, l’enrichissement individuel, le gaspillage. Aussi le Bara s’insurge contre l’augmentation des indemnités des députés, la privatisation sauvage, le recrutement d’un entraîneur à 13 millions de FCFA par mois alors qu’au même moment la pauvreté s’aggrave, la famine s’accentue, l’école se meurt, la santé demeure précaire.

A l’issue des travaux, le Bara s’est doté d’un nouveau bureau politique de 31 membres dont quatre femmes. Il est dirigé par le professeur Yoro Diakité. Les postes de 1er et 2ème vice -président sont occupés respectivement par Inza Coulibaly et Mamadou Sory Coulibaly.

Youssouf Camara

29 Mars 2005